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Bégin, Émile Auguste Nicolas Jules; Rouargue, Émile [Ill.]; Rouargue, Adolphe [Ill.]
Voyage pittoresque en Espagne et en Portugal — Paris: Belin-Leprieur et Morizot, éditeurs, 1852

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https://doi.org/10.11588/diglit.70977#0642

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552 LETTRE A LA SOEUR MATHILDE.
seuil du lieu vénérable oi'i naquit la sainte, la santa, et je lisais au-
dessus de la porte d'une chapelle fort étroite l'inscription suivante :
En esta capilla nacio nostra Serafica Me santa Teresa de Jésus.
Doctora mistica. A 28 de marzo ano de 1515.
Cette chapelle, d'assez mauvais goût, peu digne du docteur mistique
dont elle consacre le souvenir, est ornée de vases du seizième siècle,
d'un joli Christ d'Alonzo Cano et de tableaux naïfs exécutés par un ar-
tiste espagnol du dix-septième siècle. Ces tableaux rappellent différentes
scènes de la vie de sainte Thérèse, et quelques merveilles dues à son in-
tercession puissante. L église du couvent n'a rien de remarquable qu'un
beau Christ-aux-liens, sculpture coloriée. Le retable du maître autel
représente sainte Thérèse couronnée des mains de saint Joseph et de la
Vierge. Mais les choses les plus curieuses, c'est le reliquaire, ce sont
des lettres autographes que l'on ne montre pas à tout le monde. Le reli-
quaire renferme un doigt de cette main divinement inspirée, qui traça
de si belles choses; une semelle de ses sandales; son énorme rosaire,
son bâton de voyage. En saisissant, en replaçant les reliques pour me
les montrer, l'aumônier les baisait avec respect; j'ai demandé de les
baiser aussi, et mes lèvres ont touché ces objets empreints d'une sanctifi-
cation que personne n'oserait contester.
L'écriture de sainte Thérèse, ferme, décidée, facile, presque sans ra-
tures, serait d'une lecture aisée sans les abréviations multipliées qu'on
y rencontre et sans l'absence de mots restés au bout de sa plume. Ses
ouvrages manuscrits dénotent, par la forme des lettres, dans quel rap-
port l'exercice machinal de la main pouvait se trouver avec la pensée.
Cette femme, d'une béatification presque récente, ferme l'imposant
cortège de saintes dont se glorifie l'Espagne; cortège où figurent Maria
Saltos, Isabelle de Hongrie, Técla, Eulalie, etc. Née juive, coupable
d'avoir aimé un chrétien, enfermée dans Talcazar de Ségovie, Maria
Saltos fut condamnée à mort; mais quelques heures avant son supplice
elle invoqua la Vierge qui, d'une hauteur prodigieuse, la fit descendre sur
les rives de l'Éresma. Baptisée sous le nom commémoratif de Maria del
Salto, Marie du Saut, elle mourut en odeur de sainteté vers l'an-
née 1237. Des cyprès plantés en face des carmélites déchaussées mar-
quent la trace de sa merveilleuse descente sous la conduite de la Vierge,
dont l'image fut reproduite, dit-on , par un témoin oculaire et déposée
dans une chapelle du monastère où nous l'avons vue. Sainte Isabelle de
Hongrie, belle-sœur de don Jaime d'Aragon, et qui, de ses mains royales,
pansait les blessés, secourait l'infortune, était presque la contemporaine
de Maria del Salto. Dans la cathédrale de Tarragone existent plusieurs
 
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