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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Bénédite, Léonce: Les écoles d'art décoratif à l'exposition universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0176

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L’ART.

L’École de dessin pour les jeunes filles, de Paris, tenait
dignement sa place auprès de sa grande aînée. L’enseigne-
ment, organisé avec une méthode excellente, présentait, au
Champ de Mars, des résultats très satisfaisants. Les prin-
cipes de la décoration y étaient, naturellement, appropriés
aux industries de luxe, la céramique, la miniature, le dé-
cor des éventails, la bijouterie, la dentelle, etc. Un joli
spécimen est l’éventail en dentelle de soie noire Chantilly,
exécuté par MM. Lefebure, d’après le modèle de MUe Ga-
brielle Proust.

Un très grand centre provincial, dont l’enseignement
ne le cède en rien à celui de Paris, est le groupe très im-
portant formé par l’Ecole nationale des Beaux-Arts et les
huit écoles municipales de Lyon. Bien que s’étendant tou-
jours à toutes les matières, la direction des études est plus
spécialement tournée vers les besoins de l’industrie régio-
nale, la soierie. La flore joue dans le décor un rôle très
considérable et il faut admirer le parti habile et si émi-
nemment décoratif obtenu soit par l’étude directe de la

Projet de broderie.

Ecole de Tarare. — (Exposition Universelle de 1889.)

fleur, dans sa vie propre et naturelle, soit par l’analyse des
éléments divers qui la composent et la combinaison rai-
sonnée de ces motifs ainsi obtenus, ce que les professeurs
ont appelé : la stylisation de la fleur.

Pouvait-on, certes, mieux faire que de s’adresser, pour
parer une industrie luxueuse entre toutes, au « plus pur et
au plus bel ouvrage de la terre », à celui qui est en lui-
même le plus merveilleux élément de décoration et qui
recèle en lui des trésofs incalculables de formes, de cou-
leurs et de combinaisons décoratives.

Il faut signaler, parmi toutes ces aquarelles si intéres-
santes de l’École des Beaux-Arts et des différentes écoles
municipales, les deux magnifiques aquarelles gouachées
de MM. Savoye (Jean) et Mennet, élèves de M. Castex-
Dégranges ; ce sont des morceaux de décoration qui font
le plus grand honneur aux élèves et aux maîtres.

Il n’est pas une de ces écoles qui ne mérite un examen
sérieux, soit parmi celles qui exposaient au palais des
Beaux-Arts, soit parmi celles dont l’Administration avait
dû, faute de place, laisser la plupart des envois dans les
cartons du premier étage du palais des Arts libéraux.

Toutes témoignent de progrès réels et incessants. Nous ne
pouvons que les indiquer, regrettant que l’espace qui nous
est compté ne nous permette pas d’en faire une étude
attentive.

Nous regretterions cependant de ne pas citer encore
l’École-type de Roubaix, à la fois technique et artistique,
véritable Faculté où ont été groupés tous les enseignements
répondant aux exigences de cette grande industrie roubai-
sienne, qui occupe plus de cent mille ouvriers. Créée
principalement par la nécessité de transformations succes-
sives pour cette industrie, qui se dérobait à la concurrence
étrangère en se renouvelant chaque jour, l’École nationale
des Arts industriels de Roubaix a dû, en développant son
enseignement général : cours de dessin d’art et de dessin
scientifique, de modelage, de peinture et d’architecture,
créer, à côté des ateliers de tissage où sont traduites les
compositions des élèves dessinateurs, un laboratoire de
physique et de chimie, des ateliers de teinture et de fabri-
cation des matières colorantes, et jusqu’à un cours de
chauffage des machines à vapeur.

Ces cours, disséminés jadis dans neuf endroits diffé-
rents de la ville, viennent d’être réunis dans un vaste
monument que l’État a fait édifier avec le concours géné-
reux de la municipalité. Ces constructions couvrent une
surface de plus de 7,000 mètres et ont coûté plus de deux
millions, dont 600,000 fr. donnés par la Ville qui a aban-
donné 11,000 mètres de terrain. Les cours sont fréquentés
par 800 élèves. Ainsi cette école qui, avant 1881, n’était
guère qu’un simple cours de dessin et de tissage, est deve-
nue, grâce à l’esprit de solidarité patriotique des éner-
giques et intelligents manufacturiers de la région, un
centre d’enseignement qui peut rivaliser avec les plus
grands établissements similaires de l’étranger et qui devrait
servir de modèle à nos grandes villes de France.

Si, donc, nous nous en tenons à l’ensemble, ce qui
nous frappe vivement dans ce concours de nos écoles d’art
industriel, c’est, avec l’unité de l’enseignement, — qui
11’est pas de l’uniformité, — ce grand courant décentrali-
sateur qui vient féconder tous les milieux industriels de
la province. Il y a, entre les départements et la capitale,
un perpétuel échange, une circulation active, comme entre
le cœur et les membres divers du pays, destinés à renou-
veler incessamment toutes les forces vives de la France
industrielle.

Si l’éducation artistique est donnée partout avec le
même caractère élevé et général, partout, aussi, on a su
éviter de se laisser entraîner exclusivement, dans un but
d’intérêt local mal compris, aux dangers d’une spécialisa-
tion trop étroite. Mais partout on a compris qu’il fallait
savoir tenir un certain compte des besoins de la région
desservie par l’école, et l’on a su ajouter, comme complé-
ment à ces grandes leçons destinées à former le goût et à
développer la connaissance des lois décoratives, des
exemples pris plus particulièrement dans les industries
traditionnelles du pays. C’est ainsi qu’à Lyon l’enseigne-
ment est dirigé un peu plus spécialement vers les soieries,
à Limoges vers la céramique, à Aubusson vers la tapisse-
rie ; Saint-Étienne ne pouvait oublier ses industries du
tissage des rubans et de la fabrication des armes; Calais,
le Puy, Tarare, leurs dentelles ou leurs tulles brodés ;
Felletin, les broderies; Cousolre, la gravure et la mo-
saïque sur marbre, etc.; les nombreuses écoles de stéréo-
tomie du Nord ou de la Loire, celle de Tours, par exemple,
fournissent tous les maçons du pays. On n’a pas oublié
que les ports du littoral méditerranéen, peuplés de riches
villas, devaient se munir d’une population indigène d’ar-
chitectes et de décorateurs ; Marseille, Nice, Menton,
Alger même, où l’on encourage l’étude des souvenirs
 
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