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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 25 (9 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0238
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228 LA CHRONIQUE DES ARTS

tère vraiment germanique, et à ce titre il méritait
de prendre place après lui dans cette utile collec-
tion des « Monographies d'artistes » qui nous
a fourni dernièrement l'occasion d'étudier le
peintre de Rùbezahl et de La Fée Mélusine.
Celui-ci incarne le côté rêveur, imaginatif et poé-
tique de l'àme allemande; l'autre en sut rendre
plutôt les qualités rudes et fortes; l'un laissa
son esprit se jouer dans le royaume de l'imagi-
nation et de la légende, parmi les chevaliers et
les fées ; l'autre s'attacha à la représentation des
grands faits historiques, tenta de ressusciter les
héros d'autrefois.

Né en 1826 à Diepenbend, près Aix-la-Chapelle,
d'un père qui avait occupé un haut emploi dans
l'administration préfectorale des départements du
Rhin 'créés par Napoléon Ier, Alfred Rethel,
après avoir reçu chez lui des leçons d'un vieux
peintre llamand élève de David, Bastiné, entra,
en 18i9 à l'Académie de Dûsseldorf et en fut un
brillant élève. Il devait être le meilleur, le plus
vigoureux représentant de cette école, adonnée
avant tout à la peinture d'histoire. Ses dessins,
esquisses, tableaux, disséminés dans différents
musées ou édifices d'Allemagne, sont innombra-
bles. Mais une oeuvre entre toutes lui a mérité
d'être sacré par les historiens d'art allemands le
plus grand décorateur monumental de son pays :
les fresques qu'il exécuta, à partir de 1840, à la
salle Impériale de l'hôtel de ville d'Aix-la-Cha-
pelle et où il a retracé les principaux événements
de la vie de Charlemagne. Ce sont là vraiment
des pages de haut style, dignes du grand empe-
reur, sobres, claires et, pour quatre d'entre elles
— car les autres furent achevées par le peintre
Kehren, — d'un coloris un peu sévère bien en
rapport avec son dessin viril et ces sujets gran-
dioses.

Après cette œuvre maîtresse, il faut citer deux
suites de dessins qui, elles aussi, témoigneront
dignement pour lui devant la postérité : La Tra-
versée des Alpes par Annibal, de même allure
rude et mâle, et, en 1S48. reprenant un thème
philosophique cher aux vieux artistes allemands,
une Danse des Morts, inspirée par les événe-
ments d'alors, empreinte d'une grandeur tour à
tour tragique ou sereine. Hélas I Rethel ne devait
pas connaître lalin paisible comme « le soir d'un
beau jour » qu'il a accordée, à la dernière étape
de ce cycle, au vieux sonneur mourant dans sa
tour devant la fenêtre ouverte sur un radieux
panorama illuminé des dernières lueurs du soleil
couchant : peu de temps après son mariage, brus-
quement, au commencement de 1852, une maladie
nerveuse vint troubler son esprit et le plonger de
plus en plus dans les ténèbres jusqu'à ce qu'en-
finà son tour son corps mourût, le 1" dé-
cembre 1859.

Cette courte existence, cette belle carrière si
brutalement interrompue, on les trouvera décrites
minutieusement dans le livre chaleureux consa-
cré par M. Schmid à la mémoire de l'artiste, sur
lequel jusqu'alors n'existait qu'une simple bro-
chure ; il y a utilisé quantité de lettres et de des-
sins jusqu'alors inédits de Rethel, qui donnent
à son travail un intérêt tout particulier, et les
nombreuses reproductions d'eeuvres de tout genre
dont il est illustré contribueront encore au succès
qu'il mérite.

A. M.

NOS QUESTIONS ET REPONSES

Question 5 :

Connaît-on quelque portrait d'Anne de Lor-
raine, décédée en 1560, épouse du prince René
de Châlon (mort en 1544), et d'Elisabeth de
Nassau, épouse de Henri de La Tour, duc de
Bouillon, prince do Sedan, mère du maréchal
de Turenne?

Cette question intéresse les organisateurs
de l'exposition de portraits et objets relatifs
à la maison d'Orange-Nassan qui aura lieu à
Amsterdam à l'occasion de l'avènement de la
reine Wilhelmine.

Question 6 :

Existe-il des portraits exécutés d'après na-
ture de Pic de la Mirandole?

Question 7 :

Où se trouvent (en dehors du Théseion
d'Athènes et du Trésor des Athéniens à Del-
phes) des représentations antiques peintes ou
sculptées de Thésée domptant le taureau de
Marathon?

Question 8 :

Il existe à Bakou un minaret persan de
forme semblable à celle du fût de la colonne
dorique grecque. Connaît-on quelque édifice
analogue? Sait-on d'où pourrait provenir cette
singulière ressemblance?

Question 9 :

Les fouilles récentes de Délos ont fait recon-
naître que la partie du théâtre réservée au
public avait une forme ovoïde, plus semblable'
à celle des salles de théâtre modernes qu'à
celle ordinaire des théâtres antiques. (Voir :
Bulletin de correspondance hellénique; Re-
vue des études grecques : Archœologia). Con-
naît-on d'autres exemples d'un pareil plan de
théâtre antique ?

NECROLOGIE

On annonce la mort, à Marlotte, du peintre
paysagiste Allongé.

Né à Paris en 1833, il avait passé par l'atelier
de Léon Cogniet avant d'entrer à l'École des
Beaux-Arts. Dégoûté de la peinture d'histoire,
par son insuccès au concours du prix de Rome,
il s'adonna, une fois sorti de l'École, au paysage,
et ce fut lui, le premier, avec Camille Bernier,
qui découvrit, en peut le dire, la Bretagne. La
plupart des tableaux qu'il a peints dans la moitié
de sa carrière, entre 1855 et 1875, empruntent à
cette province leurs motifs, et il n'a certainement
pas peu contribué, sans le savoir, au mouvement
qui porte, tous les étés, vers les Côtes-du-Nord,
le Morbihan ou le Finistère, un grand nombre
de jeunes artistes.

Ce n'est pourtant pas la peinture qui devait
conduire Allongé à la notoriété : les qualités de
dessin par lesquelles il se distingua devaient
 
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