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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Salon de 1890: la peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0264

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L’ART.

Que dire des Saintes femmes au tombeau! Libre à M. Bouguereau de développer à sa façon
un petit sujet banal de son invention, mais n'est-il pas douloureux de le voir s’en prendre à un
beau thème traditionnel, traité, varié par les maîtres avec toutes les ressources de l’imagination
et du style ? Dernièrement, plusieurs de nos confrères évoquaient la grandiose poésie du jour de
Pâques, et rappelaient quels profonds échos éveillent dans l’àme les accents magiques de la prose
de cette fête incomparable, du Victimœ Paschali. M. Anatole France répétait en rêvant ces
paroles rythmées et sonores : Die nobis, Maria, quid vidisti in via. Avec M. Bouguereau, l’on
n’a nullement à redouter les vertiges des évocations savantes, des songes subtils et enivrants.
Considérez sans rire, si vous pouvez, ces « saintes femmes », ces têtes dont 1 intérieur est évi-
demment vide, ces contours convenables et corrects, alignés comme les chiffres d’un comptable
modèle. Il n’est pas jusqu’au vase de Madeleine qui lui-même ne soit aplati. Notons toutefois,
chez l’artiste, la présence, éminemment louable, d’une espèce de probité professionnelle : elle
l’empêchera toujours de livrer au commerce une œuvre lâchée, incomplète, et qui ne soit pas,
comme l'ourson de la fable, léchée sur toutes les coutures.

Étude d’Henry P l u c h a r t ,

pour une des figures de son tableau : la Moisson, à Marqidllies. — (Salon de 1890.)

Un riche amateur de Marseille a fait exécuter par M. Gustave Moreau une série de compo-
sitions sur les Fables de La Fontaine. Nous entendions à ce propos un autre dilettante s’écrier :
« Si j’avais des millions, j'irais demander à Moreau une série analogue sur les Mille et une
Nuits. » Quel dommage qu'il ne se rencontre pas un opulent philistin pour confier à M. William
Bouguereau un travail du même genre sur les romans de M. Georges Ohnet! Avec quelle science
de virtuose l'auteur des Petites Mendiantes ne traduirait-il pas les plus subtiles conceptions de
l’auteur du Maitre de forges et de la Grande Marnière! Ne serait-ce pas un plaisir suprême de
voir, peints par un pareil maître, l’éphèbe qui « après de brillantes études » entre « dans un
bon rang » à l’École polytechnique, et la jeune fille dont l’amazone laisse apparaître des
« extrémités aristocratiques »? 11 me semble que tous deux, le peintre et le poète, servent un
même idéal, visent, en gens avisés, aux mêmes fructueux résultats, et satisfont les mêmes
connaisseurs.

M. Benjamin Constant expose deux tableaux à effet. Victrix est une femme nue « comme un
plat d’argent », étendue sur une étoffe. A ses pieds, une assiette en faïence de Rhodes. De qui
est-elle victorieuse? Sans doute du personnage invisible dont on aperçoit sur un tabouret le sabre
et je crois aussi la pelisse. Cette jeune femme dévêtue a l’air content et l’on se demande de
 
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