SALON DE 1890.
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berceau, une femme est occupée à lire ; auprès d’elle, à terre, est une ombrelle rouge tendue,
tandis que, dans le jardin très éclairé, se dispersent les taches des fleurs, des verdures intenses,
des ombres d’arbres sur le sable.
M. Delaplanche n’est pas seulement un excellent sculpteur. C’est aussi un peintre d’une
valeur réelle. Elle est d’un sentiment très artistique, cette petite toile : la Route de Combs-la-
Ville à Quincy ; une meule, un chemin où s’avance un chariot attelé d’un âne, le tout rendant
avec relief cette charmante nature des environs de Paris, à laquelle notre grande école de
paysagistes modernes a dû tant de belles oeuvres.
Avec M. Jacomin, nous revenons à cette terre de Fontainebleau, qui a inspiré de si jolies
pages à Michelet dans sa Renaissance et dans le début de l’Insecte, ainsi qu’à M. Taine dans
ses notes de Frédéric-Thomas Graindorge. M. Jacomin rend à merveille ce beau ciel azuré, ces
Le Plateau de Combs-la-Vjlle.
Dessin d’Ernest Le Villain, d’après son tableau. — (Salon de 1890.)
verdures qui filtrent les rayons, ces troncs droits et ronds, pareils à de hautes colonnes, ces
puissantes arborescences, le luxe et la fête mystérieuse de sève et de lumière que recèlent les
coins perdus de l'antique forêt.
Citons Pâture d’automne; bords du Loing, de M. Watelin, des vaches dans un beau cadre
de paysage ; — l’Étang de Cernay ; fin de journée, grand paysage envahi par l'ombre du soir
et signé de M. Yon, qui a aussi envoyé un autre ouvrage considérable : la Loire, à Vouvray ;
— la Moisson, à Marquillies, œuvre forte et distinguée de M. Henry Pluchart.
M. Harpignies expose un paysage digne d’être placé parmi ses meilleures œuvres, bien qu’il
y règne par endroits un certain ton un peu trop « bleuâtre », pour employer l’expression qui,
avec « regard direct », forme le fond du vocabulaire dans le Dominique de Fromentin. —
M. Jan-Monchablon a peint deux tableaux fort remarquables, l'un surtout, une plaine avec un
bouquet de bois, teint du vert intense et nourri de l’été. Il y a là ce qu’on pourrait appeler de
la personnalité, c'est-à-dire, pour parler en termes exacts, l’aptitude, non à transfigurer la nature,
mais à mettre en saillie un de ses caractères de préférence aux autres. — La Moisson, de
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berceau, une femme est occupée à lire ; auprès d’elle, à terre, est une ombrelle rouge tendue,
tandis que, dans le jardin très éclairé, se dispersent les taches des fleurs, des verdures intenses,
des ombres d’arbres sur le sable.
M. Delaplanche n’est pas seulement un excellent sculpteur. C’est aussi un peintre d’une
valeur réelle. Elle est d’un sentiment très artistique, cette petite toile : la Route de Combs-la-
Ville à Quincy ; une meule, un chemin où s’avance un chariot attelé d’un âne, le tout rendant
avec relief cette charmante nature des environs de Paris, à laquelle notre grande école de
paysagistes modernes a dû tant de belles oeuvres.
Avec M. Jacomin, nous revenons à cette terre de Fontainebleau, qui a inspiré de si jolies
pages à Michelet dans sa Renaissance et dans le début de l’Insecte, ainsi qu’à M. Taine dans
ses notes de Frédéric-Thomas Graindorge. M. Jacomin rend à merveille ce beau ciel azuré, ces
Le Plateau de Combs-la-Vjlle.
Dessin d’Ernest Le Villain, d’après son tableau. — (Salon de 1890.)
verdures qui filtrent les rayons, ces troncs droits et ronds, pareils à de hautes colonnes, ces
puissantes arborescences, le luxe et la fête mystérieuse de sève et de lumière que recèlent les
coins perdus de l'antique forêt.
Citons Pâture d’automne; bords du Loing, de M. Watelin, des vaches dans un beau cadre
de paysage ; — l’Étang de Cernay ; fin de journée, grand paysage envahi par l'ombre du soir
et signé de M. Yon, qui a aussi envoyé un autre ouvrage considérable : la Loire, à Vouvray ;
— la Moisson, à Marquillies, œuvre forte et distinguée de M. Henry Pluchart.
M. Harpignies expose un paysage digne d’être placé parmi ses meilleures œuvres, bien qu’il
y règne par endroits un certain ton un peu trop « bleuâtre », pour employer l’expression qui,
avec « regard direct », forme le fond du vocabulaire dans le Dominique de Fromentin. —
M. Jan-Monchablon a peint deux tableaux fort remarquables, l'un surtout, une plaine avec un
bouquet de bois, teint du vert intense et nourri de l’été. Il y a là ce qu’on pourrait appeler de
la personnalité, c'est-à-dire, pour parler en termes exacts, l’aptitude, non à transfigurer la nature,
mais à mettre en saillie un de ses caractères de préférence aux autres. — La Moisson, de