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DE MADRID A TOLÈDE.
des Gotlis, au contraire, s'offrait sur la colline, ceinte d'épaisses mu-
railles dans plusieurs parties desquelles on remarque encore la main de
Wamba. Les Maures ont réédilié sur les Romains et les Gotlis, de même
que les chrétiens du moyen âge ont réédifié sur les Maures.
A la Puerta de Visagra, mot où les antiquaires veulent voir la
racine via sacra, les murailles présentent une double ligne de circon-
vallation : celle de l'intérieur, construite par Wamba, va du port d'Al-
cantara à la porte Doce Cantos, derrière el Carmen Calzado, gagne les
portes de Santa-Cruz et de Cambro, et se termine au Puente San-
Martin. La ' ligne extérieure, bâtie par Alonso YI en 1109, commence
également au pont d'Alcantara, traverse las Covacliuelas, longe la
Puerta Lodada, et rejoint l'ancienne muraille près d'el Nuncio. La
Porte-Neuve, bâtie en 1575, par ordre de Philippe II, n'offre rien de
monumental; les sculptures en sont massives et d'une exécution fort
mauvaise. A la Puerta Lodada se reconnaissent des réminiscences
arabes; à la Puerta del Cambro, dans une niche, on voit l'effigie de
sainte Léocadie, sculptée par Berruguète; enfin, avant d'abandonner
l'enceinte urbaine, nous signalerons les restes du palais-forteresse de
Wamba, œuvre du septième siècle, qui s'harmonie avec sa contem-
poraine située presque vis-à-vis, au bord du fleuve, la basilique
el Cristo de la Vega. C'est dans cette curieuse église que se trouvent
les reliques de saint Ildefonse et de sainte Léocadie, dont le culte jouit
dans toute l'Espagne, mais particulièrement à Tolède, d'une célébrité
si grande.
Voici le pont mauresque de San-Martin, étroit, très-élevé, dans la
tour duquel existe une statue de san Julian appartenant à l'école de
Berruguète. De ce point, où le Tage fort encaissé bouillonne, on
aperçoit une couche de gneiss presque perpendiculaire, avec des
veines granitiques mêlées d'énormes cristaux de quartz, de feld-
spath et de mica. Au bas de la vallée coule un ruisseau dont les
bords, servant de lavoir public, retentissent de chansons castillanes.
Pour bien voir Tolède avec son appareil de ruines, avec son gigan-
tesque Alcazar, sa roche Tarpéienne d'où les criminels étaient préci-
pités dans le fleuve, il faut suivre quelque temps le Tage, puis monter
au château de Cervantès. La vue qu'on y a nous a paru magnifique
DE MADRID A TOLÈDE.
des Gotlis, au contraire, s'offrait sur la colline, ceinte d'épaisses mu-
railles dans plusieurs parties desquelles on remarque encore la main de
Wamba. Les Maures ont réédilié sur les Romains et les Gotlis, de même
que les chrétiens du moyen âge ont réédifié sur les Maures.
A la Puerta de Visagra, mot où les antiquaires veulent voir la
racine via sacra, les murailles présentent une double ligne de circon-
vallation : celle de l'intérieur, construite par Wamba, va du port d'Al-
cantara à la porte Doce Cantos, derrière el Carmen Calzado, gagne les
portes de Santa-Cruz et de Cambro, et se termine au Puente San-
Martin. La ' ligne extérieure, bâtie par Alonso YI en 1109, commence
également au pont d'Alcantara, traverse las Covacliuelas, longe la
Puerta Lodada, et rejoint l'ancienne muraille près d'el Nuncio. La
Porte-Neuve, bâtie en 1575, par ordre de Philippe II, n'offre rien de
monumental; les sculptures en sont massives et d'une exécution fort
mauvaise. A la Puerta Lodada se reconnaissent des réminiscences
arabes; à la Puerta del Cambro, dans une niche, on voit l'effigie de
sainte Léocadie, sculptée par Berruguète; enfin, avant d'abandonner
l'enceinte urbaine, nous signalerons les restes du palais-forteresse de
Wamba, œuvre du septième siècle, qui s'harmonie avec sa contem-
poraine située presque vis-à-vis, au bord du fleuve, la basilique
el Cristo de la Vega. C'est dans cette curieuse église que se trouvent
les reliques de saint Ildefonse et de sainte Léocadie, dont le culte jouit
dans toute l'Espagne, mais particulièrement à Tolède, d'une célébrité
si grande.
Voici le pont mauresque de San-Martin, étroit, très-élevé, dans la
tour duquel existe une statue de san Julian appartenant à l'école de
Berruguète. De ce point, où le Tage fort encaissé bouillonne, on
aperçoit une couche de gneiss presque perpendiculaire, avec des
veines granitiques mêlées d'énormes cristaux de quartz, de feld-
spath et de mica. Au bas de la vallée coule un ruisseau dont les
bords, servant de lavoir public, retentissent de chansons castillanes.
Pour bien voir Tolède avec son appareil de ruines, avec son gigan-
tesque Alcazar, sa roche Tarpéienne d'où les criminels étaient préci-
pités dans le fleuve, il faut suivre quelque temps le Tage, puis monter
au château de Cervantès. La vue qu'on y a nous a paru magnifique