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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Diehl, Charles: Les mosaïques byzantines de la Sicile, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0131

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LES MOSAÏQUES BYZANTINES DE LA SICILE.

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normande, cruellement souffert des restaurations des époques postérieures. Sa façade occidentale,
la moins maltraitée, a pourtant été fort modifiée à 1 époque aragonaise ; et le grand portail, ainsi
que l’élégante fenêtre qui s’ouvre au-dessus, datent du xive siècle. Toutefois, jusqu'à la fin du
xviifi siècle, les lignes générales demeuraient intactes, quand l’architecte italien Ferdinand Fuga
infligea au monument la plus scandaleuse des restaurations. Il ouvrit ses parois latérales pour
construire quatorze chapelles, il fit disparaître la toiture en bois, qu’il remplaça par des voûtes
blanchies à la chaux, et il coiffa l’édifice d’une disgracieuse coupole qui acheva de défigurer la
splendide cathédrale bâtie par Walter of
the Mill.

Le dôme de Palerme est le dernier
grand édifice élevé à l’époque des rois nor-
mands, et l’on a vu quelle prédominance y
prenait l’architecture purement latine. C’est
qu'avec la fin du siècle, l’habile politique
inaugurée jadis par le grand comte Roger
et fidèlement suivie par ses premiers suc-
cesseurs perdait chaque jour du terrain dans
les conseils du prince. Déjà, sous le règne
de Guillaume Ier, une cruelle persécution
avait frappé les moines de Saint-Basile, et
le parti catholique et féodal, coalisé avec
le clergé latin, n’était pas moins hostile
aux Musulmans qu’à l'hellénisme. Quand le
roi Guillaume II descendit dans la tombe,
la politique de conciliation, qui avait fait la
grandeur de la Sicile au xne siècle, disparut
avec lui. Dès le commencement du xme siècle,
l’Eglise romaine interdisait aux Grecs toute
relation avec le clergé d'Orient; elle expur-
geait les bibliothèques des monastères basi-
liens, révisait la liturgie grecque, et ouvrait
une grande enquête sur les opinions du clergé orthodoxe ; en même temps les Musulmans, que
les intolérables vexations de la noblesse chrétienne et du clergé latin avaient poussés enfin à la
révolte ouverte, étaient massacrés par milliers ou déportés en Capitanate ; et si les nécessités de
sa politique amenèrent Frédéric II à chercher parmi les Grecs et les Arabes un appui contre les
barons et contre l’Église romaine, si ses goûts et son génie tout moderne lui firent reprendre avec
éclat les traditions du roi Roger, la mort du dernier des Hohenstaufen ruina pour toujoùrs le
système. La combinaison sans exemple que la Sicile avait réalisée à la fin du xie siècle a duré
une centaine d années à peine. C’est ce qui donne un intérêt de plus aux monuments si originaux
et si charmants qu a fait naître cette courte et brillante civilisation.

Ch. Diehl,

Maitre de conférences à la Faculté des lettres de Nancy.

Détail de la porte latérale du nord du dôme de Monreale. (xii° siècle.)
Dessin de MUe V. M. Herwegen.

Tome XLVIII.
 
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