NOTRE BIBLIOTHEQUE.
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immense. Nous croyons que M. Lhomme a sagement agi
en ne faisant entrer, dans son ouvrage, aucun de nos con-
temporains. La chaire sacrée, de nos jours, a eu, incon-
testablement, des hommes d’un talent rare, mais ce livre
est réservé aux classiques, et on ne devient véritablement
un classique que quand on est mort.
L’entreprise de M. Lhomme mérite tous les éloges et
tous les encouragements. Elle a débuté par un grand
succès. Une réussite égale attend son second volume.
Souhaitons qu’il soit promptement suivi de beaucoup
d’autres. De pareilles tentatives peuvent et doivent avoir
les effets les plus heureux, en propageant et en facilitant
dans tous les milieux la meilleure et la plus saine culture
intellectuelle.
,E. Chaveliek.
DXXIX
La France moderne. Journal d’un lycéen de quatorze ans
pendant le Siège de Paris (1870-1871), par Edmond
Deschaumes. Ouvrage illustré de vingt gravures hors
texte inédites par Eijg. Courboin, et d’une carte du Siège
de Paris. In-8° de iv-397 pages. Paris, Firmin-Didot
et Cie, imprimeurs de l’Institut, 56, rue Jacob. 1890.
Ceci est un livre qui honore et son auteur et ses édi-
teurs, qui l’ont paré de leurs meilleurs soins. Les préfaces
ont, en général, le talent de m’inquiéter, tant elles m’ont
fréquemment promis infiniment plus que ne tient le livre
auquel elles nous initient ; cette fois, je suis enchanté
de me trouver en présence d'une exception telle que je
Les Chiens danois aux avant-postes.
(Gravure extraite de : la France moderne. Journal d'un lycéen de quatorze ans pendant le Siège de Paris.)
n’hésite pas à reproduire ici une partie de ces pages expli-
catives ; elles recommandent l'ouvrage de M. Edmond
Deschaumes mieux que tout ce que l’on pourrait ajouter
à ce que l’auteur intitule : Préface pour les Parents de mes
jeunes lecteurs :
« En 1870, la génération à laquelle j’appartiens était
trop jeune pour porter les armes, mais elle était déjà assez
avancée pour comprendre la gravité des événements et
pour en souffrir.
« Je pris l’habitude alors, entre deux classes, ou, le
soir, à la veillée de famille, de consigner sur quelques
cahiers les sensations que nous avons éprouvées au lycée
pendant ces mois de douleur, et de retracer quelques-uns
des événements dont nous fûmes témoins. Ces cahiers
forment la charpente de cet ouvrage. J’aurais pu les publier
tels quels, en priant mes lecteurs d’excuser la jeunesse de
l’auteur. J’ai pensé qu’il était utile de faire davantage et
de corser mon récit des témoignages, des documents, des
notes qui pouvaient le compléter et assurer son exactitude,
tout en laissant aux impressions reçues et analysées leur
absolue sincérité. C’est ce travail, ainsi ramassé, que
j’offre à mes petits camarades et que je soumets à l’atten-
tion de leurs parents.
« Si courte que soit cette préface, elle vous dira que
ce livre, malgré ses coins de tristesse, a aussi sa consola-
tion, ses pages qu’un petit Français lira avec fierté, avec
bonheur, car elles sont l’écho des actes de vaillance et de
courage, qui prouvent que, sous les coups les plus
effroyables, l’amour de la patrie a toujours été chez nous
aussi vif qu’à nos plus beaux jours de succès et de gloire.
« Si courte qu’elle soit, elle vous dira que l’enfant qui
sort de l’école pour franchir la porte de la caserne doit
connaître les épisodes du grand drame militaire dont nous
portons en nous le tragique souvenir, y chercher le secret
des victoires prussiennes et des défaites françaises, et faire,
au récit des actions guerrières, l’apprentissage des vertus
nécessaires, non au soldat ambitieux des plus hautes
récompenses, mais au combattant appelé à défendre la
maison de famille, le champ labouré par les ancêtres, le
sol menacé de la patrie.
« Vous qui savez de combien d’alarmes et d'angoisses
se paient la présence et la joie des enfants au foyer, n’ou-
bliez pas que ces petits êtres chéris, à qui vous avez fait le
présent hasardeux de la vie, doivent être forts pour être
heureux. Et, puisque ce livre est appelé à entrer dans les
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immense. Nous croyons que M. Lhomme a sagement agi
en ne faisant entrer, dans son ouvrage, aucun de nos con-
temporains. La chaire sacrée, de nos jours, a eu, incon-
testablement, des hommes d’un talent rare, mais ce livre
est réservé aux classiques, et on ne devient véritablement
un classique que quand on est mort.
L’entreprise de M. Lhomme mérite tous les éloges et
tous les encouragements. Elle a débuté par un grand
succès. Une réussite égale attend son second volume.
Souhaitons qu’il soit promptement suivi de beaucoup
d’autres. De pareilles tentatives peuvent et doivent avoir
les effets les plus heureux, en propageant et en facilitant
dans tous les milieux la meilleure et la plus saine culture
intellectuelle.
,E. Chaveliek.
DXXIX
La France moderne. Journal d’un lycéen de quatorze ans
pendant le Siège de Paris (1870-1871), par Edmond
Deschaumes. Ouvrage illustré de vingt gravures hors
texte inédites par Eijg. Courboin, et d’une carte du Siège
de Paris. In-8° de iv-397 pages. Paris, Firmin-Didot
et Cie, imprimeurs de l’Institut, 56, rue Jacob. 1890.
Ceci est un livre qui honore et son auteur et ses édi-
teurs, qui l’ont paré de leurs meilleurs soins. Les préfaces
ont, en général, le talent de m’inquiéter, tant elles m’ont
fréquemment promis infiniment plus que ne tient le livre
auquel elles nous initient ; cette fois, je suis enchanté
de me trouver en présence d'une exception telle que je
Les Chiens danois aux avant-postes.
(Gravure extraite de : la France moderne. Journal d'un lycéen de quatorze ans pendant le Siège de Paris.)
n’hésite pas à reproduire ici une partie de ces pages expli-
catives ; elles recommandent l'ouvrage de M. Edmond
Deschaumes mieux que tout ce que l’on pourrait ajouter
à ce que l’auteur intitule : Préface pour les Parents de mes
jeunes lecteurs :
« En 1870, la génération à laquelle j’appartiens était
trop jeune pour porter les armes, mais elle était déjà assez
avancée pour comprendre la gravité des événements et
pour en souffrir.
« Je pris l’habitude alors, entre deux classes, ou, le
soir, à la veillée de famille, de consigner sur quelques
cahiers les sensations que nous avons éprouvées au lycée
pendant ces mois de douleur, et de retracer quelques-uns
des événements dont nous fûmes témoins. Ces cahiers
forment la charpente de cet ouvrage. J’aurais pu les publier
tels quels, en priant mes lecteurs d’excuser la jeunesse de
l’auteur. J’ai pensé qu’il était utile de faire davantage et
de corser mon récit des témoignages, des documents, des
notes qui pouvaient le compléter et assurer son exactitude,
tout en laissant aux impressions reçues et analysées leur
absolue sincérité. C’est ce travail, ainsi ramassé, que
j’offre à mes petits camarades et que je soumets à l’atten-
tion de leurs parents.
« Si courte que soit cette préface, elle vous dira que
ce livre, malgré ses coins de tristesse, a aussi sa consola-
tion, ses pages qu’un petit Français lira avec fierté, avec
bonheur, car elles sont l’écho des actes de vaillance et de
courage, qui prouvent que, sous les coups les plus
effroyables, l’amour de la patrie a toujours été chez nous
aussi vif qu’à nos plus beaux jours de succès et de gloire.
« Si courte qu’elle soit, elle vous dira que l’enfant qui
sort de l’école pour franchir la porte de la caserne doit
connaître les épisodes du grand drame militaire dont nous
portons en nous le tragique souvenir, y chercher le secret
des victoires prussiennes et des défaites françaises, et faire,
au récit des actions guerrières, l’apprentissage des vertus
nécessaires, non au soldat ambitieux des plus hautes
récompenses, mais au combattant appelé à défendre la
maison de famille, le champ labouré par les ancêtres, le
sol menacé de la patrie.
« Vous qui savez de combien d’alarmes et d'angoisses
se paient la présence et la joie des enfants au foyer, n’ou-
bliez pas que ces petits êtres chéris, à qui vous avez fait le
présent hasardeux de la vie, doivent être forts pour être
heureux. Et, puisque ce livre est appelé à entrer dans les