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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Gauchez, Léon: Rue trompette,N° 6 à Saint-Germain-en-Laye, XIII
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0289

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RUE TROMPETTE, N° 6

à Saint-Germain-en-Laye1

(suite)

XIII

L’infortuné artiste avait dédié en ces termes à sa chère compagne un autre de ses carnets :

A ma bonne Louise, souvenir de notre voyage et de notre séjour en Angleterre et en
Bretagne, pendant la guerre et les événements de iSjo-iS'yi. — Souvenir aussi des bons soins
qu’elle ma prodigués, de son désintéressement et de son dévouement.

q novembre 1872.

F. Bony in.

Ce carnet est des plus curieux. Il débute ainsi :

« Arrivé à Londres, le 8 novembre 1870. »

Puis viennent deux décomptes de ventes de tableaux, d’aquarelles et d’eaux-fortes; et, à leur
suite, une série de petites aquarelles exécutées les unes à Dinan, les autres à Londres : l’indis-
crète, des natures mortes, un paysage avec vaches, d’après Cuyp, une sortie de parc de Londres,
des croquis de maisons anglaises, quelques coups de crayon, d’après un Watteau et d'après le
Rembrandt de la collection La Caze, au Louvre, etc.

Enfin ces notes écrites au jour le jour :

4 Janvier 1871. — Je suis parti de Saint-Germain le 27 août 1870, et je suis arrivé le lendemain matin à
neuf heures, à Dinan (Côtes-du-Nord), chez mon ami Richard, médecin en chef de l’Asile des aliénés des Frères Saint-
Jean-de-Dieu.

Après quinze jours d’hospitalité, je m’installai tant bien que mal, plus mal que bien, chez un charron aubergiste
nommé Lelyannais, où je fis quelques tableaux-études, en donnant quelques leçons, qui me permirent de remettre au
pair la petite somme que j’emportai de Saint-Germain (800 francs). Je me créai quelques relations amicales : MM. Even,
père et fils, l’un sous-préfet, l’autre avoué à Dinan; Léonce Petit, charmant et spirituel dessinateur et peintre; Sir
Dickenson et une partie de sa famille. Je renouvelai connaissance avec les Guinan, de Saint-Brieuc dont je revis le port
et les rochers avec une vive émotion, me reportant à seize ans de là, au bon temps de ma jeunesse, de mes études, de
mes amours et de la paix dont jouissait alors la malheureuse France!

Que sont devenus, hélas! mes amours, mes études, et la paix!

J’ai quitté Dinan le 7 novembre 1870, et, le soir du même jour, je me suis embarqué à Saint-Malo pour
Southampton.

Adieu! cher pays; adieu, chère France! adieu, mes amis!

Quand nous reverrons-nous? Jamais, peut-être!

Après seize heures de traversée et cinq heures de chemin de fer, me voici à Londres, où j’étrenne un brouillard
exceptionnel. Diable! ce n’est pas gai! — On m’avait prévenu; mais pas assez. — Le lendemain, je rends visite à mon
ami Legros, peintre français, marié ici depuis dix ans. Bonne réception et bonne nouvelle; beaucoup de peintres

1. Voir l'Art, i3' année, tome I", pages 49, 80, 93 et 109, et tome II, page 22S, et 14* année, tome I"r, page 249, et tome II, pages 41

et 61.

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