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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 19 (7 Mai)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0167
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N» 19. — 1898 BUREAUX : 8, RUE FAVART 7 Mai

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

Les abonnes à mie année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. | Six mois ........8 £r.

PROPOS DU JOUR

^Ynè^v générosité de M. Charles Ha-
'ÏOi*y<$ Yem met noblement la France
©lî^ï^i en possession de nombreuses
\^^J^*X œuvres de Gustave Moreau,
choisies parmi les plus saisissantes et les
plus rares. Il faut souhaiter qu'elles puissent
à bref délai, avec la Jeune fille Ihrace, être
isolées de tout voisinage dans une salle à
part du Musée du Luxembourg : nous de-
vons bien cet exceptionnel hommage à la
mémoire de Gustave Moreau qui, en léguant
à son pays les trophées de son grand labeur,
nous a délégué le soin de veiller à leur glo-
rieux rayonnement.

Quelle sérénité donne aux uns l'incons-
cience, aux autres la routine !

Le jour du vernissa/je, cinquante mille
personnes environ, parmi lesquelles plu-
sieurs milliers d'artistes, ont attaché com-
plaisamment leurs regards sur les tentures
qui décorent extérieurement les baraque-
ments volants du Salon. Bien peu dans le
nombre ont réfléchi que ces gobelins admi-
rables, placés sous l'aplomb cru d'une
lumière sans pitié, étaient publiquement
condamnés à la plus rapide des décomposi-
tions, à une mortelle épreuve d'où ils ne
pourraient sortir que méconnaissables, à
jamais torréfiés et déteints.

C'est cependant ainsi : une seule journée
d'exposition dans un pareil Sahara suffit
pour friper et pâlir une tapisserie ancienne
plus sûrement que des années de service

clans n'importe quel monument, et il n'est
pas douteux que deux mois de ce régime ne
doivent volatiliser absolument le coloris de
ces inimitables choses d'art.

Le public, ignorant complice, a continué
une semaine durant à jouir de ce plaisir né-
ronien, que M. Loviot et le conservateur du
Garde-meuble lui offraient gratis, de voir
vingt-huit tapisseries, représentant une va-
leur d'un million au bas mot, s'évapo-
rer graduellement devant lui. N'est-ce pas
l'usage que le Mobilier national prête des
tentures de Bérain, de Coypel ou do Des-
portes pour décorer les abords des exposi-
tions annuelles ?

Notre confrère Le Temps a protesté dès le
samedi 30 avril ; de nombreuses voix autori-
sées se sont élevées contre ce misérable gas-
pillage et lundi dernier on assurait que l'or-
dre était donné de retirer les pauvres mer-
veilles de la fournaise : à l'heure où nous
écrivons, elles sont encore en place, et la
tranquillité de ceux qui les vouent sciem-
ment à la destruction est si magnifique, si
intangible, qu'elle commande une sorte de
monstrueux respect.

NOUVELLES

Les deux Sociétés des Beaux-Arts réu-
nies à la Galerie des Machines ont réduit à
1 franc le prix d'entrée au Salon le vendredi :
on sait qu'en vertu d'une coutume établie, le
vendredi était, jusqu'ici, le « jour à 5 francs ».

Ajoutons que, depuis le vernissage, une
porte est ouverte permettant accès direct de
l'avenue de la Mothe-Piquet dans les salles de
la Société Nationale.
 
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