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Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, II, [4]
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L’ART.
d'une telle création, noyés dans sa grandeur, n’en seront que les brillants accessoires, des
accessoires obligés, tant ils formeront corps avec elle.
Toutes les autres tentatives étrangères au génie national sont, bien entendu, très inférieures
aux entreprises poursuivies dans cette voie sans issue par M. Burne Jones. Inutile donc d’y
insister. Je ne me permettrai qu’une respectueuse exception à propos de M. G. F. Watts. Le
vénérable académicien dépense, avec des excès de persévérance, en faveur de ce qu'il croit être
du grand art, de stériles efforts trahis par le poids des années; celles-ci excusent et la bizarrerie
ingénue de certaines conceptions et leur facture invariablement sénile; mais je ne suis pas homme
à oublier que M. Watts est Fauteur du magistral portrait d’un Recorder de Londres dont le
nom m’échappe, portrait qui suffit depuis longtemps à sa gloire, légitimement appuyée d’ailleurs
sur quelques autres oeuvres du
même ordre qui continuaient digne-
ment les plus parfaites traditions
de l’art anglais.
D’art religieux pas trace, et
qui connaît les productions de
M. Cave Thomas n’avait qu’à se
réjouir de cette absence.
L’histoire partageait en réalité
le même sort, car elle ne comptait
à son avoir que des scènes de
genre historique, telles que le
Marlborough, après la bataille de
Ramillies, de M. E. Crofts, la
Garnison défilant arec les honneurs
de la guerre; Lille, 1708, de
M. Andrew C. Gow, dont j’eusse
préféré revoir les Jacobites, et le
Monmouth et Jacques II, de l’aca-
démicien John Pettie, qui n’enri-
chit pas plus l’histoire que le
genre historique. On eût mieux
jugé de l’École sous ce rapport si
elle s’était fait représenter par les
Derniers Jours de Sir Philip
Sidney, par M. Robert Hillingford,
pour ne citer qu’un exemple de
L'Amourdésarmé. . , 1 •,
plus de mente.
Dessin de Henry Holiday, d’apres sa composition pour un panneau décoratif. 1
M. Alma Tadema, un Hollan-
dais qui sait peindre, mais n’a nullement réussi à s’anglaiser, bien qu’il soit naturalisé Anglais et
Royal Academician, M. Tadema se prend sans doute pour un peintre d’histoire. Quant à la
critique, il lui serait difficile de prendre pour des pages historiques des compositions d une
archéologie fantaisiste telles que l’Attente et les Femmes d’Amphissa qui ressemblent terrible-
ment à un tas de blanchisseuses et à des paquets de linge à laver.
Je ne réussirai jamais à m’expliquer que l’État, ayant à accorder de légitimes distinc-
tions, l’an dernier, à des maîtres anglais, ait eu la bizarre pensée de négliger tel ou tel artiste
qui honore au plus haut degré Fart britannique, pour prodiguer ses faveurs a deux peintres
d’origine étrangère et de talent non moins étranger à leur patrie d adoption, tels que
MM. Alma Tadema et H. Herkomer1.
Reportez-vous au Portrait du cardinal Manning, par M. W. W. Ouless, au Portrait de
i. L’Art a publié, — 9” année, tome I", page 74, — le portrait de M. Hubert Herkomer.
L’ART.
d'une telle création, noyés dans sa grandeur, n’en seront que les brillants accessoires, des
accessoires obligés, tant ils formeront corps avec elle.
Toutes les autres tentatives étrangères au génie national sont, bien entendu, très inférieures
aux entreprises poursuivies dans cette voie sans issue par M. Burne Jones. Inutile donc d’y
insister. Je ne me permettrai qu’une respectueuse exception à propos de M. G. F. Watts. Le
vénérable académicien dépense, avec des excès de persévérance, en faveur de ce qu'il croit être
du grand art, de stériles efforts trahis par le poids des années; celles-ci excusent et la bizarrerie
ingénue de certaines conceptions et leur facture invariablement sénile; mais je ne suis pas homme
à oublier que M. Watts est Fauteur du magistral portrait d’un Recorder de Londres dont le
nom m’échappe, portrait qui suffit depuis longtemps à sa gloire, légitimement appuyée d’ailleurs
sur quelques autres oeuvres du
même ordre qui continuaient digne-
ment les plus parfaites traditions
de l’art anglais.
D’art religieux pas trace, et
qui connaît les productions de
M. Cave Thomas n’avait qu’à se
réjouir de cette absence.
L’histoire partageait en réalité
le même sort, car elle ne comptait
à son avoir que des scènes de
genre historique, telles que le
Marlborough, après la bataille de
Ramillies, de M. E. Crofts, la
Garnison défilant arec les honneurs
de la guerre; Lille, 1708, de
M. Andrew C. Gow, dont j’eusse
préféré revoir les Jacobites, et le
Monmouth et Jacques II, de l’aca-
démicien John Pettie, qui n’enri-
chit pas plus l’histoire que le
genre historique. On eût mieux
jugé de l’École sous ce rapport si
elle s’était fait représenter par les
Derniers Jours de Sir Philip
Sidney, par M. Robert Hillingford,
pour ne citer qu’un exemple de
L'Amourdésarmé. . , 1 •,
plus de mente.
Dessin de Henry Holiday, d’apres sa composition pour un panneau décoratif. 1
M. Alma Tadema, un Hollan-
dais qui sait peindre, mais n’a nullement réussi à s’anglaiser, bien qu’il soit naturalisé Anglais et
Royal Academician, M. Tadema se prend sans doute pour un peintre d’histoire. Quant à la
critique, il lui serait difficile de prendre pour des pages historiques des compositions d une
archéologie fantaisiste telles que l’Attente et les Femmes d’Amphissa qui ressemblent terrible-
ment à un tas de blanchisseuses et à des paquets de linge à laver.
Je ne réussirai jamais à m’expliquer que l’État, ayant à accorder de légitimes distinc-
tions, l’an dernier, à des maîtres anglais, ait eu la bizarre pensée de négliger tel ou tel artiste
qui honore au plus haut degré Fart britannique, pour prodiguer ses faveurs a deux peintres
d’origine étrangère et de talent non moins étranger à leur patrie d adoption, tels que
MM. Alma Tadema et H. Herkomer1.
Reportez-vous au Portrait du cardinal Manning, par M. W. W. Ouless, au Portrait de
i. L’Art a publié, — 9” année, tome I", page 74, — le portrait de M. Hubert Herkomer.