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NOTRE BIBLIOTHEQUE.
l’auteur l’objet de soins tout particuliers, tant les sujets
traités et la manière dont ils sont traités vous tiennent de
plus en plus sous le charme, tout en vous instruisant sérieu-
sement.
Le volume s’ouvre par Y Histoire de Cattaro ; elle
occupe deux chapitres, les vingt-deuxième et vingt-troi-
sième de l’ouvrage; la description du Dôme ou cathédrale
de Saint-Trifone ne comprend pas moins de douze pages
et est accompagnée de fort bons dessins dont le Tabernacle
donne une excellente idée.
« Visiter Cattaro et ne pas aller à Cettigne serait impar-
donnable, surtout maintenant qu’une route y conduit et
que l’excursion est tout aussi aisée que la traversée du
Simplon. » Ainsi s’ex-
prime M. Jackson, et le
récit, plein d’observations
sagaces, qu’il nous fait de
sa visite à la plus humble
des capitales de l’Europe,
justifie complètement sa
réflexion.
Notre auteur traite en-
suite du Quarnero et, à
propos du Dôme d’Ossero,
il ne manque pas de signa-
ler, comme exceptionnel-
lement remarquable, une
des pièces du trésor, une
monstrance qui en est la
perle et qui justifie plus
que toute autre chose une
visite à Ossero.
Cette monstrance est
en argent, en partie doré,
et enrichi d’un superbe
émail bleu foncé qui con-
stitue un champ d’une
grande magnificence sur
lequel on a tracé un dessin
compliqué d’entrelacs et
de feuillages; puis, des
rayons semés de quelques
étoiles, ou encore la pour-
suite de lièvres et de lapins
par des chiens. La base
originale a malheureuse-
ment été perdue et est
remplacée par un pied en
argent repoussé d’une ex-
trême pauvreté.
A Veglia, dans l’île de
ce nom, autre Dôme très
curieux où se voit un pré-
cieux parement d’autel en
argent doré dont l’ornementation est d’une très belle exé-
cution, bien supérieure aux figures en général d’aspect
assez grotesque, témoin le saint Georges que M. Jackson
a reproduit à part après nous avoir donné un dessin d’en-
semble de cet important spécimen de l’art de l’orfèvrerie
au xve siècle.
Plus loin, lorsqu’il arrive à Segna, le savant voyageur
retrace les sanglants et criminels exploits des Uscoques
jusqu’à leur dispersion en 1618.
Je ne vous recommande pas moins les pages qui dé-
crivent le Dôme d’Arbe et les richesses artistiques de son
trésor, — émaux champlevés et pièces d’orfèvrerie, et spé-
cialement le coffret contenant la fameuse relique de la tête
de saint Christophe. Une autre église d’Arbe, San Gio-
vanni Battista, est plus digne d’attention encore que le
Dôme; M. Jackson met également en lumière tout ce que
les églises de Sant’ Andrea et de Santa Giustina offrent
d’intéressant pour le Curieux, l’artiste ou l’archéologue ;
i! apporte la même conscience, qui est au plus haut degré
la caractéristique de son talent, à peindre la situation si
pittoresquement séduisante d’Arbe et, tout en ne s’écartant
pas un instant de la plus scrupuleuse vérité, — on le sent
à chaque mot, — il vous charme au point de vous donner
le désir de suivre son exemple et d’entreprendre un voyage
si riche en attractions inconnues, en sites superbes, en
mœurs étrangères à tout 1e' reste de l’Europe.
VII
L ’lstrie et son Histoire
forment un chapitre qui
fournit à l’auteur une nou-
velle occasion de donner
libre carrière à la sûreté,
à la variété de son savoir,
qui a de plus le rare mé-
rite d’éviter constamment
le pédantisme.
Si l’espace ne m’était
pas mesuré, je tiendrais à
vous dire comment il nous
initie aux nombreuses re-
liques architecturales ro-
maines de Pola, et com-
ment dans la cathédrale,
— le Dôme, — del’istrienne
cité de Parenzo, il re-
trouve à chaque pas l’art
de l’école byzantine con-
temporaine de l’époque
justinienne des célèbres
édifices de Ravenne et de
Constantinople. Les des-
sins de diverses parties de
ce Dôme sont de précieux
documents à l’appui. Après
Parenzo, Trieste et ses
environs. Tout le vingt-
troisième chapitre leur ap-
partient; il est d’un intérêt
capital pour quiconque
voit plus loin que ^pré-
sent quotidien. Ultalia
irredenta n’est pas une
vaine expression pour le
penseur sérieux que
n’éblouissent point les
alliances ■ boiteuses, et qui
en suppute la factice durée. M. Jackson est de ceux-là,
lui qui termine ainsi son historique de l’Istrie : From
varions rcasons, and perhaps in conséquence of the policy
of the Austrian government, which seems as anxious
to repress the Slavs in Istria as to encourage them in
Dalmatia, the Slavonie element is declining; but the
resuit is not that Germani^ing of the province which the
Austrians naturally desire to effect, but the increase
of the Italian element both in numbers and in influence
throughout Istria, to an extent that lias not failed to
encourage the hopes of those ardent Italians wlio clamour
for « ltalia irredenta » and remind us that the Adriatic
was once an ltalian lake. What the future of Istria may
be it ipould be rash to speculate ; but there are sober poli-
Tabernacle du Dôme de Cattaro.
Dessin de T. G. Jackson.
NOTRE BIBLIOTHEQUE.
l’auteur l’objet de soins tout particuliers, tant les sujets
traités et la manière dont ils sont traités vous tiennent de
plus en plus sous le charme, tout en vous instruisant sérieu-
sement.
Le volume s’ouvre par Y Histoire de Cattaro ; elle
occupe deux chapitres, les vingt-deuxième et vingt-troi-
sième de l’ouvrage; la description du Dôme ou cathédrale
de Saint-Trifone ne comprend pas moins de douze pages
et est accompagnée de fort bons dessins dont le Tabernacle
donne une excellente idée.
« Visiter Cattaro et ne pas aller à Cettigne serait impar-
donnable, surtout maintenant qu’une route y conduit et
que l’excursion est tout aussi aisée que la traversée du
Simplon. » Ainsi s’ex-
prime M. Jackson, et le
récit, plein d’observations
sagaces, qu’il nous fait de
sa visite à la plus humble
des capitales de l’Europe,
justifie complètement sa
réflexion.
Notre auteur traite en-
suite du Quarnero et, à
propos du Dôme d’Ossero,
il ne manque pas de signa-
ler, comme exceptionnel-
lement remarquable, une
des pièces du trésor, une
monstrance qui en est la
perle et qui justifie plus
que toute autre chose une
visite à Ossero.
Cette monstrance est
en argent, en partie doré,
et enrichi d’un superbe
émail bleu foncé qui con-
stitue un champ d’une
grande magnificence sur
lequel on a tracé un dessin
compliqué d’entrelacs et
de feuillages; puis, des
rayons semés de quelques
étoiles, ou encore la pour-
suite de lièvres et de lapins
par des chiens. La base
originale a malheureuse-
ment été perdue et est
remplacée par un pied en
argent repoussé d’une ex-
trême pauvreté.
A Veglia, dans l’île de
ce nom, autre Dôme très
curieux où se voit un pré-
cieux parement d’autel en
argent doré dont l’ornementation est d’une très belle exé-
cution, bien supérieure aux figures en général d’aspect
assez grotesque, témoin le saint Georges que M. Jackson
a reproduit à part après nous avoir donné un dessin d’en-
semble de cet important spécimen de l’art de l’orfèvrerie
au xve siècle.
Plus loin, lorsqu’il arrive à Segna, le savant voyageur
retrace les sanglants et criminels exploits des Uscoques
jusqu’à leur dispersion en 1618.
Je ne vous recommande pas moins les pages qui dé-
crivent le Dôme d’Arbe et les richesses artistiques de son
trésor, — émaux champlevés et pièces d’orfèvrerie, et spé-
cialement le coffret contenant la fameuse relique de la tête
de saint Christophe. Une autre église d’Arbe, San Gio-
vanni Battista, est plus digne d’attention encore que le
Dôme; M. Jackson met également en lumière tout ce que
les églises de Sant’ Andrea et de Santa Giustina offrent
d’intéressant pour le Curieux, l’artiste ou l’archéologue ;
i! apporte la même conscience, qui est au plus haut degré
la caractéristique de son talent, à peindre la situation si
pittoresquement séduisante d’Arbe et, tout en ne s’écartant
pas un instant de la plus scrupuleuse vérité, — on le sent
à chaque mot, — il vous charme au point de vous donner
le désir de suivre son exemple et d’entreprendre un voyage
si riche en attractions inconnues, en sites superbes, en
mœurs étrangères à tout 1e' reste de l’Europe.
VII
L ’lstrie et son Histoire
forment un chapitre qui
fournit à l’auteur une nou-
velle occasion de donner
libre carrière à la sûreté,
à la variété de son savoir,
qui a de plus le rare mé-
rite d’éviter constamment
le pédantisme.
Si l’espace ne m’était
pas mesuré, je tiendrais à
vous dire comment il nous
initie aux nombreuses re-
liques architecturales ro-
maines de Pola, et com-
ment dans la cathédrale,
— le Dôme, — del’istrienne
cité de Parenzo, il re-
trouve à chaque pas l’art
de l’école byzantine con-
temporaine de l’époque
justinienne des célèbres
édifices de Ravenne et de
Constantinople. Les des-
sins de diverses parties de
ce Dôme sont de précieux
documents à l’appui. Après
Parenzo, Trieste et ses
environs. Tout le vingt-
troisième chapitre leur ap-
partient; il est d’un intérêt
capital pour quiconque
voit plus loin que ^pré-
sent quotidien. Ultalia
irredenta n’est pas une
vaine expression pour le
penseur sérieux que
n’éblouissent point les
alliances ■ boiteuses, et qui
en suppute la factice durée. M. Jackson est de ceux-là,
lui qui termine ainsi son historique de l’Istrie : From
varions rcasons, and perhaps in conséquence of the policy
of the Austrian government, which seems as anxious
to repress the Slavs in Istria as to encourage them in
Dalmatia, the Slavonie element is declining; but the
resuit is not that Germani^ing of the province which the
Austrians naturally desire to effect, but the increase
of the Italian element both in numbers and in influence
throughout Istria, to an extent that lias not failed to
encourage the hopes of those ardent Italians wlio clamour
for « ltalia irredenta » and remind us that the Adriatic
was once an ltalian lake. What the future of Istria may
be it ipould be rash to speculate ; but there are sober poli-
Tabernacle du Dôme de Cattaro.
Dessin de T. G. Jackson.