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L'ART.
L’introduction et les notes sont de M. Ferdinand Bru-
netière. Personne, on le sait, n’est plus compe'tent pour
tout ce qui concerne le xvne siècle. Nul n’est plus versé
dans la connaissance des textes, nul ne les a plus appro-
fondis au double point de vue philologique et littéraire.
La critique de M. Brunetière est, sans aucun doute, celle
de l’humaniste, mais c’est aussi celle de l’érudit. Son sen-
timent critique est à la fois solide et fin. Pour juger et
caractériser Boileau, en tête d’une édition monumentale et
définitive, aucun autre de nos maîtres n’était plus naturel-
lement désigné.
Le texte même de Boileau a été arrêté avec des soins
minutieux, avec l’aide de tous les secours de la critique la
plus ingénieuse et la mieux informée. Cette édition, à ce
point de vue, marquera une date importante. On ne pourra,
dans les cas embarrassants ou douteux, mieux faire que de
s’y référer.
En somme, la maison Hachette a été bien inspirée en
choisissant Boileau pour lui accorder les honneurs royaux
de cette édition admirable. On a pu, à l’époque romantique,
essayer de railler Boileau ; il a survécu aux attaques des
mauvais plaisants. Combien de ses vers, selon la remarque
de M. Brunetière, sont devenus proverbes ! Est-il un autre
grand écrivain qui représente avec plus de force certains
côtés de l’esprit français, la mesure, la justesse, le bon
sens relevé d’esprit, la logique des idées et du style, la
La Rue'Neuve méritait bien son nom.
(Gravure extraite de : la Journée d’un Écolier au Moyen-Age.)
clarté de l’expression Nous nous associerons, pour notre
part, avec plaisir, à tout ce qui sera tenté pour restaurer
ou maintenir le prestige de cette très imposante figure
littéraire.
Que dire de la partie iconographique, qui ne comprend
que des planches tirées hors texte ? Parmi ces planches, il
en est une, chef-d’œuvre de poésie, merveille d’exécution
qui, à elle seule, assurerait le succès du livre dans le
monde des amateurs d’art. Nous voulons parler de la déli-
cieuse composition de Français, gravée par Chauvel avec
une exquise finesse de sentiment. C’est un morceau de la
plus rare saveur. Le peintre y a mis tout son style. Le
graveur, l’interprétant magistralement, l’a complété, grâce
à ce sens extraordinaire de coloriste qui prête à tout ce
qui sort de ses mains un si ferme et si haut caractère
artistique.
Guillaume de Schlegel, dans la préface latine de son
édition de la Baghavat-Gita, appelait Paris « la ville reine
de la typographie ». Cet éloge semble justifié quand on
voit le Boileau de la maison Hachette ; il demeurera pour
l’avenir comme un spécimen accompli de ce que peut être,
aujourd’hui, une édition mise sur pied avec les multiples
ressources modernes.
★
* *
On sait combien fut rapide et décisive la réussite litté-
raire d’Edmond About. Tolla, récit d’une vivacité incom-
parable, contribua, autant que la Grèce contemporaine, et
L'ART.
L’introduction et les notes sont de M. Ferdinand Bru-
netière. Personne, on le sait, n’est plus compe'tent pour
tout ce qui concerne le xvne siècle. Nul n’est plus versé
dans la connaissance des textes, nul ne les a plus appro-
fondis au double point de vue philologique et littéraire.
La critique de M. Brunetière est, sans aucun doute, celle
de l’humaniste, mais c’est aussi celle de l’érudit. Son sen-
timent critique est à la fois solide et fin. Pour juger et
caractériser Boileau, en tête d’une édition monumentale et
définitive, aucun autre de nos maîtres n’était plus naturel-
lement désigné.
Le texte même de Boileau a été arrêté avec des soins
minutieux, avec l’aide de tous les secours de la critique la
plus ingénieuse et la mieux informée. Cette édition, à ce
point de vue, marquera une date importante. On ne pourra,
dans les cas embarrassants ou douteux, mieux faire que de
s’y référer.
En somme, la maison Hachette a été bien inspirée en
choisissant Boileau pour lui accorder les honneurs royaux
de cette édition admirable. On a pu, à l’époque romantique,
essayer de railler Boileau ; il a survécu aux attaques des
mauvais plaisants. Combien de ses vers, selon la remarque
de M. Brunetière, sont devenus proverbes ! Est-il un autre
grand écrivain qui représente avec plus de force certains
côtés de l’esprit français, la mesure, la justesse, le bon
sens relevé d’esprit, la logique des idées et du style, la
La Rue'Neuve méritait bien son nom.
(Gravure extraite de : la Journée d’un Écolier au Moyen-Age.)
clarté de l’expression Nous nous associerons, pour notre
part, avec plaisir, à tout ce qui sera tenté pour restaurer
ou maintenir le prestige de cette très imposante figure
littéraire.
Que dire de la partie iconographique, qui ne comprend
que des planches tirées hors texte ? Parmi ces planches, il
en est une, chef-d’œuvre de poésie, merveille d’exécution
qui, à elle seule, assurerait le succès du livre dans le
monde des amateurs d’art. Nous voulons parler de la déli-
cieuse composition de Français, gravée par Chauvel avec
une exquise finesse de sentiment. C’est un morceau de la
plus rare saveur. Le peintre y a mis tout son style. Le
graveur, l’interprétant magistralement, l’a complété, grâce
à ce sens extraordinaire de coloriste qui prête à tout ce
qui sort de ses mains un si ferme et si haut caractère
artistique.
Guillaume de Schlegel, dans la préface latine de son
édition de la Baghavat-Gita, appelait Paris « la ville reine
de la typographie ». Cet éloge semble justifié quand on
voit le Boileau de la maison Hachette ; il demeurera pour
l’avenir comme un spécimen accompli de ce que peut être,
aujourd’hui, une édition mise sur pied avec les multiples
ressources modernes.
★
* *
On sait combien fut rapide et décisive la réussite litté-
raire d’Edmond About. Tolla, récit d’une vivacité incom-
parable, contribua, autant que la Grèce contemporaine, et