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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, II, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0234

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SALON DE 1890.

211

Ses illustres paysagistes, pas plus que ses portraitistes et ses peintres familiers, n’ont eu
l’heureuse fortune de suffire aux ambitions du petit clan qui rêve, à tort, des lauriers italiens
pour le Royaume-Uni ; les audaces de ce groupe vont jusqu’à prétendre nationaliser la fresque,
et il eut certainement été curieux de pouvoir se former, l’an dernier, une idée de l’importance
des travaux décoratifs qu’exécute, depuis plusieurs années, M. Madox Brown à l’hôtel de ville
de Manchester, ou des panneaux que compose M. Henry Holiday, qui, lui aussi, s’était abstenu.
J’ai dit curieux, car c’est de ce genre spécial d’intérêt que relèvent surtout les entreprises
anglaises de cette nature, auxquelles la Belle Dame sans merci et Un Plongeur, par M. Walter
Crâne, n’ont pas plus eu le don de me convertir que ne l’avait fait antérieurement le Temps est
inflexible, composition où la prétention de la recherche dissimule en vain l’absence de style.

Andromaque captive, par le fait même de ses élégances mondaines, démontrait avec une
irrésistible éloquence que le président à qui l’on doit au South Kensington Muséum les deux
fresques allégoriques : la Paix et la Guerre, est bien moins un peintre qu’un sculpteur. Sir
Frederick Leighton avait fourni l’occasion d’en bien juger en exposant Réveil et Fausse alarme.

A l’écurie

Dessin de Charles E. Wilson, d’après le tableau de George Morland. — (South Kensington Muséum, de Londres.)

statues distinguées d’emmanchement, de balancement de lignes et de science d’exécution, plus
que d’originalité, car, malgré tous leurs mérites, c’est d’un art qui relève manifestement de la
manière magistrale de M. Rodin.

Le Roi Cophetua a eu ses enthousiastes à l’Exposition universelle, et j’ai entendu l’un d’eux
proclamer M. E. Burne Jones le Gustave Moreau de l’Ecole anglaise. Il ne faut rien exagérer;
c’est donc beaucoup trop dire; M. Burne Jones, cela est manifeste pour quiconque a fait de la
peinture une étude attentive, est un artiste à la suite et il est aisé de dire à quels maîtres
italiens il emprunte ses chaussures. Gustave Moreau, lui, a du génie, son propre génie, et non
le génie de l’imitation; il ne marche jamais que dans une voie éminemment personnelle, ce qui
ne l’empêche nullement de pratiquer le culte ardent de tel ou tel maître d’autrefois.

Il y a certainement quelque chose de particulier dans le Roi Cophetua, un attrait spécial
indéniable, mais non la griffe d’une puissante individualité. En un mot, l’art de M. Burne Jones1
est infiniment plus curieux qu'il n’est grand. Que Gustave Moreau achève ses Chimères et con-
sente à les exposer, et il n’est pas un homme de goût qui, saisi de la plus franche, de la plus
profonde admiration, ne formule un jugement tout opposé; les côtés curieux, les raffinements

1. L’Art a publié le portrait de M. Burne Jones, 8" année, tonte IV, page 267.
 
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