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Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, II [3]; le centenaire de l'art
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0212
SALON DE 1890.
191
de trop, pas un seul mot qui ne soit irréfutable. Il n’est pas un esprit sérieux qui n’en juge
ainsi et qui ne se sente consciencieusement forcé, après lecture attentive, à ratifier ces conclusions
si justement alarmantes de M. Le Ghait :
« Quand on voit un pays avec soixante millions d’habitants actifs, intelligents, laborieux,
pour qui le travail est un honneur et l'oisiveté une honte, pleins d’un sang jeune encore mis au
profit d'une vieille expérience apportée d’Europe; avec un sol d’une incomparable richesse ; avec
un trésor public regorgeant d’argent ; avec une aisance et un bien-être inconnus ailleurs; avec
des institutions qui fortifient l’individualité du caractère et lui donnent, avec le sentiment de sa
force, de son indépendance et de sa dignité, celui de ses droits et de ses devoirs ; avec une étendue
de territoire et une situation géographique qui le mettent à l’abri des craintes et des convoitises,
mais [surtout des oscillations et des perturbations effroyables dont le crédit et le travail sont
Pedro Valdivia fonde la ville de Santiago.
Dessin de E. Hugard, d’après le tableau de Pedro Lira. (Exposition Universelle de 1889.)
constamment menacés en Europe, par suite des conditions de sa politique et de ses armements ;
quand on voit, dis-je, un pays qui, sans avoir à supporter les charges écrasantes d’une armée
moderne, se trouve plus que tout autre à l’abri des crises sociales intérieures et des dangers de
l’extérieur, plein de calme et de sécurité, de grandeur et de confiance dans l’avenir, on comprend
qu’il peut donner un libre essor à son développement matériel, intellectuel et moral,' et que
la marche progressive de ce développement doit être supérieure à celle que l’avenir prépare aux
pays d’Europe. »
Une voix aussi autorisée sera-t-elle écoutée? J'en doute, tant est profonde la ruineuse folie
du militarisme qui sévit en Europe. Mais ce qui est certain, c’est que je suis grandement l'obligé
de l’intelligent correspondant qui m’a -envoyé le rapport de M. Le Ghait. Ce dernier est trop
clairvoyant pour ne croire qu’au développement matériel des États-Unis. Il a eu soin d’annoncer
leur constant développement matériel, intellectuel et moral.
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de trop, pas un seul mot qui ne soit irréfutable. Il n’est pas un esprit sérieux qui n’en juge
ainsi et qui ne se sente consciencieusement forcé, après lecture attentive, à ratifier ces conclusions
si justement alarmantes de M. Le Ghait :
« Quand on voit un pays avec soixante millions d’habitants actifs, intelligents, laborieux,
pour qui le travail est un honneur et l'oisiveté une honte, pleins d’un sang jeune encore mis au
profit d'une vieille expérience apportée d’Europe; avec un sol d’une incomparable richesse ; avec
un trésor public regorgeant d’argent ; avec une aisance et un bien-être inconnus ailleurs; avec
des institutions qui fortifient l’individualité du caractère et lui donnent, avec le sentiment de sa
force, de son indépendance et de sa dignité, celui de ses droits et de ses devoirs ; avec une étendue
de territoire et une situation géographique qui le mettent à l’abri des craintes et des convoitises,
mais [surtout des oscillations et des perturbations effroyables dont le crédit et le travail sont
Pedro Valdivia fonde la ville de Santiago.
Dessin de E. Hugard, d’après le tableau de Pedro Lira. (Exposition Universelle de 1889.)
constamment menacés en Europe, par suite des conditions de sa politique et de ses armements ;
quand on voit, dis-je, un pays qui, sans avoir à supporter les charges écrasantes d’une armée
moderne, se trouve plus que tout autre à l’abri des crises sociales intérieures et des dangers de
l’extérieur, plein de calme et de sécurité, de grandeur et de confiance dans l’avenir, on comprend
qu’il peut donner un libre essor à son développement matériel, intellectuel et moral,' et que
la marche progressive de ce développement doit être supérieure à celle que l’avenir prépare aux
pays d’Europe. »
Une voix aussi autorisée sera-t-elle écoutée? J'en doute, tant est profonde la ruineuse folie
du militarisme qui sévit en Europe. Mais ce qui est certain, c’est que je suis grandement l'obligé
de l’intelligent correspondant qui m’a -envoyé le rapport de M. Le Ghait. Ce dernier est trop
clairvoyant pour ne croire qu’au développement matériel des États-Unis. Il a eu soin d’annoncer
leur constant développement matériel, intellectuel et moral.