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L’ART.
Bronze ou marbre, tout acquiert, sous la main de Rodin, une maîtrise incontestée ; mais il
n'en résulte pas que le génie consiste à mettre la chute des reins principalement en lumière au
détriment du visage humain.
Autre chose. M. Rodin doit se contenter d’être lui, une personnalité di primo cartello, et
se garder d'engendrer des sous-Rodin. Rien de plus désolant en art que les pasticheurs,
et l’influence de Rodin s'est fatalement exercée dans ce sens au terrible dam de M. Jules
Desbois, qui, à la veille d'être quelqu’un, s’est mis tout à coup à traiter le morceau à l’instar
de Rodin, pour accoucher finalement au Champ de Mars d’un énorme groupe : la Mort, piètre-
ment composé, et dont les puissants mérites de rendu ne réussissent point à atténuer l’horreur ;
la faute en est surtout au manque radical de style. Ce n’est plus du Desbois; ce n’est pas
complètement du Rodin ; cela ne vaut que par fragments.
Monsieur Jules Desbois, hâtez-vous de redevenir vous-même. Il en est encore temps. Vous
valez trop personnellement pour vous réduire à l’état de clair de lune.
M. Jean Baffier n’a exposé que dix-huit œuvres, — tout un atelier; — il y a du talent
dans tout cela, mais rien de transcendant ni rien de bien original.
La sculpture de Mme Besnard est très préférable aux méchants feux d’artifice que tire en
peinture son mari, avide de perdre les dons précieux que la trop indulgente nature n’avait pas
ménagé à ce casse-cou volontaire.
MM. Cazin père et fils, en tant que statuaires, agiraient sagement en prenant des leçons
de Mme Marie Cazin.
A citer ensuite un gracieux buste de M. Rozet, — Gaston, si je ne me trompe ; —
« Bonsoir, maman, » est élégamment composé et bien modelé ; — Perversité, par M. Ringel,
statue que nous retrouvons ici en bronze, et des bustes et médaillons traités avec esprit par le
même sculpteur; — enfin, la Dernière Nymphe, par M. E. J. Michel-Malherbe, un jeune
homme d’avenir.
(A suivre.) BaUL LeROï.
L’ART.
Bronze ou marbre, tout acquiert, sous la main de Rodin, une maîtrise incontestée ; mais il
n'en résulte pas que le génie consiste à mettre la chute des reins principalement en lumière au
détriment du visage humain.
Autre chose. M. Rodin doit se contenter d’être lui, une personnalité di primo cartello, et
se garder d'engendrer des sous-Rodin. Rien de plus désolant en art que les pasticheurs,
et l’influence de Rodin s'est fatalement exercée dans ce sens au terrible dam de M. Jules
Desbois, qui, à la veille d'être quelqu’un, s’est mis tout à coup à traiter le morceau à l’instar
de Rodin, pour accoucher finalement au Champ de Mars d’un énorme groupe : la Mort, piètre-
ment composé, et dont les puissants mérites de rendu ne réussissent point à atténuer l’horreur ;
la faute en est surtout au manque radical de style. Ce n’est plus du Desbois; ce n’est pas
complètement du Rodin ; cela ne vaut que par fragments.
Monsieur Jules Desbois, hâtez-vous de redevenir vous-même. Il en est encore temps. Vous
valez trop personnellement pour vous réduire à l’état de clair de lune.
M. Jean Baffier n’a exposé que dix-huit œuvres, — tout un atelier; — il y a du talent
dans tout cela, mais rien de transcendant ni rien de bien original.
La sculpture de Mme Besnard est très préférable aux méchants feux d’artifice que tire en
peinture son mari, avide de perdre les dons précieux que la trop indulgente nature n’avait pas
ménagé à ce casse-cou volontaire.
MM. Cazin père et fils, en tant que statuaires, agiraient sagement en prenant des leçons
de Mme Marie Cazin.
A citer ensuite un gracieux buste de M. Rozet, — Gaston, si je ne me trompe ; —
« Bonsoir, maman, » est élégamment composé et bien modelé ; — Perversité, par M. Ringel,
statue que nous retrouvons ici en bronze, et des bustes et médaillons traités avec esprit par le
même sculpteur; — enfin, la Dernière Nymphe, par M. E. J. Michel-Malherbe, un jeune
homme d’avenir.
(A suivre.) BaUL LeROï.