La chronique des arts et de la curiosité (1898)

ET DE LA

|| Revue Blanche (1er juillet). — Gomme con-
clusion à ses excellentes études, récemment ana-
lysées par nous, sur le néo-impressionnisme,
M. Paul Signac apporte, en faveur du sys-
tème de la division des couleurs employé par les
néo-impressionnistes, les témoignages des écri-
vains et des artistes — Charles Blanc, Delacroix,
Ruskin, 0. N. ïtood — qui l'ont préconisé, et
pour répondre aux objections faites à ce système,
rappelle l'opposition acharnée dont tous les no-
vateurs ont été l'objet — tel Delacroix, tel Corot,
invoqué néanmoins, plus tard, contre Claude
Monet —par suite, semble-t-il, d'une répugnance
nstinctive de l'œil de la foule pour la couleur
franche et harmonieuse.

R Pan (1897, 4° fascicule). — Dans la partie
du texte consacrée aux beaux-arts :

R Architecture réaliste : sous ce titre, M. A.
Lichtwark préconise chaudement l'abandon défi-
nitif, en architecture, des éternelles formules
gothiques ou Renaissance indifférerr.ment appli-
quées aux monuments les plus divers, et l'adop-
ion d'un style architectural parfaitement en
apport avec la destination do l'édifice, et dont
une récente construction de Berlin, le « bazar
Wertheim », de l'architecte Alfred Messel, peut
servir d'exemple.

R M. W. von Seidlitz présente aux lecteurs du
Pan la jeune et si vivante « Société des artistes
de Carlsruhe», dont nous avons déjà parlé ici-
même (3 reprod. d'après MM. Schœnleber, Laage
et le comte Kalckreulh, auquel est dû également
une belle lithographie originale, tirée hors texte :
Le Retour).

R L'école artistique de Francfort est ensuite
étudiée par M. H. Weizsœckcr dans quelques-
uns de ses représentants : le peintre Anton Bûr-
ger, qui s'est appliqué et a réussi à exprimer le
caractère particulier des paysages et des scènes
de la vie rurale en ce pays, ainsi qu'en témoi-
gnent trois gravures reproduites dans cet article;
— puis la petite colonie de peintres de Cronberg,
composée de quantité d'élèves de Bûrger ou d'ar-
tistes partageant les mêmes vues : Jakob Diel-
mann, Ph. Rumpf, Maurer, Dressler, Victor
Mûller, Peter Burnitz (2 reprod.);— enfin, un
artiste qui suit son chemin à part, Peter Becker,
le « dernier romantique », qui continue les an-
ciennes traditions locales dans ses paysages, no-
tamment dans ses albums de lithographies, déjà
anciens, consacrés aux sites du Rhin, de la Saar
et de Francfort (de lui, hors texte, une vue de la
petite ville de Kiedrich).

R La fin de cette livraison, consacrée aux
poètes et aux artistes des Pays-Bas et des Flan-
dres (poésies de Maîterlinck, avec portrait hors
texte en lithographie, par M. H. Potitjean, et un
Portrait de Constantin Meunier, d'après un dessin
de M. Max Liebermann) renferme un intéressant
article de M. H. van de Velde sur La conception
et l'exécution du meuble moderne, avec des
dessins de l'auteur.

R A mentionner encore, dans ce numéro, d'une
exécution artistique digne de ses aînés, des litho-
graphies ou eaux-fortes originales do MM. L. von
Hofmann, Kœpping, une affiche de M. Orlik
Pour les Tisserands de Hauptmann, et une cou-
verture de livre de M»« Th. Onasch.

CURIOSITÉ 227

* L'Arte (fasc. III-V). — Un capitolo di storia
del vestiario. Les trois présentes études de
M. G. Wilpert sont le résumé ingénieusement
illustré de conférences faites à Rome sur le vête-
ment viril aux époques qui suivent le règne de
Constantin. Elles visent, d'après les diptyques et
autres monuments des ive, ve et vie siècles, la
tenue consulaire de grand gala, le pallium civil
de la fin du iv" siècle et le pallium ecclésias-
tique.

* Castel del Monte, le château-fort octogone si
caractéristique de la province de Bari, était, hier
encore, une sorte d'énigme architectonique; mais
notre compatriote et savant collaborateur, M.
Emile Bertaux, vient d'élucider le problème, au
cours de ses recherches sur les architectes fran-
çais de Frédéric II : c'est l'œuvre d'un de ces
constructeurs aux gages de l'empereur souabe
qui, dans la seconde moitié du xn» et au commen-
cement du xiii" siècle, transportèrent dans les
Pouilles et dans maintes provinces de l'Italie mé-
ridionale l'art de bâtir de notre paj's, et cet in-
génieur eut nom Philippe Chinard. M. E. Rocchi
accepte de mauvaise grâce les conclusions de
M. Bertaux; tant il est vrai que, sur la terre de
la Renaissance, gothique est encore obscurément
synonyme de barbare!

* Lorenzo Lotto a Treviso. M. 6. Biscaro
essaye do jeter quelque lumière sur le séjour que
Lotto fit à Trévise dans les dix premières années
du xvi» siècle, sur ses rapports avec Barbari et
sur ses peintures murales et autres, datant de
cette période. Les archives notariées de Trévise
permettent quelques approximations.

* Ll Pontificale di Antonio da Monza. Il
s'agit d'un magnifique manuscrit de la biblio-
thèque du Vatican, dont M. A. Venturi attribue
les miniatures hors de pair au frate Antonio de
Monza, alors qu'on les croyait do l'enlumineur
Gherardo. A ce propos et en comparant ces mi-
niatures avec celles du livre d'heures de Bonne
Sforza (British Muséum) et delà Sforziade (ibid.),
M. V. insiste sur la caducité du système qui fai-
sait attribuer aux plus célèbres peintres les plus
belles enluminures, alors que la différence de mé-
tier est si grande.

* La mostra eucaristica a Venezia (1897).
Notre collaborateur, M. E. Jacobsen, donne ici
l'énumération des plus belles pièces d'orfèvrerie
religieuses réunies l'an dernier à Venise., Les
trésors d'église de la Vénétie sont riches en
objets de grande richesse qui, portassent-ils la
marque byzantine ou gothique, n'en ont pas
moins une commune apparence vénitienne, un
« senso di venezianità ».

* A rte contemporanea. Trois œuvres de
M. D. Morelli.

-<3 J^^R^f^^^S--D-

BIBLIOGRAPHIE

Rethel,von MaxSchmid (xxxirvol. delà collection
des Kùnstler-Monographien). Leipzig, Volha-
gen und Klasing, 18j8. In-8», 122 pages avec
125 gravures.

Avec Moritz von Schwind, Alfred Rethel est
celui qui marqua le mieux le mouvement ro-
mantique dans la peinture allemande d'un carac-