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L’ART.
rieurement ce peintre de haut mérite. Le torse de ce petit corps amoureux nous semble mal
proportionné, et nous ne comprenons rien à la position de la jambe droite repliée sous l’autre.
M. Henri-Eugène Delacroix expose, dans un paysage un peu banal, une femme qui s’étire
en exhibant cette partie du corps avec laquelle M. Purgon était si familier. Comme elle n’a pas
du tout l’allure d’une nymphe, et ne participe sans doute pas aux immunités hygiéniques de la
nature héroïque ou semi-divine, nous redoutons fort pour elle les effets de ce décolletage posté-
rieur à l’air libre. — La Naissance de la perle, de M. Maignan, est un sujet qui aurait
évidemment gagné à être traité par M. Gustave Moreau. Lui seul eût dignement manoeuvré ce
matériel exquis de conques, de formes amphibies, d’étranges floraisons sous-marines. Il est fort
malaisé de prouver, pinceau en main, le sentiment mythique qui éclate avec tant de force dans
les belles pages consacrées par M. Renan au mythe de Glaucus dans les Etudes d’histoire reli-
gieuse.
G ^ Jdts •
Cachan-la-Ville.
Dessin de Henri Dützschhold, d’après son tableau. —(Salon de 1890.)
La baronne Herminie de Preuschen expose un tableau un peu théâtral : Mors imperator.
La Mort, la tête ceinte de la couronne à rais des Césars de la décadence, et couverte de la
pourpre, secoue le trône d’où glissent le sceptre et le diadème. Quel malheur que ce ne soit pas
là, au lieu d’un tableau, un poème, avec des stances aiguisées par Henri Heine!
Nous craindrions de nous ranger au nombre des simples en insistant longuement sur la
Mélancolie, de M. Henner. Elle ne nous apprend rien de nouveau ni sur la mélancolie, ni sur
M. Henner, cette ligure à la gorge drôlement plantée, dont la chevelure ruisselle en copeaux
d'acajou. Ce qu’on est convenu d’appeler le blanc de l’œil est ici d’un beau bleu, le bleu de cette
petite mare, qui a sa place dans beaucoup des anciens tableaux de M. Henner. Et dire que l’on
a fréquemment, à propos de produits ainsi manufacturés, prononcé par sacrilège les noms du
Corrège et de Léonard de Vinci !
Dans quelle catégorie faut-il ranger les deux figures exposées par M. Tony Robert-Fleury :
L’ART.
rieurement ce peintre de haut mérite. Le torse de ce petit corps amoureux nous semble mal
proportionné, et nous ne comprenons rien à la position de la jambe droite repliée sous l’autre.
M. Henri-Eugène Delacroix expose, dans un paysage un peu banal, une femme qui s’étire
en exhibant cette partie du corps avec laquelle M. Purgon était si familier. Comme elle n’a pas
du tout l’allure d’une nymphe, et ne participe sans doute pas aux immunités hygiéniques de la
nature héroïque ou semi-divine, nous redoutons fort pour elle les effets de ce décolletage posté-
rieur à l’air libre. — La Naissance de la perle, de M. Maignan, est un sujet qui aurait
évidemment gagné à être traité par M. Gustave Moreau. Lui seul eût dignement manoeuvré ce
matériel exquis de conques, de formes amphibies, d’étranges floraisons sous-marines. Il est fort
malaisé de prouver, pinceau en main, le sentiment mythique qui éclate avec tant de force dans
les belles pages consacrées par M. Renan au mythe de Glaucus dans les Etudes d’histoire reli-
gieuse.
G ^ Jdts •
Cachan-la-Ville.
Dessin de Henri Dützschhold, d’après son tableau. —(Salon de 1890.)
La baronne Herminie de Preuschen expose un tableau un peu théâtral : Mors imperator.
La Mort, la tête ceinte de la couronne à rais des Césars de la décadence, et couverte de la
pourpre, secoue le trône d’où glissent le sceptre et le diadème. Quel malheur que ce ne soit pas
là, au lieu d’un tableau, un poème, avec des stances aiguisées par Henri Heine!
Nous craindrions de nous ranger au nombre des simples en insistant longuement sur la
Mélancolie, de M. Henner. Elle ne nous apprend rien de nouveau ni sur la mélancolie, ni sur
M. Henner, cette ligure à la gorge drôlement plantée, dont la chevelure ruisselle en copeaux
d'acajou. Ce qu’on est convenu d’appeler le blanc de l’œil est ici d’un beau bleu, le bleu de cette
petite mare, qui a sa place dans beaucoup des anciens tableaux de M. Henner. Et dire que l’on
a fréquemment, à propos de produits ainsi manufacturés, prononcé par sacrilège les noms du
Corrège et de Léonard de Vinci !
Dans quelle catégorie faut-il ranger les deux figures exposées par M. Tony Robert-Fleury :