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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Molinier, Émile: L' orfèvrerie civile à l'exposition universelle de 1889, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0252

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22Ô

L’ART.

thodes des Pisanello, des Matteo de’ Pasti, des Boldu et
des Dupré. Mais là s’est borné l’emprunt qu’ils ont fait
aux anciens ; tout est moderne dans leurs conceptions ; ce
sont bien des contemporains que nous montrent leurs
médailles et non des types de convention et de mélo-
drame. Beaucoup de simplicité, un talent de portraitiste
hors ligne, une souplesse d’exécution extraordinaire,
jamais de maniérisme et un rare bonheur dans l’arrange-
ment des légendes ou des attributs qui accompagnent les
personnages, font que ces deux artistes ont renouvelé en
plein xixe siècle un art que la France peut s’enorgueillir
d’avoir autrefois pratiqué avec éclat. Ce plateau d’argent
que Roty a modelé pour le ministère de l’agriculture est
un véritable chef-d’œuvre de sentiment et d’exécution ;
cette figure de bergère pensive en face de la pâture —nous
sommes loin des bergères des bergeries du xvme siècle —
fait penser à ces pages dans lesquelles Millet a si bien
traduit la figure du paysan, aux formes souvent gourdes

et brutales, mais comme agrandies et anoblies par le tra-
vail de la terre élevé au rang d’un véritable sacerdoce.
Rien d’affecté dans tout cela et Pon ne peut vraiment pra-
tiquer sans moins d’efforts l’art difficile d’être simple. En
homme de goût, ce n’est point au cortège des moulures
classiques qui traînent dans tous les livres de modèles,
que l’artiste est allé demander la bordure de sa pièce que
décorent de simples betteraves réunies au moyen d’un
ruban ; les anses d’un goût exquis font penser aux mer-
veilles du trésor de Hildesheim.

C’est un sentiment analogue qui a inspiré Delaplanche
dans sa figure de paysanne debout qui symbolise la science
et l’agriculture, appuyée sur un bâton et lisant dans un livre.
Cette figure de surtout de table s’éloigne à vrai dire beau-
coup de la série des dieux, déesses et demi-dieux dont on a
si longtemps usé et abusé chaque fois qu’un malheureux ar-
tiste s’est mis la cervelle à l’envers pour figurer une allégorie.
Quelque Triptolème ou quelque héros d’une aussi piquante

Plateau,

par O. Roty. Orfèvrerie de la maison Christolle et Clfi. — (Exposition Universelle de 1889.)

actualité drapé en des loques de tournure antique eût
assurément été plus académique et conforme aux traditions
de l’art réduit à l’état de formules byzantines. Ce vieil
arsenal de l’antiquité classique, déjà suranné quand la
Renaissance s’en empara pour se dépêtrer de formules
moins vieilles et encore moins respectables, a fini par
lasser terriblement son public, qui s’en venge en lui rom-
pant parfois en visière de la façon la plus complète et
quelquefois, il faut bien le dire, la plus irrévérencieuse. Il
faut avouer que si ce symbolisme a pu avoir du bon à un
certain moment, il a été appliqué à tant de choses et tant
de lois qu’il faut que nous soyons passablement apathiques
pour ne pas nous en être totalement débarrassés. Mais
à chaque jour suffit sa peine et peu à peu on fait justice
de ces types purement conventionnels, fort commodes en
vérité pour les artistes qui n’avaient à leur service ni
talent ni idées.

Chargé de traiter un sujet fort analogue,.M. Jules Cou-
tan s’est tenu également dans une note toute moderne. Sa
paysanne qui donne à manger à une basse-cour est une
fille de ferme dont l’aspect robuste n’exclut nullement la

grâce, mais une grâce nullement maladive, faite toute de
bonne santé et de grand air. Le sujet, traité en relief très
accentué comme dans certaines pièces d’orfèvrerie antique,
a permis au sculpteur de donner suffisamment d’éloigne-
ment à ses arrière-plans, très simples et ne visant nulle-
ment à un effet théâtral quelconque. Il y a là, dans cette
scène si ordinaire, plus de véritable poésie champêtre que
dans mille pastorales de ce style pseudo-antique cher à
certaine école.

Avec Mercié et son Amphitrite debout appuyée sur un
trident et tenant en main une branche de corail, nous
abandonnons quelque peu la simplicité ; le pied d’orfè-
vrerie qui supporte la figure est beaucoup trop chargé et
d’un goût pseudo-Renaissance fort douteux, qui ne s’accorde
que bien peu avec le style de la figure. On préférera sans
aucun doute les gracieux gamins dont Chéret a flanqué les
pièces de son service à thé. Sucriers, théière, pot à crème,
tout cela est d’un galbe très simple : quelques renflements
de courbes gracieuses, quelques moulures peu compliquées,
puis de jolies figures d’enfants potelées, à la mine futée et
mutine, plantées de ci de là de la façon la plus imprévue.
 
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