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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 26 (23 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0245
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ET DE LA CURIOSITÉ

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sujet représenté, un médaillon figurant la
réception d'une ambassade siamoise (il en
vint deux en France, en 1684 et en 1686), mé-
daillon qui aurait orné la base d'une statue
du Grand Roi. Nous ignorons où l'excellent
critique anglais a trouvé la mention do ce
monument.

La Vierge aux Rochers

La notice queM. Eugène Mûntz vient de publier
ici (1) sur les dessins du musée de Gaen — dessins
qu'il pense être des études pour la Vierge aux
Rochers du Louvre — arrive fort à propos.

La récente acquisition faite à Paris par M. Ché-
ramy d'une très exacte réplique du chef-d'œuvre
du Louvre et l'exposition d'art milanais réunie
récemment à Londres, rouvrent une fois de plus
la discussion sur le cas si controversé de la Vierge
aux Rochers de la National Gallery.

Je suis heureux de lire qu'on s'accorde à attri-
buer cette œuvre à Ambrogio de Prédis, opinion
que j'ai exprimée pour la première fois dans
l1Introduction au catalogue de l'exposition d'art
milanais. Une occasion s'oiï're en ce moment de
vérifier l'exactitude de cette assertion, car la Na-
tional Gallery vient d'acheter, avec un louable
discernement, les deux Anges, peints par de
Prédis, qui flanquaient originellement la compo-
sition centrale de Léonard (elle a aussi acquis le
beau portrait de la collection de M. Fuller Mait-
land, daté de 1494 et signé du monogramme
A M B P E). Je ne redirai pas quelles sont les
raisons qui m'ont induit à cette opinion — elles
sont rapportées tout au long dans mon Intro-
duction au catalogue, — mais j'essaierai de
consigner ici quelques remarques concernant la
Vierge aux Rochers en général et visant spé-
cialement le tableau de M. Chéramy.

Du tableau du Louvre il n'existe, à ma connais-
sance, aucune autre répétition que l'œuvre ac-
quise par M. Chéramy. En revanche, de la Vierge
aux Rochers de la National Gallery il existe
quelques copies anciennes, avec des fonds diffé-
rents et peintes dans diverses gammes de coloris.
Gomme nous savons la grande renommée dont
les créations de Léonard ont toujours joui et les
nombreuses répétitions et variantes qu'ont faites
les élèves du maître de ses cartons et de ses ta-
bleaux, il est vraiment remarquable qu'il n'existe
aucune réplique du tableau d'autel du Louvre.
Gomment expliquer cela?

L'hypothèse la plus raisonnable est que l'ori-
ginal de Léonard entra du coup, ou après un
court délai, dans le cabinet fermé de Louis XII,
d'où il passa définitivement au Louvre. Au con-
traire, le tableau d'Ambrogio de Prédis de la Na-
tional Gallery, exécuté peut-être sous la direction
du maître et reproduisant quelques-unes des
études de sa main non utilisées par lui dans son
propre tableau alors terminé, ce tableau d'Am-
brogio, disons-nous, resta, avec les deux Anges,
dans l'église Saint-François de Milan, où Lo-

mazzo le vit et le décrivit en 1584. C'est là
la composition que les autres élèves et les imi-
tateurs ont pu étndier et copier et autour de
laquelle s'est formé peu là peu, une auréole légen-
daire ; il est donc aisé de comprendre comment,
en 1584, une centaine d'années plus tard, l'œuvre
passait communément pour être de la main du
maître, l'original ayant depuis longtemps disparu
par son passage en France.

Mais comment s'expliquer la seule pièce connue
qui fasse exception, le tableau de M. Chéramy ?

Si on admet que le tableau du Louvre fut ex-
pédié sans transition en France, la répétition ne
peut avoir été faite que sur le champ, à Milan,
ou peu d'années plus tard, en France. Cette der-
nière alternative me parait plus probable, car,
pendant les années 1481-1490, date présumable do
la Vierge aux Rochers, il n'y avait pas encore à
Milan de disciples de Léonard assez imbus de
l'esprit du maître pour peindre une réplique si
exacte sans y déceler leur propre personnalité.
Il est plus raisonnable de supposer que le tableau
de M. Chéramy fut exécuté, vers la fin de la vie
de Léonard, de 1516 à 1519, d'après la Vierge aux
Rochers, par quelque artiste travaillant en France.

Alors se pose la question de savoir quel est
cet habile imitateur. Un examen minutieux du
tableau m'a permis d'écarter successivement les
noms de Luini, de Boltraffio, do Solari, d'Am-
brogio de Prédis, de Bernardino de Gonti, de
Gesare da Sesto, de Cesare Magni, de Marco d'Og-
giono, de Gianpetrino, de Salaino, des Piazza de
Lodi, de Lanini, ainsi que l'école de Verceil. Il
ne reste plus qu'un nom, celui de Melzi, le creato,
le compagnon de Léonard dans son dernier sé-
jotir en France, Melzi qui eut probablement aussi
sa part dans l'exécution do la Sainte Anne ina-
chevée du Louvre. Mais nous sommes absolu-
ment dans la nuit en ce qui concerne les œuvres
originales de cet artiste et, jusqu'à ce qu'on en
trouve quelque échantillon satisfaisant, on ne
saurait rien alléguer de définitif sur sa manière.

Le renseignement donné par Lomazzo,
d'après lequel Melzi était miniaturiste, est cer-
tainement confirmé par la préciosité des détails
dans le tableau de M. Chéramy.

Quel que soit d'ailleurs l'identité de l'auteur, il
est évident qu'il peignit sous l'influence directe
do Léonard, et il a exécuté du chef-d'œuvre de
son maître une réplique très intéressante, la
seule réplique contemporaine.

Herbert F. Cook.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 20 juillet

Dans sa séance extraordinaire du 21 juillet,
VAcadémie a procédé à l'élection d'un membre
titulaire dans la section de gravure, en rempla-
cement de M. Blanchard, décédé.

Après trois tours de scrutin, M. Léopold Fla-
meng laissait loin derrière lui tous ses concur-
rents et était proclamé élu.

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(1) Voir Chronique des Arts du 25 juin, p. 314.
 
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