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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0525

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SÉVILLE. 453
du monde ancien avec le monde nouveau.... Ainsi, toujours noble, tou-
jours pompeux, le seizième siècle partant de l'Andalousie, traversait
du même pas les cathédrales et les mers ; ainsi l'or qu'il allait chercher
dans les Indes, il venait le convertir en statues, en bas-reliefs, en cise-
lures, en tableaux, en tapisseries tendues pour les fêtes patronales,
en missels où s'épuisaient la patience et la vie de plusieurs hommes.
Toutes les difficultés s'aplanissaient devant l'intelligence, ou plutôt
l'intelligence n'en admettait aucune. «Donnez-moi une femme pour
remplacer celle que j'ai perdue, deux cents cavaliers, cinq cents fan-
tassins, écrivait au roi d'Espagne le fameux don Pèdre Alvaredo, et je
pénétrerai jusqu'à la Chine1.» Cette force de volonté se rencontre à
chaque pas et partout; elle plaça l'Espagne en tête des nations euro-
péennes, Séville en tête des cités espagnoles.
Lorsqu'une fois un navire est lancé sur l'Océan, les vagues se suivent
et le navire marche, malgré des vents contraires, malgré des calmes plus
ou moins prolongés : telle chemine l'humanité. A Séville, avant que
la dernière heure du dix-huitième siècle eût sonnée, d'autres heures
s'annonçaient brillantes. On voyait paraître Francisco Pachéco, peintre
médiocre, mais bon maître et judicieux écrivain; Herrera le Vieux, pre-
mier guide de Velazquez, artiste remarquable par la vigueur de sa
touche; Juan de la Cueva, littérateur spirituel et fécond; François
Bonifacio, médecin du plus grand mérite; l'orientaliste Benoît Arias
Montano; le poëte Fernand de Herrera, surnommé le divin, et tant
d'autres. Il n'existait point dans Séville une seule branche de connais-
sances humaines qui ne fût dignement cultivée; aussi tout y était prêt
pour l'essor de Murillo.
Trois Sévillans, maîtres célèbres, Juan de Castillo, Francisco Pachéco,
Juan de las Roelas, quoiqu'ils fussent coloristes médiocres, réunissaient
alors autour d'eux quelques élèves d'avenir, parmi lesquels vinrent se
ranger Alonzo Cano, Velazquez, Zurbaran, première évolution du dix-
septième siècle; puis vingt années après, Murillo.
Cano, Velazquez, Zurbaran, dont nous avons parlé précédemment 2,
1 Lettre autographe renfermée dans les Archives des Indes, à Séville.
2 Voyez la description du musée de Madrid, p. 334 et suiv.; et notre article sur Grenade,
 
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