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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Les ouvrages de peinture, sculpture et gravure exposés au Champ de Mars
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0286

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L’ART.

supérieur, un tout petit nombre d’hommes de talent et plus d’une médiocrité malheureusement.

La note la plus nouvelle, la plus réellement intéressante est donnée par un étranger,
M. Constantin Meunier, directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Louvain. Peintre et sculp-
teur, cet artiste, qui fait grand honneur à la Belgique, est un convaincu qui ne recherche en
aucune façon les succès à la mode. Penseur sérieux, il s’est senti irrésistiblement attiré par
l’étude des humbles et plus spécialement du rude labeur, du labeur pénible entre tous, de
l’ouvrier des usines, de l'ouvrier des forges et des charbonnages surtout. C’est au pinceau qu’il a
d’abord demandé l’interprétation de sa pensée; ses tableaux, malgré leur sérieux mérite d’obser-
vation, n’étaient point destinés à le mettre
hors de pair, mais dès qu’il aborda la
sculpture, tout juge clairvoyant reconnut
qu’une personnalité remarquable ne tar-
derait probablement pas à se dégager de
ces premiers essais. Cet espoir est au-
jourd’hui pleinement réalisé et M. Cons-
tantin Meunier, instruit par l’exemple de
Barye dont les petits bronzes ont plus
fait pour sa renommée que ses oeuvres
de vastes proportions, vient, à son tour,
nous montrer une série de créations de
modestes dimensions, mais de grand carac-
tère. Ses quatre figurines : Marteleur,
Souffleur de verre. Débardeur du port
d’Anvers et Pêcheur Boulonais, respirent
à la fois la force qu’exige un écrasant
travail de tous les jours et la fatigue
croissante qu’il imprime sur l’être tout
entier. M. Meunier procède excellemment
par grandes lignes qui revêtent de style
les types les plus vulgaires sans en altérer
la robuste réalité. C’est à la fois le poème
de l’énergie matérielle et de la misère
héréditaire qu'il retrace avec une sobre
vigueur dont l’effet est profond. Son
buste de Pudleur, grandeur nature, est
emprunté à la statue de l’artiste qui obtint
le succès le plus justifié; on n’a jamais
mieux traduit l’anéantissement, en quel-
que sorte, de l’intelligence par l'étreinte
incessante de la lutte pour la vie sous sa
forme presque la plus bestiale ; c'est la
plus complète personnification du travail
sous son aspect le plus brutal et c’est ou
jamais un triomphe de l’art de captiver l’attention au moyen d’éléments qui, entre les mains
d’un homme ordinaire, ne produiraient qu’une création repoussante.

Il y a une telle intensité d’expression dans les bronzes de M. Meunier que c est ma
ferme conviction — ils ne peuvent tarder à être vivement recherchés bien au delà des frontières
de sa patrie.

Un compatriote de M. Constantin Meunier, M. Devillez, — lui aussi, a beaucoup de talent,
— s'est borné à des envois qui, pour un artiste de cette valeur, constituent de simples cartes de
visite.

Débardeur du port d’Anvers.

Dessin de Constantin Meunier, d'après son bronze expose’ au Champ de Mars.
 
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