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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Vachon, Marius: Exposition universelle de 1889: la ferronnerie d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0205

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EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889. — LA FERRONNERIE D’ART.

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l’industrie des modèles qui rappellent l’ampleur des beaux
ornements de l’antiquité, moins chargés quoique aussi
riches, moins amples et moins majestueux que les pro-
ductions du xvne siècle, et le marteau du forgeron artiste
réalisera vos dessins dans le fer docile. » La fontaine de
M. Marrou le ravirait d’aise, par l’exécution magistrale de
la première partie de son rêve d’artiste. Il trouverait la
seconde éclose superbement devant ses yeux, sous l’espèce
de la rampe d’escalier du château de Chantilly, qui sort
des ateliers de MM. Moreau frères. M. Daurnet, l’éminent
architecte, leur en a donné le modèle aux qualités requises,
et ces maîtres forgerons l’ont traduit, avec une précision
savante, dans toute la splendeur de ses formes. La rampe
et son départ se composent de rinceaux, aux profils déli-
cats, en fer forgé et tôle de cuivre relevée, semés de fleurs
de lis, de couronnes, enveloppant de leurs gracieuses

volutes des O et des H, monogramme du propriétaire du
château, Henri d’Orléans, duc d’Aumale. Une tête de
bélier, d’un beau masque naturaliste, surmonte la grande
volute de départ, dont l’enroulement du bas se développe
majestueusement, pour envelopper la rosace de la bande
inférieure de la rampe. Le panneau de la balustrade de
palier contient, au centre, un bouclier, où figure un cerf
ailé, ponant, sur le poitrail, l’écu des d’Orléans. Ce bou-
clier est soutenu par un faisceau de palmes et de branches
d’olivier, nouées par des lacs de rubans. Toute cette
œuvre a une très grande allure et constitue un beau travail
de ferronnerie, qui mérite, à tous égards, de prendre place,
comme un document classique, dans l’histoire des indus-
tries d’art modernes. L’exposition de MM. Moreau frères
contenait encore bon nombre d’autres pièces de haute
valeur artistique, des chenets superbes, un heurtoir d’un

Balustrade de la rampe d’escalier du chateau de Chantilly,
exécutée par MM. Moreau frères. Dessin de M. Daumet, architecte. — (Exposition Universelle de 1889.)

dessin opulent, digne d’être comparé aux plus beaux heur-
toirs vénitiens des xv et xvie siècles ; une serrure avec une
scène de comédie à la Watteau, ciselée en bas-relief, et
trois lustres d’une grande originalité. Se trouvant en
présence d’un nouveau système d’éclairage, qui dispense
la lumière par réfraction d’une lampe devant être vue
par le dessous, et dans laquelle le transport de la matière
alimentaire, ainsi que l’écoulement des produits de com-
bustion, nécessitent l’installation d’une large cheminée,
le dessinateur de ces lustres a imaginé une composition
pittoresque, qui sert à dissimuler tout l’outillage compli-
qué de ce système. Ici, c’est le combat d’un aigle contre
un serpent, dont le corps s’enroule autour d’un tronc
d’arbre ; là, il a représenté les jeux de deux singes au pied
d’un cocotier ; ailleurs, une chasse à l’écureuil dans les
branches d’un chêne. Tout cela est, sans doute aucun, fort
ingénieux; mais je n’y goûte point la lampe Wyndham;
je suis certain que l’homme de goût qui a commandé ces
Tome XLVIII.

lustres à MM. Moreau frères doit, comme eux-mêmes,
trouver aujourd’hui qu’elle est de trop; elle gâte l’œuvre
d’art et la pièce de maîtrise de ferronnerie.

A côté de l’exposition de MM. Moreau frères, M. Ber-
nard montrait quelques produits de mérite, une rampe en
fer forgé, d’un bon dessin ; une grille de balcon, où l’ad-
jonction du cuivre au fer donnait d’heureux effets de
décoration. M. Roy avait également une belle grille monu-
mentale, d’une architecture sobre et élégante, où le fer
était travaillé avec habileté.

Quant aux lanternes, landiers, chenets, lustres, etc.,
ils étaient innombrables ; on en avait rempli des loges
entières; mais, à très peu d’exceptions, les pièces exposées
présentaient une singulière monotonie. Elles paraissaient
avoir été toutes exécutées sur le même modèle général, çà
et là, simplement modifié, par quelques légers détails
d’ornementation. C’est un signe évident que la ferronnerie
d’art sommeille encore dans la première période de l’imi-

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