Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

DOI Artikel:
Vachon, Marius: Le mobilier à l'exposition universelle de 1889, [1]
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0096

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
84

L’ART.

de l’enseignement professionnel et du dessin, qui a été
entreprise par la République, depuis quelques années, est
l’origine de ce mouvement artistique, intense, dont les
résultats prodigieux sont évidents, dans toutes les branches
des industries d’art. Paris, aujourd’hui, n’a plus le mono-
pole du goût, de l’originalité, de la fantaisie et de la per-
fection technique ; les humbles satellites, qui jadis gravi-
taient autour de ce soleil, vivant de sa lumière et entraînés
étroitement dans son évolution, ont conquis leur liberté
et éclairent le ciel de splendeurs nouvelles. Cette concur-
rence ardente et loyale, entre Paris et la province, ne
nuira pas à l’industrie parisienne, qui, de l’impression
générale, s’est montrée en 1889 inférieure à ce qu’elle était
en 1878 et qui a besoin d’être vigoureusement aiguillonnée.
Les éléments d’une production superbe n’ont point dis-
paru. Le faubourg Saint-

Antoine compte encore des

. Q

artistes et des artisans mer-
veilleux, dont l’esprit est
plein d’invention et la main
d’une habileté féerique.

Aux œuvres que j’ai dé-
crites, doivent être ajoutées
bon nombre d’autres comme
exemples d’originalité et
d’excellente fabrication.

M. Pérot a exposé une salle
à manger, dont le buffet-
vitrine est une pièce de
haute allure, somptueuse et
sévère; M. Lemoine, un
cabinet en chêne, avec in-
crustations et ornements
d’ivoire, d’un magnifique
travail ; M. Quignon, une
bibliothèque Louis XVI,
en bois d’acajou, avec guir-
landes de roses et panneaux d’attributs à la Cauvet, d’un
goût charmant, et un cabinet Renaissance en poirier natu-
rel, de la forme la plus élégante; M. Morin, des tables
d’une facture superbe; MM. Roux et Brunet, un fort
curieux meuble commémoratif de la Révolution française,
dans lequel on aurait voulu trouver, pour son bénéfice,
plus de simplicité dans la décoration et de discrétion dans
l’entassement des matériaux. M. Danton a construit, au
centre de la galerie, un véritable édifice d’une architecture
singulièrement pittoresque, qui consiste en un immense
escalier en bois, adossé à un pavillon à jour, contenant
deux vastes salles d’exposition, au rez-de-chaussée et au
premier. La justification de cette construction étrange est

dans la démonstration de l’emploi nouveau de l’acajou
massif dans la menuiserie d’art, comme balustres, pilastres,
modillons, impostes, corniches, etc., et comme matière
pour la statuaire décorative. M. Deloye a sculpté six figures
monumentales d’un très bel effet, un génie triomphant,
placé au sommet de l’arc de la loggia; deux allégories de
la Sculpture et de la Peinture, insérées dans des œils-de-
bœuf, dans le goût de la Renaissance; deux Renommées
ailées, assises sur le départ des deux rampes d’escalier, et
un amour, juché sur l’écusson-enseigne de la maison qui
décore le balustre du palier au premier étage. Ainsi traité,
l’acajou massif a une plasticité admirable ; combiné intel-
ligemment avec le bois clair du chêne, il produit un très
bel effet de menuiserie polychrome. Evidemment, d’après
cet essai, il y a un excellent parti à tirer de cette matière

dans l’industrie du bois.

On aurait été fort inté-
ressé de trouver à l’Exposi-
tion des types originaux de
mobilier à bon marché ; cette
production d’une grande
importance au point de vue
industriel et au point de vue
social y faisait défaut. Il
semblait, par une inspection
au Palais du Champ de
Mars, qu’il n’y ait pas d’in-
termédiaire entre le meuble
de luxe et le meuble de cui-
sine. Combien il est regret-
table qu’un homme riche et
intelligent, une corporation
ou un syndicat, n’ait pas eu
l’idée, avant l’Exposition,
d’instituer un fonds pour
donner des primes à dès
mobiliers populaires, dont
le prix n’aurait pas dépassé 5oo ou 600 francs, même
1,000 francs. Cette idée eût plus contribué à la prospérité
de l’industrie française que le système des récompenses offi-
cielles attribuées à des productions superluxueuses, à des
lits de 25,ooo fr. La plupart des œuvres de cette catégorie
ne restent-elles pas généralement en magasin, l’Exposition
close ? Après quelques années d’attente et de déception
cruelles elles sont cédées à 5o 0/0 de perte, à un Musée
patient, qui en orne ses galeries, pour la plus grande
admiration platonique des visiteurs et sans grand profit
pour l’avancement de l’art.

a

Rampe d’escalier,

exécutée par Damon (ancienne maison Krieger). Sculpture de Deloye.
(Exposition Universelle de 1889.) — Dessin de Lucien Laurent-Gsell.
 
Annotationen