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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 17 (23 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0157
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ET DE LA CURIOSITÉ

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rémoise à Bamberg à cette époque : l'évêque
BcrUiold von Leiningen appartenait, lui aussi, à
la famille des comtes d'Andechs et de Meran, dont
nous avons va l'étroite parenté avec la maison de
Champagne.

**#

Tel est, dans ses grandes lignes, l'ouvrage de
M. Weese ; il est fait avec soin, bien composé et
on y trouve un assez grand nombre d'idées intéres-
santes. Nous reprocherons seulement à l'auteur
d'avoir trop sacrifié quelques-unes des œuvres
qu'il avait à étudier, ce qui donne à certains de
ses chapitres l'air d'avoir été tronqués ou faits
trop hâtivement. Nous lui reprocherons aussi
d'avoir adopté sans restrictions certaines théo-
ries exposées par M. Vœge dans son livre (d'ail-
leurs si intéressant et si personnel) sur la sculp-
ture française de l'époque romane, par exemple
en ce qui concerne l'influence de l'école proven-
çale (v. page 128). Nous aurions voulu aussi
qu'il fit mieux ressortir la valeur assez inégale
des deux maîtres de Bamberg; le premier est,
pour nous, plus puissant et plus original que le
second. Enfin, au point de vue de l'exécution ma-
térielle, M. Weese nous permettra de regretter,
d'abord, qu'il n'ait pas pu faire illustrer plus
abondamment son livre, et ensuite, qu'il ait ren-
voyé toutes ses notes à la fin du volume, arran-
gement qui rend très incommode la lecture de
son texte.

***

Nous avons cru devoir consacrer un compte
rendu très étendu au livre de M. Weese, car c'est
une des meilleures monographies qui aient encore
été consacrées à un ensemble de sculptures mé-
diévales. Il est à souhaiter que les savants fran-
çais nous donnent bientôt, sur nos grandes œu-
vres de la sculpture romane et gothique, des
travaux critiques de ce genre. Jusqu'à présent on
s'est peut-être trop occupé, en France, d'autres
parties de l'histoire de l'art, qui, si intéressantes
qu'elles soient, ne doivent cependant pas nous
faire oublier les œuvres admirables de notre
moyen âge.

C'est seulement depuis peu d'années, en effet,
que nous osons revendiquer pour l'art ancien de
notre pays le rang auquel il a droit, et cela parce
que nous commençons seulement à le connaître.
L'influence exercée, au moyen âge, par notre ar-
chitecture sur celle de tous les autres pays de
l'Europe, n'est plus, aujourd'hui, mise en doute
par personne. Mais on ne se rend pas encore un
compte exact de celle exercée parallèlement par
notre sculpture, influence toute naturelle, cepen-
dant, car la sculpture du moyen âge ne peut guère
être séparée de l'architecture.

Cette action de notre sculpture est, du reste,
assez difficile à déterminer, car cette sculpture
elle-même est encore très mal connue. Elle est,
d'ailleurs, difficile à étudier, d'abord parce que
les textes anciens qui s'y rapportent sont assez
rares et généralement vagues, ensuite parce qu'un
grand nombre d'œuvres caractéristiques ont
disparu, enfin parce que beaucoup de monuments
importants ne sont pas encore photographiés en
détail. La première de ces raisons n'est pas la
moins importante, car beaucoup d'archéologues,
insuffisamment habitués à regarder et à analyser

les monuments, se sentent comme perdus dès
qu'ils ne peuvent plus appuyer leurs raisonne-
ments sur des textes anciens ou sur les travaux
de leurs devanciers.

Aussi est-il peut-être prématuré de chercher à
déterminer dès maintenant, d'une façon précise,
l'influence exercée à l'étranger par notre sculpture
du moyen âge, étant donné que celle-ci n'a pas
encore été suffisamment étudiée : car nous
n'avons même pas, à l'heure actuelle, de bonnes
monographies critiques des principales œuvres
et des principales écoles.

Quoi qu'il en soit, nous devons suivre avec
attention les travaux de plus en plus nombreux
qui montrent peu à peu, d'une manière scientifi-
que, la part prépondérante qui revient à la
France dans le développement de l'art européen
du xn° au xvi'siècle. Ce sera bientôt une banalité
de dire que l'art français a été, pour le moyen
âge, ce que l'art grec avait été pour l'antiquité, et
ce que fut, pour la Renaissance, l'art italien, —
ce dernier étant peut-être le moins original des
trois, car il a bénéficié largement des traditions
glorieuses qui lui avaient été léguées par les deux
autres.

Jean-J. Marquet de Yasselot.

A. Mauve. — Sa vie et son oeuvre. — Album de
20 planches gravées à l'eau-forte par L. Le-
signe, avec une notice biographique par Ray-
mond Bouyer. Paris, 1898. Ch. Soccard, édi-
teur. In-4°.

Le 5 février 1888 mourait, en Hollande, un
artiste aimé de tous ses confrères et qui, par
son talent comme par son caractère, s'était fait,
parmi eux, une place d'élite. Anton Mauve n'avait
pas cinquante ans ; c'est à consacrer le souvenir
de sa trop courte vie qu'est destinée la récente
publication de M. Soccard. Avec une touchante
notice due à M. R. Bouyer, elle nous offre une
réunion de vingt eaux-fortes gravées par L. Le-
signe d'après quelques-unes des œuvres les plus
remarquables de Mauve.

Les débuts du vaillant paysagiste avaient été
bien difficiles ; mais, cédant à une vocation irrésis-
tible, il avait renoncé à une carrière honorable et
assurée pour se livrer tout entier à l'art qui
Vattirait. La volonté du jeune homme égalait
son amour de la nature, et, soutenu à ses débuts
par l'affection dévouée d'une de ses sœurs, il
avait pendant longtemps lutté, avec un courage
héroïque contre la misère, compagne de son
obscurité. Quand, à force de travail, le succès lui
était venu, succès éclatant et unanime, il n'en
avait pas longtemps joui. Mais lorsqu'il mourait,
en pleine maturité, Mauve avait, du moins, la
consolation de laisser aux siens une situation
indépendante, un nom célèbre et les amitiés les
plus enviables.

Il y a comme un reflet de cette vie héroïque,
de cette fin prématurée et de son âme tendre et
sereine dans l'œuvre d'Anton Mauve. Après
Ruysdaël, il a su exprimer, avec des traits nou-
veaux, la poétique beauté de la nature hollan-
daise dans la mélancolie de ses jours voilés et de
ses horizons familiers. C'est parmi les landes de
la Gueldre ou de la Drenthe, parmi les dunes des
environs de Scheveningue ou de Harlem, qu'il a
 
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