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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 42 (31 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0387
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N" 42. — 1898

BUREAUX : 8^ RUE FAVART

31 Décembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLEMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr,

PROPOS DU JOUR

propos d'un chapitre du budget
municipal, un de nos confrères
de la presse quotidienne a mené
durement la campagne contre

les commandes faites par la Ville de Paris
aux graveurs : quarante mille francs sont,
dit-on, affectés cette année à la reproduc-
tion des peintures qui décorent l'Hôtel de
ville, et cette destination ne laisse pas que
de sembler abusive. Mais, du môme coup,
se trouve étrangement mis en cause l'art
môme de la gravure française.

Certes, la Ville de Paris pourrait répondre
qu'elle se conforme à un usage consacré.
Lorsque Louis XIV décida, A-ers 1670, la
fondation d'un recueil d'estampes appelé le
Cabinet du Roi, « afin d'encourager l'art de
la gravure et d'en continuer l'histoire », il
ordonna que les événements militaires de
son règne, les fêtes, les vues de palais, de
châteaux et de parcs, les fontaines, les bas-
sins, les tableaux, plafonds et galeries, les
statues, vases et médailles seraient repro-
duits sur cuivre. Edelinck, G. Audran,
Séb. Leclerc étaient chargés de la besogne.
Mais Paris a eu les collections et ses ar-
chives propres ; Paris a gravé aussi ses fêtes
et ses monuments.

Si l'on peut faire un reproche au corps
municipal des temps modernes, c'est do
n'avoir pas continué les séries du passé. Les
nouveaux édifices ne sont plus reproduits à
mesure qu'ils s'élèvent, et les grandes céré-
monies, les réjouissances; les événements

nationaux ne sont plus régulièrement consi-
gnés sur l'airain. Du moins, la Ville a voulu
avoir en portefeuille la reproduction gravée
des œuvres d'art d'une qualité douteuse,
niais immeubles par destination, qu'elle
vient d'accumuler à l'Hôtel de ville, et voilà
qu'elle encourt un blâme !

La querelle vient, à vrai dire, de plus loin,
et notre confrère n'est pas tant ennemi des
commandes municipales que de la gravure
de reproduction elle-même. C'est le procès
avoué delà gravure employée comme moyen
de traduction et de conservation — jusqu'à
proposer qu'on la remplace nettement par
la photographie ; — c'est l'apologie raison-
née de la gravure originale présentée comme
seule digne de porter le nom d'art.

La gravure originale, ou ce qu'on appelle
ainsi dans le jargon du jour, certes nous l'ai-
mons pour ce qu'elle vaut et nous l'avons
prouvé ; que vient-elle faire cependant en
cette histoire? Elle a été de tous les temps.
On la remet à la mode, parait-il : tant mieux ;
mais il est vraiment regrettable qu'il semble
nécessaire pour cela d'exécuter sommaire-
ment le grand art du graveur, qui ne s'im-
provise pas.

Tranchons le mot : on ne le comprend
plus. C'est un art patient, raffiné, rare, un
art d'une noblesse intime qui s'adresse aux
délicats : on feint de le trouver servile alors
qu'il est tout aristocratique, et le voici tan-
tôt qui se meurt.

Nous resterons donc les derniers à le res-
pecter et à le soutenir. La Gazelle des Beaux-
Arts est le seul recueil d'art français qui
demande aux graveurs une collaboration
continue et les estime à leur prix. Elle leur
doit la moitié de son lustre, et, grâce à nous,
peut-être, ces magnifiques ouvriers, auxquels
 
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