N« 27. — 1898
BUREAUX : 8, RUE FAVART
6 Août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année, entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr,
PROPOS DU JOUR
es jeunes gens qui concourent
pour le prix de Rome, fussent-
ils élèves de Gustave Moreau,
•~^J^S^»X qui eut une si mystérieuse intui-
tion de l'Orient, ne connaissent pas grand'-
chose aux spectacles du monde oriental, et
nous ne leur en faisons pas un crime.
Ils se sont trouvés fort empêchés cette
année pour représenter la miraculeuse pis-
cine de Bethsaïda. N'ayant pas vu les grandes
citernes de Jérusalem ni le célèbre puils de
Moïse du Caire, comment auraient-ils pu,
avec les seules notions qu'ils acquièrent au
cours d'histoire professé à l'École, reconsti-
tuer l'étrange décor de ces réservoirs où la
ville sainte recueille l'eau des neiges fon-
dues?
Ce qui nous étonne dans leur cas, c'est de
constater qu'aucun d'eux n'a va, lors des
nombreuses expositions qui en ont été faites,
les aquarelles de M. James Tissot. M. Tissot
a donné de la piscine de Sion la restitution
la plus véridique et la plus frappante.
Et ce n'est pas .seulement pour l'ordon-
nance réaliste du lieu, c'est aussi pour
l'image idéale de 1' « ange » que M. Tissot
aurait fourni à des artistes studieux une in-
dication supérieure. Hélas ! au lieu de repré-
senter le barallement, la consécration des
eaux qui sauvent par le Souille divin, c'est
à une vulgaire opération d'alchimie qu'ils
ont astreint le messager incorporel, devenu
entre leurs mains un pesant préposé au mi-
racle.
Faut-il supposer que l'œuvre de M. Tissot
a été mise à l'index dans les ateliers de
l'École, ou simplement que les concurrents
au prix de Rome ne veulent « rien savoir » ?
NOUVELLES
#*# Ont été nommés chevaliers dans l'Or-
dre de la Légion d'honneur à l'occasion des
fêtes du 14 juillet :
Par le ministère de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts : MM. Marcel Baschet, Lucien
Gros et Luigi Loir, artistes peintres; Steinheil,
peintre verrier; Gasq et Baffier, statuaires;
Bottée, graveur en médailles; Mongin, gra-
veur-aquafortiste ; Fréret, restaurateur de ta-
bleaux; Ad. Jullien, critique d'art musical;
Bobin, architecte des bâtiments civils ;
Par le ministère de la Marine : M. Dumou-
lin, artiste peintre ;
Par le ministère des Affaires étrangères :
MM. A.-H. Roberts, artiste peintre anglais, et
Manuel G. Mendez, artiste peintre espagnol.
Nous sommes heureux de trouver sur cette
liste le nom de l'excellent graveur Mongin, à
qui la Gazette des Beaux-Arts doit nombre
de planches d'un bel effet, et celui de M. Fré-
ret, que nous avons souvent eu l'occasion de
féliciter pour les restaurations de tableaux
qu'il a exécutées avec tant d'expérience dans
les musées français.
Pour compléter l'information que nous
donnions dans notre dernier numéro, nous
devons ajouter que Je monument élevé à la
Ferté-Alais à la mémoire du président Garnot
et récemment inauguré se compose d'une élé-
gante stèle en granit poli de Louvigné-du-Dé-
sert, reposant sur un socle et des gradins de
même matière. Autour de la stèle s'enroulent
BUREAUX : 8, RUE FAVART
6 Août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année, entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. | Six mois........8 fr,
PROPOS DU JOUR
es jeunes gens qui concourent
pour le prix de Rome, fussent-
ils élèves de Gustave Moreau,
•~^J^S^»X qui eut une si mystérieuse intui-
tion de l'Orient, ne connaissent pas grand'-
chose aux spectacles du monde oriental, et
nous ne leur en faisons pas un crime.
Ils se sont trouvés fort empêchés cette
année pour représenter la miraculeuse pis-
cine de Bethsaïda. N'ayant pas vu les grandes
citernes de Jérusalem ni le célèbre puils de
Moïse du Caire, comment auraient-ils pu,
avec les seules notions qu'ils acquièrent au
cours d'histoire professé à l'École, reconsti-
tuer l'étrange décor de ces réservoirs où la
ville sainte recueille l'eau des neiges fon-
dues?
Ce qui nous étonne dans leur cas, c'est de
constater qu'aucun d'eux n'a va, lors des
nombreuses expositions qui en ont été faites,
les aquarelles de M. James Tissot. M. Tissot
a donné de la piscine de Sion la restitution
la plus véridique et la plus frappante.
Et ce n'est pas .seulement pour l'ordon-
nance réaliste du lieu, c'est aussi pour
l'image idéale de 1' « ange » que M. Tissot
aurait fourni à des artistes studieux une in-
dication supérieure. Hélas ! au lieu de repré-
senter le barallement, la consécration des
eaux qui sauvent par le Souille divin, c'est
à une vulgaire opération d'alchimie qu'ils
ont astreint le messager incorporel, devenu
entre leurs mains un pesant préposé au mi-
racle.
Faut-il supposer que l'œuvre de M. Tissot
a été mise à l'index dans les ateliers de
l'École, ou simplement que les concurrents
au prix de Rome ne veulent « rien savoir » ?
NOUVELLES
#*# Ont été nommés chevaliers dans l'Or-
dre de la Légion d'honneur à l'occasion des
fêtes du 14 juillet :
Par le ministère de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts : MM. Marcel Baschet, Lucien
Gros et Luigi Loir, artistes peintres; Steinheil,
peintre verrier; Gasq et Baffier, statuaires;
Bottée, graveur en médailles; Mongin, gra-
veur-aquafortiste ; Fréret, restaurateur de ta-
bleaux; Ad. Jullien, critique d'art musical;
Bobin, architecte des bâtiments civils ;
Par le ministère de la Marine : M. Dumou-
lin, artiste peintre ;
Par le ministère des Affaires étrangères :
MM. A.-H. Roberts, artiste peintre anglais, et
Manuel G. Mendez, artiste peintre espagnol.
Nous sommes heureux de trouver sur cette
liste le nom de l'excellent graveur Mongin, à
qui la Gazette des Beaux-Arts doit nombre
de planches d'un bel effet, et celui de M. Fré-
ret, que nous avons souvent eu l'occasion de
féliciter pour les restaurations de tableaux
qu'il a exécutées avec tant d'expérience dans
les musées français.
Pour compléter l'information que nous
donnions dans notre dernier numéro, nous
devons ajouter que Je monument élevé à la
Ferté-Alais à la mémoire du président Garnot
et récemment inauguré se compose d'une élé-
gante stèle en granit poli de Louvigné-du-Dé-
sert, reposant sur un socle et des gradins de
même matière. Autour de la stèle s'enroulent