L' art: revue hebdomadaire illustrée (16.1890 (Teil 1))

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L’ART.

pas moins bien rendus, ils sont d’un effet très juste. Dans le second tableau, que la municipalité
de Liverpool a eu l’excellente pensée d’acquérir pour son Musée, les fonds ont au contraire un
peu de dureté, mais que d'esprit, que de sincérité d'observation dans les deux vieux marins et
leur chère fillette ! Les visiteurs du South Kensington Muséum ont l’occasion d’apprécier une
autre composition de M. Reid, très bien entendue également, très grassement peinte ; c’est une
famille de cultivateurs qui contemple, atterrée, son champ ravagé par une chasse à courre.

Ces trois ouvrages de M. Reid sont fortement empreints d’un sentiment très humain ; on
dirait un écho de l’amour des humbles qui inspirait Charles Dickens.

Le Retour de la foire, de M. W. H. Bartlett, fort bien arrangé, se recommandait, en outre,
par la puissance de la facture et de la tonalité, tandis qu'Une Fabrique'de cigarettes, à Séville,
par M. J. B. Burgess, avait le tort grave de manquer de toute originalité; c’est tout bonnement
un pseudo-van Haanen. Les Vénitiennes, de M. Luke Fildes, se souviennent, elles aussi, de
l’excellent peintre néerlandais que Venise retient depuis tant d’années, mais c’est un si agréable
souvenir, cela plaide les circonstances atténuantes par tant de côtés séduisants que je n'ai guère
le courage de reprocher à ces piquantes filles de la lagune l’aspect-aquarelle imprimé par
l'artiste à tout l’ensemble de son œuvre.

Le ci-devant préraphaélite devenu baronet, Sir John Everett xMillais1, a complètement déserté

i. L'Art a publié son portrait, 8e année, tome IV, page 270.