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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Rocheblave, Samuel: L' œuvre gravé de Caylus: description de l'œuvre gravé de Caylus - sa valeur artistique, son sens et sa portée
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0149

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i34

L’ART.

plus un et le plus divers, le plus incohérent et le plus
imposant.

Cet œuvre rare, le voici enfin sous nos yeux. C’est le
propre exemplaire de Caylus, celui qu’il a légué au Cabinet
des estampes. Il se
présente à nous sous
la forme de quatre gros
volumes petit in-folio,
soitun total de 663 pa-
ges, chaque page con-
tenant d’ordinaire
plusieurs pièces, dont
le nombre varie de
deux à huit, et va par-
fois au delà. Le recto
seul est numéroté ; le
verso contient d’ordi-
naire les contre-épreu-
ves. En ouvrant le
premier volume, on
voit écrit à l’encre,
sur une draperie de la
première eau-forte :

« Recueil de tout ce
que j’ai gravé à l’eau-
forte ou en bois. Cay-
lus. » L’en-tête du
quatrième volume porte une mention manuscrite du
même genre.

Une première surprise nous attend : aucun ordre,
aucune suite, les mêmes séries à tout instant interrom-
pues et reprises. Rien
pour guider le curieux,
pour expliquer le dé-
veloppement du talent
de l’auteur; à peine,
çà et là, une date qui
n’éclaire rien, car la
pièce datée n’est pas à
son rang. On ne peut
objecter que les gra-
vures ont été collées
sur les feuillets au fur
et à mesure de la pro-
duction. Plusieurs sé-
ries spéciales, desti-
nées au public, ont
paru isolément : ainsi
les Monnaies impé-
riales d’or, le Recueil
des trois cents têtes,
les Caricatures de
Léonard. Ici, elles
sont versées pêle-mêle
un peu partout, distri-
buées au hasard dans
les quatre volumes, à
côté d’œuvres de beau-
coup antérieures ou
postérieures. On re-
trouve donc la négli-
gence habituelle de
Caylus pour ses exer-
cices de bravoure : ce
virtuose n’a rien du catalogueur et du collectionneur.
Il omet même assez souvent de signer ce qu’il grave.
Quand il signe, c’est d’un simple C initial, suivi d'un
point, ou de deux petits traits croisés en étoile (*). Parfois

son nom figure en compagnie d’un ami. Une admirable
planche d’après Raphaël porte la mention C■ Carolusque
Cojppel sculpserunt'. Sur une autre, se lit le nom de l’abbé
de Marolles. Tout porte la marque de l’indifférence pour

une œuvre d’impro-
visation. Tantôt il
tourne deux feuillets
pour un, et ne numé-
rote que le premier 3 ;
tantôt il écrit 460 au
lieu de q5o, et répète
les chiffres de la même
dizaine. Il annonce au
premier volume, il ré-
pète au dernier que
c’est là « tout » ce
qu’il a gravé, et nous
verrons que « tout »
n’y est pas. Décidé-
ment, c’est bien à un
amateur que nous
avons affaire, à un de
ces amateurs toujours
en quête de connais-
sances nouvelles, plu-
tôt que soigneux de
leurs richesses, et plus
avides de savoir que d’avoir3. Cette constatation faite, il
ne nous déplaît pas de pénétref dans ce fouillis, de nous
orienter dans ce dédale. Voici d’abord, sur la feuille de
garde, le portrait du comte par Cocliin le fils. Une main

amie l’y aura placé
sans doute, car on
sait qu’il n’aimait
guère à se voir en gra-
vure i. Le premier
volume s’ouvre ma-
gistralement par une
centaine de dessins
d’après les maîtres de
l’école italienne et
française, les paysages
alternant avec les scè-
nes héroïques ou les
sujets religieux. Les
compositions des C ar-
rache, surtout d’An-
nibal, y dominent5-
Watteau a les hon-
neurs des feuillets sui-
vants : « Suite de
figures inventées par
Watteau, gravées par

1. Voir le Catalogue
de la Chalcographie du
Louvre, n* 231. — Autres
planches gravées avec
Coypel, n»» 142, 147, 148,
d'après Michel-Ange.

2. F» 609 bis, vol. IV.

3. L’exemplaire de
Mariette — le collection-
neur par excellence —
nous renseignerait sans
doute davantage ; mais cet
exemplaire est à Dresde

et nous n’avons pas eu occasion de ly faire collationner.

4. C’est ce qui explique la rareté de ses portraits. Des trois con-
nus jusqu’ici, celui de Cochin est le seul qui compte, le seul pour
lequel il ait posé : les deux autres sont posthumes.

5. F"' 1 à 68.

Le Pèlerin.

Gravure du comte de Caylus, d'après le Titien.

Le Satyre ivre.

Gravure du comte de Caylus, d’après Antoine Van Dyck.
 
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