DOI Heft:
Nr. 6 (5 Février)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0051
N° 6. — 1898 BUREAUX : 8; RUE FAVART 5 Février
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
fî^i//îjS}1 st-il besoin de le dire? Nous
r^E^LiF^i avons applaudi à la foi'mation et
nous applaudissons aujourd'hui
■a l'organisation de la Commis-
sion qui se propose de protéger les res tes du
« Vieux-Paris ». Ce qui nous effraie, c'est
l'énormité de la tâche qui incombera aux
vaillants conservateurs d'une ville dont le
premier souci est de se transformer sans
cesse.
Il existait déjà une Commission d'élite
chargée de veiller aux embellissements et de
surveiller les transformations. On a dû
consulter cette dernière sur la façade de la
future gare d'Orléans au quai d'Orsay ; on
la consultera sans doute sur l'opportunité
qu'il y aurait do construire à la pointe de la
Cité une trirème de pierre pour y jucher une
contrefaçon misérable de la Victoire de
Samothraco ; mais, à vrai dire, cette langue
de terre, ces arbres du vieux Vert-Galant,
il appartient aussi bien à la Commission du
Vieux-Paris de les défendre, car l'antique
silhouette de l'île est intangible.
Société ou Commission officielle ou seule-
ment reconnue d'utilité publique, les grou-
pements do ce genre ne sont jamais investis
que d'une mince autorité consultative et l'on
sait que la Commission des monuments his-
toriques elle-même ne dispose que d'un
veto fictif. Or, dans une ville comme le
Paris de nos jours, il conviendrait plus sou-
vent d'empêcher l'édification de monuments
nouveaux que d'arrêter la démolition de mo
Comment s'opposer au prétondu embellis-
sement, d'un site parisien par l'adjonction
d'un monument postiche? Il y a même des
statues toutes faites et payées à leur auteur
suspendîtes à l'état de menace sur les empla-
cements disponibles encore en ville. Com-
ment, au nom de Paris, protester contre
l'érection projetée, dans la cour du Louvre,
d'une Jeanne d'Arc inutile? Il le faudrait
pourtant.
Il faudrait protéger non seulement les par-
ties bâties, mais aussi les perspectives, les
vastes aires vides qui ne sauraient être
remplies.
NOUVELLES
Le dimanche 30 janvier, l'Institut de
France est entré en possession du domaine
de Chantilly et de l'intégralité du legs que lui
fit le duc d'Aumale.
On vient d'exposer au Musée de Berlin
les projets envoyés au concours ouvert l'an
dernier par l'empereur d'Allemagne pour la
restauration, que nous avons annoncée (1),
de la statue dite L'Enfant de la collection
Sabouroff, auquel il manque la tète. Trente-
deux projets, envoyés par trente et un artistes,
ont été exposés; le prix a été décerné à
M. Rheinhold Begas el à M. Paul Peterich.
L'empereur d'Allemagne, que ce succès
encourage plus que jamais a continuer ces
étranges sujets de concours, a proposé, pour
l'an prochain, la reconstitution du beau torse
d'Aphrodite qui est exposé dans la salle des
Héros, au Musée de Berlin, ouvrage du m« ou
iv° siècle avant Jésus-Christ et auquel man-
quent la tète, les bras et les jambes.
(i) V. Chronique des Arts du 0 février 1897,
numents anciens. Là est le point délicat. p. 49.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PARIS ET DÉPARTEMENTS :
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PROPOS DU JOUR
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r^E^LiF^i avons applaudi à la foi'mation et
nous applaudissons aujourd'hui
■a l'organisation de la Commis-
sion qui se propose de protéger les res tes du
« Vieux-Paris ». Ce qui nous effraie, c'est
l'énormité de la tâche qui incombera aux
vaillants conservateurs d'une ville dont le
premier souci est de se transformer sans
cesse.
Il existait déjà une Commission d'élite
chargée de veiller aux embellissements et de
surveiller les transformations. On a dû
consulter cette dernière sur la façade de la
future gare d'Orléans au quai d'Orsay ; on
la consultera sans doute sur l'opportunité
qu'il y aurait do construire à la pointe de la
Cité une trirème de pierre pour y jucher une
contrefaçon misérable de la Victoire de
Samothraco ; mais, à vrai dire, cette langue
de terre, ces arbres du vieux Vert-Galant,
il appartient aussi bien à la Commission du
Vieux-Paris de les défendre, car l'antique
silhouette de l'île est intangible.
Société ou Commission officielle ou seule-
ment reconnue d'utilité publique, les grou-
pements do ce genre ne sont jamais investis
que d'une mince autorité consultative et l'on
sait que la Commission des monuments his-
toriques elle-même ne dispose que d'un
veto fictif. Or, dans une ville comme le
Paris de nos jours, il conviendrait plus sou-
vent d'empêcher l'édification de monuments
nouveaux que d'arrêter la démolition de mo
Comment s'opposer au prétondu embellis-
sement, d'un site parisien par l'adjonction
d'un monument postiche? Il y a même des
statues toutes faites et payées à leur auteur
suspendîtes à l'état de menace sur les empla-
cements disponibles encore en ville. Com-
ment, au nom de Paris, protester contre
l'érection projetée, dans la cour du Louvre,
d'une Jeanne d'Arc inutile? Il le faudrait
pourtant.
Il faudrait protéger non seulement les par-
ties bâties, mais aussi les perspectives, les
vastes aires vides qui ne sauraient être
remplies.
NOUVELLES
Le dimanche 30 janvier, l'Institut de
France est entré en possession du domaine
de Chantilly et de l'intégralité du legs que lui
fit le duc d'Aumale.
On vient d'exposer au Musée de Berlin
les projets envoyés au concours ouvert l'an
dernier par l'empereur d'Allemagne pour la
restauration, que nous avons annoncée (1),
de la statue dite L'Enfant de la collection
Sabouroff, auquel il manque la tète. Trente-
deux projets, envoyés par trente et un artistes,
ont été exposés; le prix a été décerné à
M. Rheinhold Begas el à M. Paul Peterich.
L'empereur d'Allemagne, que ce succès
encourage plus que jamais a continuer ces
étranges sujets de concours, a proposé, pour
l'an prochain, la reconstitution du beau torse
d'Aphrodite qui est exposé dans la salle des
Héros, au Musée de Berlin, ouvrage du m« ou
iv° siècle avant Jésus-Christ et auquel man-
quent la tète, les bras et les jambes.
(i) V. Chronique des Arts du 0 février 1897,
numents anciens. Là est le point délicat. p. 49.