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L'ART.
Jean, posée dans un plat, s’éclaire, sur la table où on l’a placée, d’un nimbe mystique, dont la
force rayonnante bouleverse autour d’elle les vases aux formes délicates. Avions-nous tort de
dire que M. Courselles-Dumont nous remémorait le curieux et splendide syncrétisme de ce
Gustave Moreau, un peu kabbaliste et gnostique, dont les formules prodigieusement érudites,
fécondes en ivresses et en vertiges, sont celles d’une sorte de Klingsor, de mage reclus, au milieu
des prestiges, dans une tour enchantée ?
M. Gaston Adam expose Trois aquarelles, d’un faire un peu sec peut-être, mais d’une qualité
fine. Signalons principalement la première : Villefranche, ce village avec son clocher et sa rue
qui se creuse, cerné dans la montagne. M. de Champeaux, dans son Lac de Garde, près Riva,
nous montre une belle eau d’un bleu intense, ceinte de hauteurs, d'abrupts et puissants rochers.
Dans le Prieuré, à Montmort, de M. Henriet, nous voyons, avec ses étais, une vieille construc-
tion ecclésiastique ressemblant, comme on l’a dit à propos des cathédrales gothiques, à un animal
dont les organes s’appuieraient sur un squelette extérieur. L’Etang du Foreq, de M. Porcher,
Environs de Jarnac (Charente).
Dessin de Ferdinand Attendu, d’après son pastel.
nous présente un paysage où la note aquatique domine, vaste ligne d’eau d’aspect tranquille,
rehaussée par de grands arbres et des verdures claires. Citons aussi l’Automne, de M. Le Villain,
un sol jonché de feuilles mortes, de belles fleurs dans des pots, et les sabots du jardinier non
loin de sa pelle et de sa brouette. Les Ruines de la Cour des Comptes, de M. Lecomte, font
passer devant nos regards, par un singulier mirage, l’image de quelque palais romain à arcades
de l’époque de Dioclétien, d’une basilique où l'on pourrait chercher l’empreinte des pieds de
cette sainte Fabiola qui, avant sa conversion, aima tant, dit saint Jérôme, les joyaux et les
parfums.
Mme Marie Fauré est la fille d’un des maîtres de la sculpture, M. Frémiet, et la femme de
Gabriel Fauré, le musicien délicieux dont la tendre imagination rappelle parfois celle de Robert
Schumann; elle a signé un morceau excellemment artistique, intitulé : Hortensia; l’exécution est
remarquable par la décision et la franchise ; tige, feuilles et fleurs, les diverses parties de l’être
végétal sont rendues avec le sentiment « ingénu, sincère », qu’affectionnait Goethe dans la repré-
sentation de la nature.
N’omettons point l’Allée de marronniers, à Petit-Bourg, par Mme Marguerite de Kermain-
L'ART.
Jean, posée dans un plat, s’éclaire, sur la table où on l’a placée, d’un nimbe mystique, dont la
force rayonnante bouleverse autour d’elle les vases aux formes délicates. Avions-nous tort de
dire que M. Courselles-Dumont nous remémorait le curieux et splendide syncrétisme de ce
Gustave Moreau, un peu kabbaliste et gnostique, dont les formules prodigieusement érudites,
fécondes en ivresses et en vertiges, sont celles d’une sorte de Klingsor, de mage reclus, au milieu
des prestiges, dans une tour enchantée ?
M. Gaston Adam expose Trois aquarelles, d’un faire un peu sec peut-être, mais d’une qualité
fine. Signalons principalement la première : Villefranche, ce village avec son clocher et sa rue
qui se creuse, cerné dans la montagne. M. de Champeaux, dans son Lac de Garde, près Riva,
nous montre une belle eau d’un bleu intense, ceinte de hauteurs, d'abrupts et puissants rochers.
Dans le Prieuré, à Montmort, de M. Henriet, nous voyons, avec ses étais, une vieille construc-
tion ecclésiastique ressemblant, comme on l’a dit à propos des cathédrales gothiques, à un animal
dont les organes s’appuieraient sur un squelette extérieur. L’Etang du Foreq, de M. Porcher,
Environs de Jarnac (Charente).
Dessin de Ferdinand Attendu, d’après son pastel.
nous présente un paysage où la note aquatique domine, vaste ligne d’eau d’aspect tranquille,
rehaussée par de grands arbres et des verdures claires. Citons aussi l’Automne, de M. Le Villain,
un sol jonché de feuilles mortes, de belles fleurs dans des pots, et les sabots du jardinier non
loin de sa pelle et de sa brouette. Les Ruines de la Cour des Comptes, de M. Lecomte, font
passer devant nos regards, par un singulier mirage, l’image de quelque palais romain à arcades
de l’époque de Dioclétien, d’une basilique où l'on pourrait chercher l’empreinte des pieds de
cette sainte Fabiola qui, avant sa conversion, aima tant, dit saint Jérôme, les joyaux et les
parfums.
Mme Marie Fauré est la fille d’un des maîtres de la sculpture, M. Frémiet, et la femme de
Gabriel Fauré, le musicien délicieux dont la tendre imagination rappelle parfois celle de Robert
Schumann; elle a signé un morceau excellemment artistique, intitulé : Hortensia; l’exécution est
remarquable par la décision et la franchise ; tige, feuilles et fleurs, les diverses parties de l’être
végétal sont rendues avec le sentiment « ingénu, sincère », qu’affectionnait Goethe dans la repré-
sentation de la nature.
N’omettons point l’Allée de marronniers, à Petit-Bourg, par Mme Marguerite de Kermain-