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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 25 (9 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0234
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LA CHRONIQUE DES ARTS

land: deux bustes de terre cuite, Surée et Pajou,
et un Homère en marbre (nos 801-803, cat. 18:^7).
La petite terre cuite donnée par M. Worms vient
heureusement apporter à côté de ces morceaux
plus faits une ébauche du morceau de réception
de Roland.

Ajoutons, pour terminer, que cette terre cuite
provient de la collection de Jules Boilly, fils du
peintre bien connu Louis Boilly ; celui-ci fut
très amateur et collectionneur d'oeuvres d'art. Il
en récolla bon nombre dans la région du Nord,
berceau de sa famille, en vendit et en donna au
musée de Lille. On s'explique aisément dans sa
collection la présence d'une œuvre de Roland, le
compatriote, le contemporain et, fort probable-
ment, le camarade de son père.

Marcel Nioolle.

La Statue de Théodoridas

et la vénus de milo

Au commencement de l'année dernière, j'ai
publié, dans la Chronique, quelques documents
nouveaux sur la Vénus de Milo et les circons-
tances où fut découverte cette statue (1897, p. 16,
24, 42, 72, 84). Je demande la permission de résu-
mer en quelques lignes les conclusions auxquelles
je suis arrivé (1) :

1» Le rapport, enfin exhumé, du consul Brest
établit définitivement que la statue était privée
de ses bras;

2° Les dessins de M. Voutier, reproduits en
1892 par M. Ravaisson, prouvent qu'elle fut
trouvée en compagnie de deux hermès et de deux
inscriptions ;

3° L'une de ces inscriptions, signatvire d'un
artiste postérieur à l'an 260, Agesandros, était
gravée sur un bloc de marbre dans lequel était
pratiquée une cavité ; Voutier a figuré l'hermès
imberbe posé verticalement sur ce bloc de marbre;

4° L'autre inscription, portant le nom de Théo-
doridas fils de Daistratos, servait, suivant le
dessin de Voutier, de base à l'hermès barbu;
mais comme le bloc portant cette inscription
a disparu, on peut douter qu'il existât, à l'ori-
gine, un rapport quelconque entre l'inscription
et l'hermès. Ge dernier a pu fort bien, lors de la
découverte de la statue, être posé debout pour
faire pendant ,à l'hermès juvénile (2), dont le
socle portait la signature d'artiste postérieure à
l'an 260 av. J.-G.

Ge qui précède suffit à prouver que la restau-
ration de la Vénus, préconisée par M. Furt-
waengler, est absolument inadmissible. En effet,
le savant archéologue de Munich croit que la
base avec signature (perdue malheureusement
depuis plus d'un demi-siècle) s'adaptait à ce qui

(1) Voir aussi un article sur le même sujet dans
The Nation, 1897, p. 222, réimprimé dans la Re-
vue archéologique, 1897, II, p. 2b8, avec quel-
ques changements.

(2) « Je fis dresser la statue », écrit Voutier
dans sa brochure. Il a sans doute fait dresser
aussi les hermès.

reste de la base de la Vénus ; seulement, dans la
cavité que présente le bloc inscrit, il imagine
une colonnetle de marbre sur laquelle se serait
appuyé le bras gauche de la Vénus. Il est désor-
mais évident que la base inscrite n'a jamais pu
supporter qu'un hermès, et non une colonnette.
Donc, si la base inscrite s'adaptait vraiment à
celle de la Vénus, la seule restauration admis-
sible est celle de Tarral : la Vénus debout, à côté
d'un hermès, avec le bras gauche relevé et non
appuyé.

Mais, si l'on admet que la base inscrite, avec
signature d'artiste, était bien celle de la Vénus,
il faut placer cette statue après 260 av. J. G.
M. Furtwaengler, il est vrai, d'acord avec beau-
coup d'archéologues allemands, n'hésite pas à la
faire descendre jusqu'aux environs de l'an 100
avant l'ère chrétienne; mais le style du chef-
d'œuvre ne cesse de protester contre cette hypo-
thèse, que le témoignage le plus explicite (et il
n'y en a point) ne suffirait guère à nous faire ad-
mettre. Or, dans l'espèce, comme nous l'avons
montré, c'est trop peu de dire que la Vénus, au
cas où la base signée d'Agesandros serait la
sienne, devrait être attribuée à une époque bien
basse : il faudrait encore se résoudre à accepter
l'affreuse restitution de Tarral, contre laquelle le
goût de M. Furhvaengler s'est insurgé, puisqu'il
lui en a substitué une autre, d'ailleurs impossible
à défendre. Donc — et ceci est d'une rigueur
presque mathématique — les admirateurs de la
Vénus, s'ils veulent être conséquents, doivent
poser en principe que le fragment de base, avec
la signature d'Agesandros et l'hermès, n'a rien de
commun avec la statue.

D'après un dessin fait au Louvre avant la perte
ou la destruction de ce fragment, on voit que la
ligne de.brisure, sur la gauche, s'ajustait par à
peu près à la ligne suivant laquelle est brisée, à
droite, la base de la Vénus. C'est là un simple
hasard. S'il y avait eu correspondance exacte
entre les deux surfaces brisées, on les aurait re-
jointes et l'inscription ne se serait pas égarée. Il
n'y avait certainement qu'un à peu près. L'her-
mès et la base signée sont les fragments d'un
groupe quelconque; la Vénus est une figure isolée.

On savait déjà que l'on avait découvert, avec
la Vénus, des morceaux de sculpture appartenant
à d'aulres statues et à des époques diverses. C'est
pourquoi j'avais émis l'opinion, en 1890 (1), que
la niche où elle a été retrouvée avait servi de
dépôt à un chaufournier. Je maintiens cette opi-
nion, bien que feu Edmond Le Blant, dans l'in-
tervalle, ait soutenu que la Vénus avait été cachée
par quelque païen, ami du beau, au moment du
triomphe du christianisme et de la fureur icono-
claste qu'il déchaîna (2). S'il en était ainsi, on au-
rait trouvé la Vénus seule ou avec d'autres sta-
tues complètes, comme les hermès qui lui tenaient
compagnie; on ne l'aurait pas exhumée avec un
troisième bras (de dimensions trop grandes pour
la statue), un pied, des inscriptions, etc. (3).

(1) Gazette des Beaux-Arts, 1890,1, pages 376-
394.

(2) E. Le Blant, Mélanges de Rome, t. X,
page 389.

(3) Voir le témoignage de Dumont d'Urville,
Chronique des Arts, 1897, p. 23.
 
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