L'ART.
270
« Des peintres ont mis de la vraie dentelle sur des por-
traits. Ce n’était pas plus nature que le poivre. Observer
et réfléchir : voilà la force et la vie d’un artiste.
« La nature paraît simple parce qu’elle est puissante.
Si vous êtes simple sans être fort, vous n'êtes pas nature.
De même que vous mettez dans, votre tableau la variété
sans mettre l’unité, qui n’est autre chose que l’harmonie,
vous n’êtes pas nature puisque la nature est variée et har-
monieuse. »
(Conversation avec Sensier.)
« Même en plein midi, les rayons du soleil ne donnent
qu’une lumière verdâtre et luride.
« Lurida Lux. »
« Ce que l’Homme touche, il en est maître. Mais le
ciel bleu, sans nuages, ce puits de lumière, est impalpable,
infaisable, insondable. »
« Claude peignait l’ombre sur
la lumière. »
« Un détail poussé jusqu’au
fanatisme de l’œuvre sous la lu-
mière peut donner l’idée de l’in-
fini. »
« Le secret des lumineux.
Claude, Rembrandt, Titien, c’est
de faire la lumière avec une forte
demi-teinte, ce qui les amène à des
ombres douces, parce que le blanc
attire le noir. »
« Quand le soleil se baisse et
frise les sillons, les ornières, les
petites aspérités, la lumière est plus
colorée que l’ombre. Voilà le prin-
cipe des ombres douces. »
« Dans la palette, le noir et le
blanc sont les deux négatives et
peuvent être regardés comme
n’étant plus une couleur. Le grand
principe de la coloration doit tendre
toujours à supprimer le noir et le
blanc. »
Type du Berry' (1834). — Dessin de Jules Dupré
« La démocratie en théorie, c’est
la justice. En pratique, c’est la fin de tout. »
« Le Bourgeois! c’est celui qui ne cherche qu’a gagner
de l’argent. »
« J'aurai peut-être un morceau de pain, quand je n’au-
rai plus de dents. »
« Les peintres font de la peinture dans leurs bons et
leurs mauvais jours, mais ils ne font de l’eau-forte que
dans leurs bons jours. »
(Lettre à Charles Blanc.)
« . Je vous engage à vous mettre à peindre au plus
vite, et n’importe quoi. L’art est un, ne mettez pas votre
sentiment au régime. Faites tout ce qu’il vous plaira, et,
si vous avez trouvé dans mes conseils quelques bonnes
choses, servez-vous-en. Vous avez un Musée de vieux
maîtres. Visitez-le souvent, vous y puiserez les meilleures
leçons qui se puissent donner, et j’ai l’espoir que vous
y trouverez l’application de plus d’un de mes préceptes.
« . Peindre l’air, peindre la lumière, deux choses
complètement immatérielles, c’est à devenir fou. N’ou-
blions pas cependant que l’homme est fait pour la lutte, et
qu’il n’y a que les cerveaux vides et les cœurs froids qui
évitent en ce monde de transition les tortures morales. »
(Lettre à M. Freloff.)
X
LE PASSEPORT DE DUPRÉ
Nous avons raconté comment Dupré avait, en 1844,
fait le voyage des Pyrénées. Voici les indications du passe-
port à lui délivré le Ier avril 1844, à Paris, et qui fut visé
à Bayonne le 23 septembre 1844.
SIGNALEMENT
Age : trente-deux ans;
Taille: 1 m. 70 cent.;
Cheveux : châtains clairs ;
Front : moyen ;
Sourcils : châtains ;
Yeux : gris bleus ;
Ne$ : aquilin ;
Bouche : moyenne ;
Barbe : blonde ;
Menton : rond ;
Visage : ovale ;
Teint : ordinaire.
XI
LA VENTE DE L’ATELIER
DE JULES DUPRÉ
Cette vente a eu lieu le jeudi
3o janvier 1890, à la Galerie
Georges Petit, par les soins de
Me Paul Chevallier, commissaire-
priseur. Elle a produit 208,760 fr
En voici le détail :
TABLEAUX ET ÉTUDES
PAR JULES DUPRÉ
1. La Rentrée à la ferme ; soleil
couchant. — 20,000 fr. ; adjugée à
M. le duc d’Aumale ; c’est la der-
nière œuvre de Jules Dupré.
2. Le Repos des moissonneurs.
— 4,100 fr. Cette toile avait été commandée à l’artiste, en
1842, par le duc d’Orléans, quelques mois avant sa mort,
et Jules Dupré avait tenu à la garder après la catastrophe.
3. Les Trois Arbres ; environs de Chdteauroux. —
8,000 fr.
4. Un Moulin, au Crotoy. — 5,25o fr.
5. Bords de rivière, le soir. — 10,400 fr.
6. Route à Hautebut [Somme). — 5,3oo fr.
7. Sous bois ; forêt de l’Isle-Adam. — 10,100 fr.
8. La Mare aux canards ; effet de nuit; Cayeux-sur-
Mer. — 2,15o fr.
9. Pleine mer. — 5,5oo fr.
10. Une Allée ; le Marais, près Cayeux sur-Mer. —
2,600 fr.
1 1. Plaine de l’Église; Cayeux-sur-Mer. — 2,oo5 fr. •
12. Route de Brutelles [Sommé). — 3,700 fr.
13. Cabanes au Marais, près Cayeux-sur-Mer. —
4,3oo fr.
14. Cour de ferme, au Marais, près Cayeux-sur-Mer.
—- 2,100 fr.
270
« Des peintres ont mis de la vraie dentelle sur des por-
traits. Ce n’était pas plus nature que le poivre. Observer
et réfléchir : voilà la force et la vie d’un artiste.
« La nature paraît simple parce qu’elle est puissante.
Si vous êtes simple sans être fort, vous n'êtes pas nature.
De même que vous mettez dans, votre tableau la variété
sans mettre l’unité, qui n’est autre chose que l’harmonie,
vous n’êtes pas nature puisque la nature est variée et har-
monieuse. »
(Conversation avec Sensier.)
« Même en plein midi, les rayons du soleil ne donnent
qu’une lumière verdâtre et luride.
« Lurida Lux. »
« Ce que l’Homme touche, il en est maître. Mais le
ciel bleu, sans nuages, ce puits de lumière, est impalpable,
infaisable, insondable. »
« Claude peignait l’ombre sur
la lumière. »
« Un détail poussé jusqu’au
fanatisme de l’œuvre sous la lu-
mière peut donner l’idée de l’in-
fini. »
« Le secret des lumineux.
Claude, Rembrandt, Titien, c’est
de faire la lumière avec une forte
demi-teinte, ce qui les amène à des
ombres douces, parce que le blanc
attire le noir. »
« Quand le soleil se baisse et
frise les sillons, les ornières, les
petites aspérités, la lumière est plus
colorée que l’ombre. Voilà le prin-
cipe des ombres douces. »
« Dans la palette, le noir et le
blanc sont les deux négatives et
peuvent être regardés comme
n’étant plus une couleur. Le grand
principe de la coloration doit tendre
toujours à supprimer le noir et le
blanc. »
Type du Berry' (1834). — Dessin de Jules Dupré
« La démocratie en théorie, c’est
la justice. En pratique, c’est la fin de tout. »
« Le Bourgeois! c’est celui qui ne cherche qu’a gagner
de l’argent. »
« J'aurai peut-être un morceau de pain, quand je n’au-
rai plus de dents. »
« Les peintres font de la peinture dans leurs bons et
leurs mauvais jours, mais ils ne font de l’eau-forte que
dans leurs bons jours. »
(Lettre à Charles Blanc.)
« . Je vous engage à vous mettre à peindre au plus
vite, et n’importe quoi. L’art est un, ne mettez pas votre
sentiment au régime. Faites tout ce qu’il vous plaira, et,
si vous avez trouvé dans mes conseils quelques bonnes
choses, servez-vous-en. Vous avez un Musée de vieux
maîtres. Visitez-le souvent, vous y puiserez les meilleures
leçons qui se puissent donner, et j’ai l’espoir que vous
y trouverez l’application de plus d’un de mes préceptes.
« . Peindre l’air, peindre la lumière, deux choses
complètement immatérielles, c’est à devenir fou. N’ou-
blions pas cependant que l’homme est fait pour la lutte, et
qu’il n’y a que les cerveaux vides et les cœurs froids qui
évitent en ce monde de transition les tortures morales. »
(Lettre à M. Freloff.)
X
LE PASSEPORT DE DUPRÉ
Nous avons raconté comment Dupré avait, en 1844,
fait le voyage des Pyrénées. Voici les indications du passe-
port à lui délivré le Ier avril 1844, à Paris, et qui fut visé
à Bayonne le 23 septembre 1844.
SIGNALEMENT
Age : trente-deux ans;
Taille: 1 m. 70 cent.;
Cheveux : châtains clairs ;
Front : moyen ;
Sourcils : châtains ;
Yeux : gris bleus ;
Ne$ : aquilin ;
Bouche : moyenne ;
Barbe : blonde ;
Menton : rond ;
Visage : ovale ;
Teint : ordinaire.
XI
LA VENTE DE L’ATELIER
DE JULES DUPRÉ
Cette vente a eu lieu le jeudi
3o janvier 1890, à la Galerie
Georges Petit, par les soins de
Me Paul Chevallier, commissaire-
priseur. Elle a produit 208,760 fr
En voici le détail :
TABLEAUX ET ÉTUDES
PAR JULES DUPRÉ
1. La Rentrée à la ferme ; soleil
couchant. — 20,000 fr. ; adjugée à
M. le duc d’Aumale ; c’est la der-
nière œuvre de Jules Dupré.
2. Le Repos des moissonneurs.
— 4,100 fr. Cette toile avait été commandée à l’artiste, en
1842, par le duc d’Orléans, quelques mois avant sa mort,
et Jules Dupré avait tenu à la garder après la catastrophe.
3. Les Trois Arbres ; environs de Chdteauroux. —
8,000 fr.
4. Un Moulin, au Crotoy. — 5,25o fr.
5. Bords de rivière, le soir. — 10,400 fr.
6. Route à Hautebut [Somme). — 5,3oo fr.
7. Sous bois ; forêt de l’Isle-Adam. — 10,100 fr.
8. La Mare aux canards ; effet de nuit; Cayeux-sur-
Mer. — 2,15o fr.
9. Pleine mer. — 5,5oo fr.
10. Une Allée ; le Marais, près Cayeux sur-Mer. —
2,600 fr.
1 1. Plaine de l’Église; Cayeux-sur-Mer. — 2,oo5 fr. •
12. Route de Brutelles [Sommé). — 3,700 fr.
13. Cabanes au Marais, près Cayeux-sur-Mer. —
4,3oo fr.
14. Cour de ferme, au Marais, près Cayeux-sur-Mer.
—- 2,100 fr.