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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Naquet, Félix: Salon de 1890: aquarelles, pastels, dessins, etc.
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0292

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SALON DE 189 0'

(suite)

AQUARELLES, PASTELS, DESSINS, ETC.

n quatrain connu dans les ateliers définit et caractérise les diffi-
cultés et les mérites comparés de « la peinture à l’huile » et de
ce la peinture à l'eau ». La vérité est que, là pas plus qu’ailleurs,
il ne saurait être sérieusement question d’une classification, par
ordre de valeur, des différents genres. L’aquarelle, par exemple,
en servant de moyen d’expression à M. Gustave Moreau, ne lui
a-t-elle pas permis d’étaler les richesses infinies, les innombrables
complications d’un art merveilleusement savant et subtil, analogue à
ce que la magique Renaissance a pu, avec les Mantegna et les Vinci,
produire de plus puissant et de plus raffiné ? Qu'il nous suffise de rap-
peler le souvenir de ces incomparables poèmes de la couleur, la Péri,
Phaéton, et tant d’autres, où se traduisent, avec un ineffable éclat, les
rêves d’une des plus rares imaginations qui furent jamais.

C’est précisément à la manière de M. Moreau que font un peu
penser les deux aquarelles de M. Courselles-Dumont : Fantaisie et
Salomé. Cette dernière surtout nous paraît remarquable. Nous sommes
transportés dans un palais de Judée, devant un opulent et précieux décor,
où la pierre est sculptée en végétations fantastiques, en têtes d’éléphant reproduisant symétri-
quement les formes les plus imposantes de la faune asiatique. Trépied, brûle-parfums, colonnes
basses, lampe, pavimentum très orné, dieux de métal, ( reflets du lapis et du jade, des plus
exquises substances minérales, harpe égyptienne posée à terre, tapis aux multiples nuances, voilà
de quoi évoquer à nos yeux l’Orient que Philostrate décrit dans sa Vie d’Apollonius de Tyane ;
historiquement, cela est ingénieux et vrai, car la Syrie, au temps des Asmonéens comme à
l’époque de Domna, était sûrement pénétrée par bien des infiltrations persanes, indiennes, peut-
être chinoises. Au plafond, des guirlandes de feuillages pareilles à celles qui ornent, aux jours
de la fête de Soukkoth, les réduits des synagogues. Un sphinx veille au-dessus de la porte qui,
au bas de quelques degrés, conduit vers on ne sait quels mystérieux hypogées. Salomé, demi-nue,
exhibant son corps d’insidieuse courtisane, —- cette Salomé dont le nom maudit devait, plusieurs
siècles après, être pour Chrysostome un moyen oratoire de flétrir et de punir l’astucieuse
Byzantine Eudoxie, ■—- s’appuie à la muraille, en proie à une extatique terreur; la tête de saint

i. Voir l’Art, 16” année, tome l", pages 166, 177, 189, 209 et 229.
 
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