La chronique des arts et de la curiosité (1898)

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LA CHRONIQUE DES ARTS

ont été longtemps exposés au musée de South
Kensington et contient notamment des chefs-
d'œuvre de l'école hollandaise: trois Terburg;
quatre Metsu; deux Gérard Dou, des Teniers,
des Ostade, des Jan Steen, des P. de Hoogh;
on admire surtout deux toiles de Wermeer
de Délit.

*** Depuis quelques mois, l'École allemande
d'Athènes a entrepris des fouilles dans l'île
de Paros. Ces travaux ont amené la décou-
verte du temple d'Esculape plusieurs fois
décrit par les auteurs grecs et qui faisait
jadis de Paros un des lieux de pèlerinage les
plus fréquentés. Ce temple est presque entiè
rement conservé; il a une longueur de 41n,,25
et sa largeur est de 19m,50. Malheureusement,
ce merveilleux monument de l'antiquité clas-
sique, qui contenait des trésors inestimables,
a été tant de fois pillé qu'on ne peut guère
espérer y retrouver ni statues, ni bas-reliefs,
ni autres objets précieux.

Les Grands Prix de Rome

L'Académie a jugé les concours d'archi-
tecture et de gravure en taille-douce comme
il suit :

Architecture. — Premier grand prix :
M. Chifflot ;

Premier second grand prix : M. Arfvidson ;

Deuxième second grand prix : M. Au-
burtin.

Gravure en taille-douce. — Premier
grand prix : M. Jean Corabcuf ;

Premier second grand prix : M. G . Quidor;

Deuxième second grand prix : M. Bus-
sière.

Les Peintures de Chassériau

Nous sommes heureux d'annoncer à nos
lecteurs, à nos souscripteurs et aux amis de
Chassériau que le travail de rentoilage des
peintures de la Cour des Comptes est en
bonne voie. Pour L'Océanide, le travail est
terminé. Elle est reportée sur toile ; elle revit ;
aucune blessure grave n'a atteint son beau
corps. M. Tisserand, l'habile restaurateur
de tableaux à qui nous nous sommes adres-
sés, est aux prises maintenant avec les
fragments de la Paix ; il ne rencontre pas
de difficultés et tout nous fait espérer que
le grand morceau sauvé de la destruction
retrouvera bientôt son intégrité et sa beauté
suprême.

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L'Exposition de peinture

de la manufacture des gobelins

Une centaine de cadres, dessins, aqua-
relles, pochades à l'huile, pastels, composi-
tions décoratives, modèles pour la tapisserie,
constituent cette curieuse exhibition dont
tous les éléments sont fournis par les ar-
tistes tapissiers de la manufacture. Tout
d'abord, il convient d'observer que l'exposi-
tion fut, en quelque sorte improvisée. Huit
jours avant son ouverture, la plupart des
habitants des Gobelinsignoraient qu'elle dût
avoir lieu. Informés au dernier moment, les
exposants n'ont rien pu préparer; ils se pré-
sentent ainsi dans toute la sincérité de leurs
études journalières.

L'époque semblera peu favorable pour at-
tirer le public dans un quartier perdu comme
celui des Gobelins ; mais il a fallu profiter
des vacances et de la fermeture temporaire
do l'école de dessin, la manufacture ne pou-
vant disposer d'un autre local. La môme
cause limite la durée de l'exposition au mois
d'août (1).

Si on tient compte du peu de temps que
les artistes des Gobelins peuvent consacrer
à des distractions et à des travaux de cette
nature, si on se rappelle que l'atelier les re-
tient huit heures en été, sept heures en hiver
et qu'il ne leurresto guère que les soirées, les
dimanches, et leur congé annuel de quinze
jours pour s'exercer à la peinture et au dessin,
on no manquera pas de trouver leurs efforts
méritoires et les résultats obtenus intéres-
sants.

Dans un atelier de tapisserie, comme dans
toutes les applications de l'art décoratif, le
praticien qui sait dessiner, qui a l'entente de
l'harmonie des couleurs conservera toujours
une supériorité marquée sur ses concurrents.
Il est donc fort important que les jeunes
gens sortis de l'école des Gobelins conti-
nuent à s'exercer sans relâche, pendant leurs
courts moments de liberté, à mettre en pra-
tique les enseignements et les conseils reçus
de leurs professeurs durant les années d'ap-
prentissage.

Si les paysages de M. Pommeret montrent
une réelle facilité d'exécution, les études
de M. Chevalier trahissent un profond sen-
timent d'artiste. Les divers aspects des
bords de la Biôvre aux alentours des Gobe-
lins donnent une note bien juste et d'autant
plus précieuse que ces aspects du vieux
Paris sont appelés à disparaître d'ici à peu
de temps.

Les Heurs et les natures mortes de
M. Paul Jacquelin témoignent d'un effort
sérieux et souvent heureux. Il y a là deux
feuilles de paravent qui annoncent de vraies
qualités décoratives. Le panneau des chry-
santhèmes nous parait particulièrement

(1) Les salles sont ouvertes gratuitement au pu-
blic le mercredi et le samedi, jours de visite des
ateliers, de une heure à quatre.