N° 9. — 1898
BUREAUX
8, RUE FAVART
26 Février
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
TARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
ï^îêéj^e n'est pas une revue d'art, mais
§t^ih$Ç> kien une ï'cvuc scientifique et
•rjfcjl»/^ spéciale, le Progrès militaire, qui,
^£^f&^2, parlant du nouveau canon de
campagne français, demande qu'un écusson,
un ornement comportant une devise soit
gravé sur l'engin. Il s'agirait de profiter de
l'emploi partiel du bronze dans la nouvelle
artillerie et, certes, nous aurions plaisir à
publier dans la Chronique les conditions du
concours qui ne manquerait pas d'être ou-
vert.
Les beaux modèles no seraient pas rares ;
il en est des styles les plus divers, depuis les
bombardes que Pisanello dessinait (voyez-
les dans le recueil Vallardi) jusqu'aux bou-
ches à feu qui dorment devant l'Hôtel des
Invalides. Sur la volée des fines pièces mo-
dernes, des inscriptions adaptées no paraî-
traient pas plus déplacées que sur les cou-
leuvrines conservées dans les armerias.....;
l'obstacle, c'est l'indifférence presque géné-
rale et parfois l'aversion que professent
pour l'art les ingénieurs, les constructeurs
et les praticiens sortis des grandes écoles
techniques.
Lorsque les Jésuites installèrent, au
xvme siècle, un observatoire à Pékin, les
Chinois fabriquèrent pour les instruments
venus d'Occident des pieds et des supports
où leurs artistes mirent toute l'ingéniosité
et toute la précision de monteurs européens,
avec tout l'art spontané et tout le caprice de
l'Extrême-Orient. Ces armatures inutiles se
voient encore, abandonnées dans un parc de
la vieille ville chinoise.
Combien de télescopes et d'instruments de
précision, combien d'armes do guerre et
d'engins de paix fabriqués dans les ateliers
et les arsenaux sans la collaboration d'au-
cune main d'artiste ! Jusque dans l'art des
devises, le secret du bien dire est perdu, ou
plutôt il n'y a plus rien à mettre en devise...
Il faut s'y résigner, car « Ceci a lue Cela »,
et « Cela » c'était l'art intimement mêlé à la
vie des peuples et ennoblissant toutes les
créations humaines.
NOUVELLES
La Chronique des Arts est heureuse de
féliciter aujourd'hui M. Auguste Marguillier,
nommé officier d'Académie, et de rappeler
combien la Gazette et la Chronique doivent
à sa collaboration éclairée et à son infati-
gable zèle.
M. Loret, le jeune savant français ré-
cemment nommé directeur des antiquités en
Egypte, a découvert à ïhèbes le tombeau de
Thoutmôs III, roi de la dix-huitième dynastie.
Les peintures de ce tombeau sont admirable-
ment conservées ; le sarcophage, formé d'une
pierre unique en son genre, est presque in-
tact. Dans d'autres chambres se trouvent d'au-
tres cercueils, probablement ceux de la femme
et de la fille de Thoutmès.
**# La galerie de l'Ermitage de Saint-
Pétersbourg vient d'acquérir les collections
du ministre russe récemment décédé, le
prince Lobanof : elles comprennent une im-
portante galerie de portraits historiques, plu-
sieurs sculptures et de nombreuses minia-
tures. On y remarque un beau buste en bronze
BUREAUX
8, RUE FAVART
26 Février
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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TARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.........12 fr. Six mois........8 fr.
PROPOS DU JOUR
ï^îêéj^e n'est pas une revue d'art, mais
§t^ih$Ç> kien une ï'cvuc scientifique et
•rjfcjl»/^ spéciale, le Progrès militaire, qui,
^£^f&^2, parlant du nouveau canon de
campagne français, demande qu'un écusson,
un ornement comportant une devise soit
gravé sur l'engin. Il s'agirait de profiter de
l'emploi partiel du bronze dans la nouvelle
artillerie et, certes, nous aurions plaisir à
publier dans la Chronique les conditions du
concours qui ne manquerait pas d'être ou-
vert.
Les beaux modèles no seraient pas rares ;
il en est des styles les plus divers, depuis les
bombardes que Pisanello dessinait (voyez-
les dans le recueil Vallardi) jusqu'aux bou-
ches à feu qui dorment devant l'Hôtel des
Invalides. Sur la volée des fines pièces mo-
dernes, des inscriptions adaptées no paraî-
traient pas plus déplacées que sur les cou-
leuvrines conservées dans les armerias.....;
l'obstacle, c'est l'indifférence presque géné-
rale et parfois l'aversion que professent
pour l'art les ingénieurs, les constructeurs
et les praticiens sortis des grandes écoles
techniques.
Lorsque les Jésuites installèrent, au
xvme siècle, un observatoire à Pékin, les
Chinois fabriquèrent pour les instruments
venus d'Occident des pieds et des supports
où leurs artistes mirent toute l'ingéniosité
et toute la précision de monteurs européens,
avec tout l'art spontané et tout le caprice de
l'Extrême-Orient. Ces armatures inutiles se
voient encore, abandonnées dans un parc de
la vieille ville chinoise.
Combien de télescopes et d'instruments de
précision, combien d'armes do guerre et
d'engins de paix fabriqués dans les ateliers
et les arsenaux sans la collaboration d'au-
cune main d'artiste ! Jusque dans l'art des
devises, le secret du bien dire est perdu, ou
plutôt il n'y a plus rien à mettre en devise...
Il faut s'y résigner, car « Ceci a lue Cela »,
et « Cela » c'était l'art intimement mêlé à la
vie des peuples et ennoblissant toutes les
créations humaines.
NOUVELLES
La Chronique des Arts est heureuse de
féliciter aujourd'hui M. Auguste Marguillier,
nommé officier d'Académie, et de rappeler
combien la Gazette et la Chronique doivent
à sa collaboration éclairée et à son infati-
gable zèle.
M. Loret, le jeune savant français ré-
cemment nommé directeur des antiquités en
Egypte, a découvert à ïhèbes le tombeau de
Thoutmôs III, roi de la dix-huitième dynastie.
Les peintures de ce tombeau sont admirable-
ment conservées ; le sarcophage, formé d'une
pierre unique en son genre, est presque in-
tact. Dans d'autres chambres se trouvent d'au-
tres cercueils, probablement ceux de la femme
et de la fille de Thoutmès.
**# La galerie de l'Ermitage de Saint-
Pétersbourg vient d'acquérir les collections
du ministre russe récemment décédé, le
prince Lobanof : elles comprennent une im-
portante galerie de portraits historiques, plu-
sieurs sculptures et de nombreuses minia-
tures. On y remarque un beau buste en bronze