SALON DE 1890.
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célébrées par lui. Pendant la guerre, notamment, elle alla, sans craindre les privations, les
souffrances et les insultes, soigner et soulager les pauvres petits soldats français, captifs dans la
dure et froide Allemagne. Mlle Beaury-Saurel a représenté Mme Cahen en noir, avec son ruban
rouge de la Légion d’honneur, un couteau à papier entre les doigts, accoudée à un bureau. Les
cheveux ont blanchi, mais le corps est resté svelte et plein. La figure est sereine, grave sans
tristesse, sérieuse sans vaine austérité. Il y a une mansuétude infinie dans ce visage, dans ces
yeux qui ont reflété tant de pénibles spectacles. On sent que ces formes gracieuses servent
d’enveloppe à ce que l’on peut appeler vraiment a une belle âme », singulièrement profonde.
Et combien il faut admirer la jeune fille qui, en maîtrisant si bien les éléments de son art.
L’Équinoxe .
Dessin de G. E. Le Sénéchal de Kerdréoret, d'après son tableau. — (Salon de 1890.)
trouve moyen de nous révéler avec tant de force réglée, tranquille, un être moral d'une essence
si rare et si haute !
M. Desvallières est élève de MM. Gustave Moreau et Élie Delaunay; cela fait, sur le livret,
l’effet d’un véritable titre de noblesse. Son étude de femme en robe bleue, assise sur un canapé,
tenant un livre d’une main, l’autre main pendante, est un morceau de valeur : les mains surtout
sont exquises. M. Desvallières expose une œuvre plus importante et. plus poussée, le portrait de
M. Henry de Chennevières. En tenue de soirée, habit noir, gilet blanc et culotte, M. de
Chennevières est assis, un petit verre entre les doigts, non loin d’une tasse à café vide, dans un
intérieur luxueux. L’attitude est pleine de naturel et de souplesse; le visage, la chevelure et la
barbe blondes, sont excellemment traités. Ici aussi il faut reconnaître ce don supérieur d’observa-
tion et de pénétration, absolument refusé à certains peintres qui, peignant d’une manière exacte
Tome XLVIII. 36
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célébrées par lui. Pendant la guerre, notamment, elle alla, sans craindre les privations, les
souffrances et les insultes, soigner et soulager les pauvres petits soldats français, captifs dans la
dure et froide Allemagne. Mlle Beaury-Saurel a représenté Mme Cahen en noir, avec son ruban
rouge de la Légion d’honneur, un couteau à papier entre les doigts, accoudée à un bureau. Les
cheveux ont blanchi, mais le corps est resté svelte et plein. La figure est sereine, grave sans
tristesse, sérieuse sans vaine austérité. Il y a une mansuétude infinie dans ce visage, dans ces
yeux qui ont reflété tant de pénibles spectacles. On sent que ces formes gracieuses servent
d’enveloppe à ce que l’on peut appeler vraiment a une belle âme », singulièrement profonde.
Et combien il faut admirer la jeune fille qui, en maîtrisant si bien les éléments de son art.
L’Équinoxe .
Dessin de G. E. Le Sénéchal de Kerdréoret, d'après son tableau. — (Salon de 1890.)
trouve moyen de nous révéler avec tant de force réglée, tranquille, un être moral d'une essence
si rare et si haute !
M. Desvallières est élève de MM. Gustave Moreau et Élie Delaunay; cela fait, sur le livret,
l’effet d’un véritable titre de noblesse. Son étude de femme en robe bleue, assise sur un canapé,
tenant un livre d’une main, l’autre main pendante, est un morceau de valeur : les mains surtout
sont exquises. M. Desvallières expose une œuvre plus importante et. plus poussée, le portrait de
M. Henry de Chennevières. En tenue de soirée, habit noir, gilet blanc et culotte, M. de
Chennevières est assis, un petit verre entre les doigts, non loin d’une tasse à café vide, dans un
intérieur luxueux. L’attitude est pleine de naturel et de souplesse; le visage, la chevelure et la
barbe blondes, sont excellemment traités. Ici aussi il faut reconnaître ce don supérieur d’observa-
tion et de pénétration, absolument refusé à certains peintres qui, peignant d’une manière exacte
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