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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Les mosaïques byzantines de la Sicile, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0089

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LES MOSAÏQUES BYZANTINES DE LA SICILE.

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feront surtout connaître, — et ce sera l’essentiel de notre étude, — grâce à l’incomparable série
de mosaïques qui les décorent, un des plus brillants chapitres de l'histoire de l’art byzantin.

II

l'ÉGLISE DE SAINTE-MARIE DE l’aMIRAL

Parmi les grands dignitaires de la cour du roi Roger, un des plus célèbres est l’amiral
Georges d’Antioche. Grec d’origine, il
avait, comme bien d’autres de ses com-
patriotes, pris du service auprès des
princes normands ; et, par une singu-
lière fortune, c'est lui qui dirigea cette
fameuse expédition de 1147, qui plaça
pour quelque temps sous l’autorité des
rois de Sicile la Grèce presque entière,
avec Thèbes et Corinthe. Son épitaphe,
écrite en grec, vante, avec une em-
phase toute orientale, la puissance, la
valeur, la richesse du personnage, et
l’appelle pompeusement, entre autres
qualificatifs magnifiques, « astre bril-
lant du matin, merveille du monde,
lumière bienfaisante pour les chrétiens,
flamme dévorante pour les infidèles ».

Deux monuments de Palerme ont con-
servé du reste plus efficacement son
souvenir : c’est le pont de l’Amiral,
construit par lui sur l’Oreto avec le
butin rapporté de la campagne de
Grèce, et l’église de Sainte-Marie de
l'Amiral, élevée en 1143, richement
dotée en 1146, et qui est l’un des plus
curieux édifices de Palerme.

Ebn-Djobaïr, qui la visita à la fin
du xne siècle, la décrit en ces termes :

« Une des œuvtes les plus remarquables

des chrétiens que nous ayons vues à Palerme, c’est l’église qu'ils appellent de l’Antiochéen.
Entre les différentes parties de ce bâtiment, nous avons distingué une très remarquable façade,
dont nous ne saurions faire la description, et sur laquelle nous préférons nous taire, car c’est
le plus beau travail du monde. Les murailles intérieures du temple sont dorées, ou, pour mieux
dire, elles sont toute une pièce d’or. On y remarque des tables de marbre de couleur, dont on

n’a jamais vu les pareilles, qui sont relevées par des cubes de mosaïques en or et couronnées de

branches d’arbre en mosaïque verte. Des soleils en verre doré, rangés en haut, rayonnaient d’une
lumière à éblouir les yeux et jetaient dans l’esprit un tel trouble que nous implorions Dieu de

nous en préserver. Cette église a un beffroi soutenu par des colonnes en marbre et surmonté

par un dôme qui repose aussi sur d'autres colonnes. C’est une des plus merveilleuses construc-
tions qu’on puisse voir. Que Dieu, dans sa grâce et sa générosité, honore bientôt cet édifice par
les prières des croyants ! 1 »

L’église fondée par Georges d’Antioche est bien déchue aujourd’hui de sa primitive splendeur.
Annexée en 1433 au couvent de religieuses fondé par Aloisia Martorana (de là le nom d’église
de la Martorana sous lequel on la désigne fréquemment), elle fut, au xvie et au xvne siècle,

L’Amiral Georges d’Antioche aux pieds de la Vierge.
Mosaïque de la Martorana. (xii" siècle.) — Dessin de M"e Marie Weber.

1. Journal asiatique, 1846, page 81.

Tome XLVIII.
 
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