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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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3 2

L'ART

l’ignorant le plus endurci se meublerait promptement
l’esprit des connaissances les plus variées, tant M. Daller
a réussi à mettre l’histoire de notre globe à la portée de
tous ; nul ne commencera à lire notre auteur sans vouloir
achever son bel et bon livre, ni sans désirer ensuite le
relire et se promettre de le consulter fréquemment. Est-il
plus enviable succès ?

Et ce n’est pas seulement un des meilleurs livres de la
saison et de toute saison, c’est encore un album d’illus-
trations semées à profusion, de manière à ornementer
presque chaque page de documents graphiques qui ajou-
tent encore à la clarté du texte ; l’intérêt de ces gravures
est tel, que n’eût-on fait que parcourir le livre du regard,
on est irrésistiblement poussé à se mettre immédiatement
à dévorer le volume. Après avoir commencé à amuser en
vous instruisant, il vous apprendra à réfléchir, à méditer,
à vous enflammer même pour ces tableaux de la nature

auxquels vous n’accordiez guère auparavant que l’attention
la plus distraite, et vous vous féliciterez et pour vous-même
et pour tous ceux qui vous sont chers, d’avoir enrichi votre
bibliothèque d’un fort économique compagnon dont les
fécondes leçons seront la joie de votre foyer.

Les écoles, l’atelier ne trouveront pas moins d’avantages
que le home à se procurer un des plus excellents ouvrages
de vulgarisation qui aient jamais été publiés.

Alexandre de Latour.

DXXXV

Albert Hüe. Calvaire d'amour, avec le portrait de l’au-
teur et 42 dessins à la plume, par Coll-Toc. Un volume
in-18 de 245 pages. Paris, Auguste Ghio, éditeur, Gale-
rie d’Orléans, Palais-Royal.

Forêt de sapins en Russie.
(Gravure extraite de : le Centenaire de la science.)

Ce poème, assurément, a été vécu (comme on dit sou-
vent aujourd’hui en assez mauvais français). C’est surtout
par le cœur que l’auteur appartient au groupe des vrais
poètes. Ses strophes ont fréquemment le charme des
choses sur lesquelles la réalité a laissé son empreinte.
L’histoire des amoureux est toujours à peu près la même.
Chacun, à son tour, parcourt le même chemin, s’arrête
aux mêmes étapes. Lorsque l’un d’entre nous, plus puis-
sant et mieux doué, a le talent de raconter cette histoire
très vieille, et, en somme, assez triste, nous avons plaisir
à suivre sa musique, qui évoque notre passé et réveille nos
propres souvenirs.

Ce qui est intéressant dans l’œuvre de M. Hüe, c’est
le ton essentiellement moderne de sa poésie. Ces vers
portent le caractère du temps qui les a vus naître. C’est
bien un de nos contemporains dont nous pouvons étudier
ici l’àme raffinée, tourmentée, rêveuse, s’exhalant tantôt
en apostrophes d’une émotion exaltée, tantôt en railleries
d’une amère et violente ironie. De même que la critique

historique rencontre aujourd hui de précieuses indica-
tions sur la vie romaine dans les vers que l’Élégiaque
latin a consacrés à sa Délie, de même quelque futur histo-
rien littéraire recueillera dans les stances de M. Hüe bien
des traits significatifs qui pourront l’aider à tracer le tableau
de nos mœurs.

L’auteur du Calvaire d'amour est, évidemment, un
lettré et un artiste. Cependant sa facture, parfois très soi-
gnée, n’est pas toujours irréprochable. La pièce intitulée :
Au Calvaire, écrite en alexandrins, débute par ce vers :

Comme le Christ j’ai porté ma lourde croix,

qui a bien l’air de n’avoir que onze pieds au lieu des douze
réglementaires. Mais il y aurait du pédantisme à chercher
de menues querelles à un enthousiaste « encore jeune »
(c’est lui-même qui nous l’apprend), et qui ailleurs montre
un soin plus délicat du rythme et de la prosodie.

E. Chavelier.
 
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