Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

DOI Artikel:
Vachon, Marius: Exposition universelle de 1889: la ferronnerie d'art
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0206

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
186

L’ART.

tation et du bric-à-brac archéologique, qu’elle n’est entrée
profondément ni dans nos habitudes, ni dans nos mœurs.
On fait du vieux et du vieux neuf. On ne sort point du Viol-
let-le-Duc, de son Dictionnaire d’architecture et du mobi-
lier, des héliogravures de l'Art pour tous. Il semble.qu’on
ne puisse concevoir la ferronnerie d’art qu’avec les chemi-
nées à manteau, les hautes chayères, les dressoirs à ogives,
et que ce soit un anachronisme violent que d’en intro-
duire, avec d’autres formes, dans nos intérieurs modernes.
Aussi ne saurait-on accueillir avec trop de joie les créa-
tions nouvelles, que les maîtres, comme MM. Moreau,
tentent de lancer dans la circulation publique, pour
détruire cette hérésie monstrueuse et donner une vie nou-
velle à cet art.

Les mêmes critiques sont à faire, en général, à la
branche de la serrurerie d’art, qui occupait à l’Exposition
un emplacement considérable. On se serait cru là dans
un musée de copies. Tout ce que l’art français, l’art italien
et l’art allemand, ont créé, du xvc au xvnie siècle, en fait
de serrures, de crémones, de heurtoirs, etc., s’y trouvait
réuni, reproduit sur tout métal, bronze, cuivre, acier et
fonte. On n’avait que l’embarras du choix pour garnir les
portes et fenêtres d’une chambre Henri II, Louis XIV,
Pompadour, Watteau et Marie-Antoinette; et les mille
objets à choisir étaient, sans conteste, de fort belles pièces,
imitées ou reproduites à la perfection, d’un goût charmant
et d’une exécution irréprochable. Quant aux œuvres origi-
nales, nouvelles, montrant une décoration et des formes

Marteau de porte.

par MM. Moreau frères. — (Exposition Universelle de 1889.)

qui ne fussent point empruntées au passé, elles n’étaient
pas faciles à découvrir. Que faut-il en conclure ? Des
esprits légers et peu perspicaces en profitent pour faire
violemment le procès aux institutions, qui ont procuré
aux industriels les moyens de se livrer à cette fabrication
de copies d’œuvres anciennes, les musées d’art et d’indus-
trie et les écoles des arts décoratifs. Ce sont, disent-ils,
des véritables usines à contrefaçons. L’indignation qu’ils
montrent part de bonnes intentions ; mais elle est de
nature à provoquer des méprises, à l’égard de ces institu-
tions, qui remplissent très exactement leur mission, quoi
qu’on en dise et qu’on en pense, sans le dire. Les écoles et
les musées ont été reconnus, dans tous les pays, comme
les moyens les plus actifs et les plus féconds, pour déve-
lopper les industries artistiques nationales. A peine fon-
dés, leur action n’a pas tardé à se faire sentir. Cette action

a même déjà subi une évolution qui témoigne de son
énergie. Pendant la première période de leur fonctionne-
ment, sous la pression irrésistible du mouvement popu-
laire, on s’est jeté, à Corps perdu, dans l’imitation du
passé ; il semblait qu’on y trouverait plus de protection
contre la concurrence du présent. L’érudition, qui n’est
point une science aussi platonique qu’on veut bien le
croire, s’est mise fiévreusement à la besogne pour recueil-
lir tous les documents, pouvant servir à le faire connaître
et à en reproduire les œuvres. Une littérature et une
industrie nouvelles en ont été créées spontanément, qui
ont réalisé des bénéfices énormes. Du Nord au Midi, de
l’Est à l’Ouest de l’Europe, c’a été une farandole épique
de toutes les renaissances nationales. Que diraient donc
ceux qui se plaignent chez nous de l’épidémie du Henri II,
du Pompadour, s’ils voyaient en Allemagne les ravages de
 
Annotationen