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La chronique des arts et de la curiosité — 1898

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Nr. 34 (5 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19746#0320
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LA CHRONIQUE DES ARTS

Section d'objets d'art : président, M. Gazin.

Secrétaires, MM. Béraud et Billotte.

Trésorier délégué à l'organisation générale,
M. Dubufe.

Ont été inaugurés dernièrement :

A Lillers (Pas-de-Calais), un monument,
œuvre du sculpteur Cordonnier, à la mémoire
de M. 0. Fanien, ancien maire de Lillers;

A Craon (Mayenne), une statue de Volney,
oeuvre de M. Denécheau ;

Au Raincy, une statue de la République,
œuvre du sculpteur Eugène Paul.

M. Humbert, artiste peintre, a été
nommé professeur à l'École nationale et spé-
ciale des Beaux-Arts (cours du soir), en rem-
placement de M. Lenepveu, décédé.

**# La Chronique des Arts a le plaisir d'an-
noncer à ses lecteurs que le dégagement de
la Sorbonne et du musée de Cluny, qu'elle a
si chaudement préconisé (1), a été adopté par
le Conseil municipal. Un projet de loi en vue
de l'exécution de cette décision a été signé
par le Conseil des ministres et déposé sur le
bureau du Corps législatif. L'Etat payerait la
moitié de la dépense, et un square, qui de-
viendrait la propriété de la Ville, serait créé
entre le musée de Cluny et la Sorbonne.

On annonce au Moniteur des Arts
qu'il vient d'être trouvé, sur l'emplacement
des antiques villas de Saint-Bonnet-Izeure,
près Moulins, où l'on a découvert déjà beau-
coup de débris antiques, quatre-vingt-cinq
grands bronzes, assez bien conservés, des em-
pereurs et impératrices depuis Julia, fille d'Au-
guste, jusqu'à Maximin l«r.

--a—-e-<5Sï>-:-—«--

Comment on restaure Fontainebleau

Qui aurait cru, je le demande, qu'après
les restaurations de Louis-Philippe, après
Alaux, après Couder, après les cheminées
en biscuit de Sèvres, après les sapins du
Nord, après les chambranles de carton,
après la Galerie des Assiettes, après les cent
raccommodages dont l'histoire conservera le
souvenir comme d'une des plus étonnantes
entreprises qu'on ait vues, le pauvre châ-
teau de Fontainebleau eût encore à souffrir?
Les mauvais jours semblaient finis et les
curieux de ruines, de ces ruines plates qu'ac-
cumulent non les révolutions, mais les gens
de l'art, se croyaient libres de chercher en
paix les restes épars et barbouillés du passé.

J'ai eu, il n'y a pas fort longtemps, l'hon-
neur d'entretenir, à Fontainebleau, M. l'ar-
chitecte du palais, ayant besoin de visiter
le magasin, auquel le régisseur no donne
point accès. Au début d'une étude où seront
malmenées les entreprises de cet architecte,
je tiens à rendre hommage à sa complai-
sance et à la parfaite courtoisie avec laquelle

(1) V. Chronique des Arts du 1" octobre, p. 281.

il a bien voulu me montrer des débris qu'il
disait insignifiants et qui l'étaient en effet.
Far malheur, si je n'ai point à me plaindre
en personne, je me suis senti et nie sens,
comme amateur, gravement offensé par ce
qu'on fait là-bas. Il s'y passe, en petit, ce
qui se passait à Versailles quand M. Hove-
laque s'en mêla. Son intervention a été
cause que les travaux y sont arrêtés. C'est
ce qu'il faudrait obtenir ici.

Il n'est que temps, en effet. Déjà plusieurs
pertes sont irréparables.

Il y a deux ans, les visiteurs qui se ren-
daient à Fontainebleau ne furent pas peu
surpris de voir qu'on avait tout d'un coup,
sans tambour ni trompette, jeté par terre le
portique de la cour ovale qu'on appelle (à tort)
portique de Serlio. Ce portique paraissait
solide, s'il est vrai que quelques pierres
demandaient à être remplacées. L'architecte
aima mieux tout refaire. Depuis juillet de
cette année, une belle façade blanche s'étale
au lieu où fut l'ancienne. Les pierres sont
neuves, neuves les sculptures. C'est une
merveilleuse résurrection.

Mais voici de quoi nous étonner ; c'est que
les vieilles pierres, trop mauvaises, à ce
qu'on doit croire, pour figurer en cet endroit,
ne laissent pas d'être bonnes pour quelque
autre dessein.

Tout près du mur d'enceinte, au couchant
du château, séparée du jardin par une mu-
raille sordide et renfermée dans un étroit
espace que ne soupçonnent pas même les
visiteurs, déchue des splendeurs d'autrefois,
ignorée des artistes autant que du public,
l'antique Grotte du Jardin des Pins achevait
en paix de périr. Le bienfaisant oubli qui
pesait sur elle l'avait sauvée des restaura-
tions. Peut-être le roi Louis-Philippe n'a-t-il
pas su qu'elle existait. Mariette la croyait
détruite. En tous cas, cette partie fut jugée
inutile à rehausser l'éclat des noces du duc
d'Orléans. Ni Abel de Pujol, ni Picot n'y
parurent, et ce qui reste de cet ouvrage vient
en droite ligne de François Dr. Or, voici
qu'on s'occupe d'elle maintenant, et le pre-
mier témoignage qu'on donne de cette nou-
velle sollicitude, c'est d'environner sa façade
des débris rapportés du portique de Serlio.

A lire seulement ceci, l'idée paraîtra drôle ;
mais c'est une chose qu'il faut avoir vue !
Chacun connaît l'effet de ces rappareillages,
dont l'élégance peut, on général, être discutée.
Nous avons aujourd'hui de cela un peu par-
tout, au jardin de Cluny, aux Tuileries, au
Trocadéro, au Parc Monceau. Ces débris se
mêlent au lierre et à la vigne vierge ; les
amateurs de ruines artificielles s'y plaisent
et cela du moins ne fait de mal à personne.
Ce qu'on n'avait pas vu encore, c'était de re-
coller ces morceaux sur la façade d'un autre
édifice. Celle de la Grotte est maintenant en-
fermée dans un carré de maçonnerie, dont
elle fait le fond. A gauche, la partie à jour
du portique, à droite, la partie pleine.
Comme on ne pourra plus accéder de ce côté,
une grille servira l'entrée du côté du jardin.
] Le lecteur sait maintenant de quoi il
s agit. Voici nos réflexions à ce sujet :
 
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