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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0327

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LA RELIGION, LE CULTE ET LE PRÊTRE. 277
entre chaque morceau musical, les mérites de sainte Eulalie, dont
l'image, la vie, les médailles se vendent à profusion, sur de petites
tables, dressées au fond ainsi qu'au pourtour extérieur du sanctuaire.
A Valence, j'ai vu promener de la même manière, la statue d'argent
de saint Vincent Ferrer; à Saint-Jacques de Compostelle, la statue de
Santiago; à Tolède, la Vierge 1 ; j'ai vu les pompes de la Fête-Dieu,
lorsque l'Espagne possédait encore son armée de lévites blancs, gris,
bleus, noirs et bruns; je viens d'assister, dans Madrid, à l'accomplis-
sement d'une pratique touchante, le transport, en temps pascal, du
corps de Jésus-Christ chez les malades, et partout le même caractère de
dévotion m'a frappé : —conviction profonde chez le peuple, cérémonial
regardé comme intéressant la population tout entière, comme absor-
bant les pensées de chacun, et que le clergé dirige avec un laisser-aller,
avec une aisance qui n'existent nulle part ailleurs qu'en Italie. Ainsi,
dans une cathédrale que je ne nommerai point, ne voulant pas faire
de critique acl hominem, j'ai vu l'officiant, porteur du saint ciboire,
causer familièrement avec un autre chanoine tout le temps qu'a duré
cette cérémonie; ailleurs, j'ai vu, lorsqu'on chantait la grand'messe,
un grand contre, dans sa stalle, écrire des lettres et régler des
comptes, etc., sans que personne ait eu l'idée de trouver mauvaises des
pratiques qui nous choqueraient en France, où nous sommes cepen-
dant bien moins dévots qu'en Espagne.
Le dimanche, presque tous les magasins demeurent ouverts, presque
tous les chantiers sont occupés, au moins jusqu'à midi. Pourvu que
l'ouvrier ait entendu la messe, pourvu qu'il dise son Angeles, qu'il
communie à Pâques et qu'il fasse maigre les jours prescrits, liberté
pleine lui est laissée de travailler quand cela lui convient.
La disposition, l'ornementation des églises sont conformes au sen-
timent de ceux qui les fréquentent. Ils aiment l'éclat, l'or, les cou-
leurs heurtées; il leur faut des retables gigantesques, des autels nom-
breux, des christs et des madones bien vêtus, des saints coloriés, des
martyrs exhalant le dernier soupir au milieu de souffrances atroces et
des bourreaux dignes de ce nom. « A Malaga, dans l'église des frères

1 Voyez le chapitre intitulé les Saints d'Espagne.
 
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