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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Les mosaïques byzantines de la Sicile, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0088

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L'ART.

entre ses places et ses plaines, qui ne sont qu'un jardin. Remarquable par ses avenues spacieuses
et ses larges rues, elle éblouit par l’exquise beauté de son aspect. » En parcourant le palais
royal, l’étonnement du voyageur redouble. « Nous traversions des esplanades, des portes et des
cours appartenant au roi, où se présentaient à la vue tant de bâtiments élevés, d'amphithéâtres
en gradins, de jardins et de loges destinées aux gens de service de la cour, que nos yeux en
restèrent éblouis et nos esprits stupéfaits. Puis nous vîmes une salle bâtie dans une vaste cour
enclavée dans un jardin. Des portiques continus suivaient le pourtour de la cour, et la salle, qui
en occupait toute la longueur, avait de telles dimensions et des tourelles si hautes que nous en

fûmes éblouis. On nous apprit que c’est la salle à manger du roi et de sa compagnie. Les

palais du roi sont disposés à l’entour de Païenne, comme un collier qui orne la gorge d’une

jeune fille; en sorte que le roi, en
traversant toujours des lieux d’amuse-
ment et de délice, passe à son gré
de l’un à l’autre des jardins et des
amphithéâtres de la ville. Combien
de pavillons il y possède ! Combien
de kiosques et de belvédères! Combien
de couvents des environs cle la ville
appartiennent au roi, qui en a orné
les bâtiments et a assigné de vastes
fiefs à leurs moines ! Combien d églises
pour lesquelles il a fait fondre des
croix en or et en argent ! 1 » Et le
bon Musulman, en face de tant de
splendeurs élevées par la main des
infidèles, se console en l’espérance
que Dieu est grand et qu’il saura
quelque jour améliorer le sort de la
Sicile, la remettre dans le sein de la
foi et donner toutes ces richesses en
proie à ses fidèles serviteurs.

On voit ce qu’en moins d’un siècle
la domination normande avait fait de
la Sicile ; et le grand comte Roger
avait une vue singulièrement juste de
l’avenir lorsqu au lendemain de la
conquête il invitait ses nouveaux sujets

Le Christ Suronnant le roi Roger II.

Mosaïque de la Martorana. (xiie siècle ) —Dessin de M"° Marie Weber. cl (( ^enir Ie j O Lit heureux OU le Sei

gneur avait jeté un regard de misé-

ricorde sur les afflictions que l’Eglise de Sicile souffrait sous la domination des Sarrasins, le
jour heureux et glorieux où, pour la première fois, les Normands étaient entrés dans 1 île pour
abattre et confondre la multitude des Sarrasins et restaurer le nom chrétien, le jour où le
peuple des fidèles avait reconquis sa dignité et où le paganisme était tombé d’une chute méritée ».

Il nous faut venir maintenant aux monuments eux-mêmes et chercher ce que Palerme a
conservé de la glorieuse époque des rois normands. 11 ne saurait être question pourtant d’énu-
mérer ou d’étudier ici tous les édifices que nous a légués l'art siculo-normand du xne siècle, et
que nous avons déjà mentionnés dans ces pages. Trois d’entre eux, choisis parmi les plus illustres,
suffiront à faire connaître les aspects divers de cette civilisation : l’église de Sainte-Marie de
l’Amiral, la Chapelle palatine, le dôme de Monreale mettront sous nos yeux les ingénieuses et
multiples combinaisons qu’ont réalisées les architectes et les artistes de ce temps; elles nous

i. Journal asiatique, 1846, pages 77, 79, 80.
 
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