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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Mannheim, Jules: L' exposition rétrospective d'objets d'art français au palais du Trocadéro, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0136

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122

L’ART.

M. Barre, sur le pied desquels on lit : Auguste F., orfèvre
du roi, à Paris, i/Sg.

Toutes ces pièces sont du vieux Paris. M. Spitzer avait
exposé cinq jolies cloches à plat, sur le sommet desquelles
sont des attributs romains et des trophées, des enfants avec
des cages, des chiens et du gibier, et qui ne sont marquées
d’aucun poinçon. M. Bapst a vu à la cour de Russie, à
Saint-Pétersbourg, un service complet analogue marqué
Turin, 1782, acheté, en 1797, au comte de Provence, plus
tard Louis XVIII, réfugié alors à Mittau, et probablement
offert à sa femme, Marie-Joséphine de Savoie, pour son
mariage, en 1777.

Pour terminer, une curiosité : une cafetière, à
M. Dongé, par Janety, de 1786, en platine, métal intro-
duit en France en 1740 seulement.

Auriez-vous, cher lecteur, la chance de posséder
quelque hôtel que vous voudriez meubler? Aimez-vous
les sinuosités du décor rocaille ou préférez-vous les profils
sévères du style Louis XVI ? Les
cartels de Boulle vous tentent-ils,
êtes-vous pris d’un faible pour les
pendules en bronze du siècle dernier ?

Choisissez, vous serez servi à sou-
hait ; ce n’est pas qu’il eût suffi,
comme l’espéraient certains visi-
teurs, d’y mettre le prix pour pouvoir
emporter, à la fin de l’Exposition,
l’objet de vos désirs, mais votre
excursion vous aura aiguisé l’appétit
et le monde du commerce, pour le-
quel ont été inventées les Exposi-
tions universelles, vous découvrira
avec joie le salon ou le boudoir que
vous aurez rêvé et vous bénira de
vous être égaré si loin de la Galerie
des Machines et de la Rue du Caire.

Est-ce un bureau qui a troublé
votre sommeil, formez-vous le goût
avec celui du Musée de Soissons,
avant sa remise à neuf, toutefois, ou
avec celui du comte Pillet-Will,
tous deux Louis XV.

Peut-être est-ce une commode, ce
meuble quelquefois si élégant, mais
le plus souvent lourd et disgracieux;
en voici deux, l’une et l’autre de la
belle époque de la commode, le
milieu du règne de Louis XV ; la
première, à M. Maillet du Boullay, à paysages et animaux
fantastiques chinois laqués or sur fond de laque noire; la
seconde, au comte L. Cahen d’Anvers, en mosaïque de
bois des Iles, représentant des cornes d’abondance à
branches fleuries et oiseaux.

Si un secrétaire vous est indispensable, l’échantillon de
M. Josse n’est pas à. dédaigner, avec sa marqueterie de
bois à vases de fleurs et volatiles; il est, de plus, contem-
porain des meubles qui précèdent, ce qui ne nuira pas à
l’harmonie de l’ensemble.

Mais on ne peut guère se passer de sièges ; sous ce rap-
port, nous avons moins de variétés à vous offrir ; la baronne
Nathaniel de Rothschild avait prêté deux fauteuils recou-
verts en tapisserie à bergeries de Beauvais, et M. Colomiès
une chaise dont la jolie soie crème à fleurs n’a malheu-
reusement plus la fraîcheur de ses jeunes années.

Comme devant de cheminée, voici deux chenets en
bronze doré, à lyres et à têtes de satyres, du temps de
Louis XVI, à M. Piot.

Quant à l’éclairage, bien que l’Exposition du luminaire

eût dressé ses torchères autre part qu’au Trocadéro, on
avait de quoi satisfaire toutes les fantaisies, les plus
coûteuses surtout; il était aisé de juger ainsi des progrès
accomplis depuis les timides chandeliers du Moyen-Age
de la collection Gay.

Le comte de Ganay avait envoyé deux élégants candé-
labres à quatre lumières, en bronze doré, supportés chacun
par deux femmes en bronze sur un socle en marbre blanc
à frise d’amours chasseurs en bronze doré.

La comtesse d’Yvon, deux autres dont la girandole en
bronze doré, à trois lumières, est tenue par une statuette
de femme.

M. Spitzer, deux aussi, .à quatre lumières, Louis XVI,
en bronze doré, et à trois femmes satyres chacun et têtes
de dromadaires.

S’il vous faut des .appliques, il y en avait quatre de
style rocaille, en bronze doré, à trois lumières, apparte-
nant à M. Panis.

Avec le cartel en cuivre et écaille,
à M. Séligmann, nous sommes loin
également de la Renaissance et de
ses modestes petites horloges de
table; c’est un spécimen de l’art du
xviie siècle, trop rare à l’Exposition,
et dont Boulle est le chef reconnu ; le
cadran est signé : Mynuel, à Paris ;
en bas, le char d’Amphitrite ; comme
couronnement, Jupiter en bronze
doré.

Du règne de Louis XV, voici un
cartel ou, mieux, une pendule en
cartel, c’est-à-dire en forme d’écu,
comme l’exigerait une correction de
langage pointilleuse, prêté par
M. Maillet du Boullay, à quadril-
lages en bois de rose, présentant,
sous le cadran signé Roisin, la Mu-
sique et, comme amortissement, un
amour en bronze doré.

Un autre genre de pendule main-
tenant, la pendule proprement dite,
telle qu’on la conçoit aujourd’hui,
c’est celle de M. Stettiner, signée
Causard, horloger du roy, en bronze
rocaille, avec une Minerve et un
Enfant musicien en porcelaine de
Saxe, qui tranchent un peu sur les
autres objets de la vitrine et font
excuser cette infraction à la règle bannissant les produits
étrangers.

Dans le même ordre d’idées, mais du style plus sérieux
de la seconde moitié du xvme siècle, citons une pendule,
à Mme la comtesse d’Yvon, en bronze doré, où nous
voyons une femme se lavant les mains, une brebis à ses
pieds.

Le marbre fait son apparition dans la pendule de
M. Spitzer, ornée d’une femme et d’un amour et d’une
frise de petits amours en bronze doré, et il est à son apo-
gée dans la pendule de M. Ch. Mannheim, composée de
deux figures d’homme et de femme, véritable chef-d’œuvre
de sculpture attribué à Falconet (1716 f 1791), pour être
de nouveau en défaveur dans l’autre pendule au même
possesseur, où la statuette debout de la Destinée et celle
de l’Amour indiquant l’heure sur le cadran tournant hori-
zontal sont en bronze à patine noire.

Nous nous sommes plaints de la rareté du Louis XIV
dans le domaine du meuble, et de la pendule; nous voici
obligés de faire entendre les mêmes lamentations en

Écran

en tapisserie des Gobelins du temps de Louis XIV,
appartenant à M. Ch. Mannheim. — Dessin de J. Hugard.
(Exposition Universelle de 1889.)

(Section rétrospective d’objets d’art français.)
 
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