SALON DE 1890.
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partie l'honneur; sa sculpture l'emporte en effet de beaucoup sur l'art de ses devanciers.
M. Hamo Thornycroft l'a suivi dans cette voie féconde où il était également attendu par le
succès et il nous montrait, outre son Teucer que l’Art1 a reproduit en 1882, son Faucheur et
sa Médée; M. Browning, qui a été l’élève de M. Auguste Rodin, était représenté par l’Espé-
rance et par Dryope, M. Brock par Un Moment dangereux, M. Hebert par Une Famille
d’Abénaquis, Miss Edith Gwyn Jeffreys par Médée fascinant le dragon, M. T. Nelson Mac
Lean par sa Fête de printemps, M. Pegram par la Mort et le Prisonnier, M. T. Stirling Lee par
Caïn et Jeunesse, et tous révélaient un progrès indéniable sur les fâcheux errements du passé.
M. E. Onslow Ford a fait mieux encore; il se rapproche plus de la maîtrise avec la Paix et
son buste du Très Honorable James Whitehead, lord-maire de Londres. La maîtrise, M. A. Gilbert
y atteint. Il est certainement, à l’heure présente, primas inter omnes et demeurera un statuaire
dont l’Ecole anglaise s’honorera toujours grandement. Icare, Persée, Une Offrande à Vénus,
furent hautement appréciés au Champ de Mars par les juges les plus difficiles ; on était unanime
à en reconnaître l’originalité de composition, le balancement pondéré des lignes, la science du
modelé. Deux études : Tète de vieillard et Tète de jeune fille, n’obtinrent pas un moins flatteur
accueil.
Les graveurs se groupaient nombreux autour d’un aquafortiste illustre, M. F. Seymour
Haden, et cependant on déplorait l’absence d’un aquafortiste très artiste, Sir Charles Robinson,
Conservateur des tableaux de la Couronne, et de son fils, qui a brillamment renouvelé l’art de la
gravure à la manière noire, une des gloires de l’Angleterre au siècle dernier.
Il n’y avait pas moins d’une centaine d’architectes parmi les exposants; en général, j’aime
moins leur genre d'originalité que le caractère très particulier, éminemment typique de l’École
anglaise de peinture; les audaces de celle-ci réussissent presque toujours à demeurer artistiques.
Paul Leroi.
(A suivre.
1. Voir l’Art, 8' année, tome IV, page 272.
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partie l'honneur; sa sculpture l'emporte en effet de beaucoup sur l'art de ses devanciers.
M. Hamo Thornycroft l'a suivi dans cette voie féconde où il était également attendu par le
succès et il nous montrait, outre son Teucer que l’Art1 a reproduit en 1882, son Faucheur et
sa Médée; M. Browning, qui a été l’élève de M. Auguste Rodin, était représenté par l’Espé-
rance et par Dryope, M. Brock par Un Moment dangereux, M. Hebert par Une Famille
d’Abénaquis, Miss Edith Gwyn Jeffreys par Médée fascinant le dragon, M. T. Nelson Mac
Lean par sa Fête de printemps, M. Pegram par la Mort et le Prisonnier, M. T. Stirling Lee par
Caïn et Jeunesse, et tous révélaient un progrès indéniable sur les fâcheux errements du passé.
M. E. Onslow Ford a fait mieux encore; il se rapproche plus de la maîtrise avec la Paix et
son buste du Très Honorable James Whitehead, lord-maire de Londres. La maîtrise, M. A. Gilbert
y atteint. Il est certainement, à l’heure présente, primas inter omnes et demeurera un statuaire
dont l’Ecole anglaise s’honorera toujours grandement. Icare, Persée, Une Offrande à Vénus,
furent hautement appréciés au Champ de Mars par les juges les plus difficiles ; on était unanime
à en reconnaître l’originalité de composition, le balancement pondéré des lignes, la science du
modelé. Deux études : Tète de vieillard et Tète de jeune fille, n’obtinrent pas un moins flatteur
accueil.
Les graveurs se groupaient nombreux autour d’un aquafortiste illustre, M. F. Seymour
Haden, et cependant on déplorait l’absence d’un aquafortiste très artiste, Sir Charles Robinson,
Conservateur des tableaux de la Couronne, et de son fils, qui a brillamment renouvelé l’art de la
gravure à la manière noire, une des gloires de l’Angleterre au siècle dernier.
Il n’y avait pas moins d’une centaine d’architectes parmi les exposants; en général, j’aime
moins leur genre d'originalité que le caractère très particulier, éminemment typique de l’École
anglaise de peinture; les audaces de celle-ci réussissent presque toujours à demeurer artistiques.
Paul Leroi.
(A suivre.
1. Voir l’Art, 8' année, tome IV, page 272.