ET DE LA
MM. Roustan et Klingsor, comparables par l'as-
pect, mais dénonçant le premier comme beaucoup
plus extérieur que le second. Arrêtons-nous devant
le charmant Intérieur au fauteuil de M. Otlmann,
devant le Repas frugal do M. Henri Marceau,
devant la Femme du peuple de M. Emile Bour-
delle, et vériiions notre goût pour Constantin Guys
en regardant son exposition rétrospective, qui
confirme ses dons surprenants de visionnaire.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ INTERNATIONALE
DE LA PEINTURE A L'EAU
(Galerie des Artistes modernes)
Les sélections toutes faites dispensant du triage
où l'œil se fatigue a regret, vif est le plaisir
. éprouvé quand on entre dans ce petit salon, aucun
exposant ne nous y laissant indifférent. En décor
fastueux, M. Albert Besnard y érige dos pyramides
comestibles qu'il fouette d'un pinceau guilleret,
sans toutefois se surpasser. Plus discret, M. Au-
burtin promène au bord des falaises sa frère
mélancolie poétique. L'austère gravité de M. De-
launois n'admettrait pas, sans doute, que la pein-
ture votive de M. Gaston La Touche franchit le
seuil de ses églises : l'afféterie musquée de ce der-
nier rappelle trop le xvnr siècle pour toucher le
recueillement flamand, également représenté par
M. Cassiers, très autochtone. M. Chariot et M. Mar-
cotte représentent la finesse française : l'un rache-
tant son faible accent par une légère délicatesse ;
l'autre délavant habilement des ciels meublés de
nuages. Un détachement singulier paraît aux
élégances de M. Walter Ga.y, à cause de cela peu
sympa hiquos. M11" Montalba possède le liant qui
manque à MUo Nourse. Par son mouchetage amu-
sant, l'aquarelle intitulée Regatta trahit l'amour
de GuarJi, do la pompe vénitienne à laquelle
M. Lucien Simon préfère le triste luxe de Bre-
tagne. Très adroit, M. Luigini n'a guère do rareté
dans le dessin, non plus que dans la couleur. La
même remarque s'adresse à M. Bartlett, dont lo
dessin est aussi lourd que celui do M"° Crespel
est insensible et dur. Mais M"* Crespel a un don
décoratif en considération duquel il faut passer
condamnation. Nous serons moins indulgent pour
le symbolisme retardataire do M. Khnopff.
EXPOSITION
DE LA SOCIÉTÉ DES PEINTRES DU PARIS MO DERNE
(Grand Palais)
Il est aussi difficile d'être le peintre do Paris
que le portraitiste d'une jolie femme. L'une et
l'autre tâches exigent do la souplesse, do la subti-
lité, de bonnes manières et co ne sont pas précisé-
mont là les qualités les plus communes aux expo-
sants ici réunis. Pour quelques rares appelés, il
faut subir de nombreux patauds qui mettent une
triviale platitude à peindre à leur image les plus
exquis caprices do l'atmosphère et de la vie pari-
sienne. Faisons donc vite lo tour de la vaste salle
occupée par la Société du Paris Moderne et remar-
quons, chemin faisant, la verve un pou factice do M.
Franck Boggs, l'intelligence pittoresque de M. Gas-
ton Prunier, l'interprétation à côté de M. William
Horion ; celui-ci démontre par privation la parti-
cularité du charme do Paris, impénétrable aux
cœurs étrangers. En effet, M. Horton est lym-
phatique quand il faudrait être tendre, superficiel
CURIOSITE 63
quand il faudrait être léger. Il est plaisant; il n'est
pas vrai. La poésie voilée de M. Lafont est plus
authentique, et la Brume de givre de M. Lemaîtrc
est plus simplement juste. On regrette les excès
verdâtres de M. Serval, la perception prô\ue de
M. Barwolf et l'uniformité visuelle de M. Degal-
loix. Les pochades de M. Bauche sont préférables
à ses tableaux, et le regard métallique de M. Mar
eel-Clément s'affine au repoussoir que lui fournit
M. Minartz. Signalons parmi les aquarelles Les
Cheminées au clair de lune do M Fougerousse,
parmi les dessins ceux de Igounet de Villers, dont
le métier est très savant. Quant aux eaux-fortes do
M. Jouas, elles ne pourraient que gagner à de
plus hautes visées qui les amplifieraient. Leur
écriture est aussi peu frémissante que celle des
dessins do M. Albert Maignan.
« QUELQUES ARTISTES MODERNES »
(Salle Chauchat)
Une arrière-pensée de finance commande trop
sensiblement celte exposition pour qu'elle prenne
un sens à nos yeux. Parcourons-la, cependant, en
quête de la surprise toujours possible. La Grand'-
Mère de M™' Isabel Beaubois roi stitue presque la-
dite surprise. 11 y a là des oppositions de tons
chauds et do tons froids dont la franchise n'exclut
pas une séduisante aisance. La décision virile s'y
marie aimablement à la fluidité féminine, moins
bien soutenue dans les antres ouvrages de M™0
Beaubois, qui voisinent avec ceux de M. Garo-
Delvaille. Ce dernier déchoit précipitamment. Sa
veine semble usée. En croyant faire du nu, il
s'adonne au déshabillé lo pins louche. On se rabat
pour le fuir sur les visions frôles, mais sincères et
intérieures, de M. Ernest Laurent, plus agréables
que la grandeur trop théâtrale de M. Jeanès, que
la fadeur anémique de M. Louis Picard et que la
rêverie bonasse do M. Borchardt. UÉglise Saint-
Gel vais de M. Urbain et le Bateau- lavoir de
M. Ottmann accrochent lo regard au passage et la
Prison fantastique de M. Dowambez l'égaie, pour
finir, sur lo pas do la porte d'issue.
EXPOSITIONS CHÉNARD-HUCHÉ, G. THIESSON,
MANZANA-PISSARRO
(Galerie Henry Graves — Galerie Blot
Galerie Druet)
Le cas do M. Chénard-Huché so rapproche do celui
de M. Picabia. L'œil de M. Chénard-Huché voit la
nature à travers un fonds de souvenirs dont aucune
ligne de conduite no règle originalement le choix.
Cette absence do programme personnel, jointe à
une sensibilité sans foyer, n'est pas pour nous re-
tenir très longuement. Plus doué que M. Chénard-
Huché, M. G. Thicsson confie ses mélancoliques ot
douces harmonies à un dessin qui pourrait être
plus intéressant ot moins tout d'une pièce. Il en va
do mémo du dessin do M. Manzana-Pissarro. Son
manque de style est mis en relief par un luxe do
vêtement qui écrase son corps débile. Le souffle
de Gauguin ne s'acquiert pas en feuilletant les
Mille et une Nuits cl il no suffit pas de dessiner
une négresse pour être promu grand décorateur.
Au reste, M. Manzana-Pissarro ne relève pas du
domaine do la peinture, mais plutôt do celui do la
ciselure sur cuir ou du papier do tenture. Ses
Poules et coq, soudés bout à bout, composeraient,
à ce titre, une fort jolie frise gallinacée.
MM. Roustan et Klingsor, comparables par l'as-
pect, mais dénonçant le premier comme beaucoup
plus extérieur que le second. Arrêtons-nous devant
le charmant Intérieur au fauteuil de M. Otlmann,
devant le Repas frugal do M. Henri Marceau,
devant la Femme du peuple de M. Emile Bour-
delle, et vériiions notre goût pour Constantin Guys
en regardant son exposition rétrospective, qui
confirme ses dons surprenants de visionnaire.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ INTERNATIONALE
DE LA PEINTURE A L'EAU
(Galerie des Artistes modernes)
Les sélections toutes faites dispensant du triage
où l'œil se fatigue a regret, vif est le plaisir
. éprouvé quand on entre dans ce petit salon, aucun
exposant ne nous y laissant indifférent. En décor
fastueux, M. Albert Besnard y érige dos pyramides
comestibles qu'il fouette d'un pinceau guilleret,
sans toutefois se surpasser. Plus discret, M. Au-
burtin promène au bord des falaises sa frère
mélancolie poétique. L'austère gravité de M. De-
launois n'admettrait pas, sans doute, que la pein-
ture votive de M. Gaston La Touche franchit le
seuil de ses églises : l'afféterie musquée de ce der-
nier rappelle trop le xvnr siècle pour toucher le
recueillement flamand, également représenté par
M. Cassiers, très autochtone. M. Chariot et M. Mar-
cotte représentent la finesse française : l'un rache-
tant son faible accent par une légère délicatesse ;
l'autre délavant habilement des ciels meublés de
nuages. Un détachement singulier paraît aux
élégances de M. Walter Ga.y, à cause de cela peu
sympa hiquos. M11" Montalba possède le liant qui
manque à MUo Nourse. Par son mouchetage amu-
sant, l'aquarelle intitulée Regatta trahit l'amour
de GuarJi, do la pompe vénitienne à laquelle
M. Lucien Simon préfère le triste luxe de Bre-
tagne. Très adroit, M. Luigini n'a guère do rareté
dans le dessin, non plus que dans la couleur. La
même remarque s'adresse à M. Bartlett, dont lo
dessin est aussi lourd que celui do M"° Crespel
est insensible et dur. Mais M"* Crespel a un don
décoratif en considération duquel il faut passer
condamnation. Nous serons moins indulgent pour
le symbolisme retardataire do M. Khnopff.
EXPOSITION
DE LA SOCIÉTÉ DES PEINTRES DU PARIS MO DERNE
(Grand Palais)
Il est aussi difficile d'être le peintre do Paris
que le portraitiste d'une jolie femme. L'une et
l'autre tâches exigent do la souplesse, do la subti-
lité, de bonnes manières et co ne sont pas précisé-
mont là les qualités les plus communes aux expo-
sants ici réunis. Pour quelques rares appelés, il
faut subir de nombreux patauds qui mettent une
triviale platitude à peindre à leur image les plus
exquis caprices do l'atmosphère et de la vie pari-
sienne. Faisons donc vite lo tour de la vaste salle
occupée par la Société du Paris Moderne et remar-
quons, chemin faisant, la verve un pou factice do M.
Franck Boggs, l'intelligence pittoresque de M. Gas-
ton Prunier, l'interprétation à côté de M. William
Horion ; celui-ci démontre par privation la parti-
cularité du charme do Paris, impénétrable aux
cœurs étrangers. En effet, M. Horton est lym-
phatique quand il faudrait être tendre, superficiel
CURIOSITE 63
quand il faudrait être léger. Il est plaisant; il n'est
pas vrai. La poésie voilée de M. Lafont est plus
authentique, et la Brume de givre de M. Lemaîtrc
est plus simplement juste. On regrette les excès
verdâtres de M. Serval, la perception prô\ue de
M. Barwolf et l'uniformité visuelle de M. Degal-
loix. Les pochades de M. Bauche sont préférables
à ses tableaux, et le regard métallique de M. Mar
eel-Clément s'affine au repoussoir que lui fournit
M. Minartz. Signalons parmi les aquarelles Les
Cheminées au clair de lune do M Fougerousse,
parmi les dessins ceux de Igounet de Villers, dont
le métier est très savant. Quant aux eaux-fortes do
M. Jouas, elles ne pourraient que gagner à de
plus hautes visées qui les amplifieraient. Leur
écriture est aussi peu frémissante que celle des
dessins do M. Albert Maignan.
« QUELQUES ARTISTES MODERNES »
(Salle Chauchat)
Une arrière-pensée de finance commande trop
sensiblement celte exposition pour qu'elle prenne
un sens à nos yeux. Parcourons-la, cependant, en
quête de la surprise toujours possible. La Grand'-
Mère de M™' Isabel Beaubois roi stitue presque la-
dite surprise. 11 y a là des oppositions de tons
chauds et do tons froids dont la franchise n'exclut
pas une séduisante aisance. La décision virile s'y
marie aimablement à la fluidité féminine, moins
bien soutenue dans les antres ouvrages de M™0
Beaubois, qui voisinent avec ceux de M. Garo-
Delvaille. Ce dernier déchoit précipitamment. Sa
veine semble usée. En croyant faire du nu, il
s'adonne au déshabillé lo pins louche. On se rabat
pour le fuir sur les visions frôles, mais sincères et
intérieures, de M. Ernest Laurent, plus agréables
que la grandeur trop théâtrale de M. Jeanès, que
la fadeur anémique de M. Louis Picard et que la
rêverie bonasse do M. Borchardt. UÉglise Saint-
Gel vais de M. Urbain et le Bateau- lavoir de
M. Ottmann accrochent lo regard au passage et la
Prison fantastique de M. Dowambez l'égaie, pour
finir, sur lo pas do la porte d'issue.
EXPOSITIONS CHÉNARD-HUCHÉ, G. THIESSON,
MANZANA-PISSARRO
(Galerie Henry Graves — Galerie Blot
Galerie Druet)
Le cas do M. Chénard-Huché so rapproche do celui
de M. Picabia. L'œil de M. Chénard-Huché voit la
nature à travers un fonds de souvenirs dont aucune
ligne de conduite no règle originalement le choix.
Cette absence do programme personnel, jointe à
une sensibilité sans foyer, n'est pas pour nous re-
tenir très longuement. Plus doué que M. Chénard-
Huché, M. G. Thicsson confie ses mélancoliques ot
douces harmonies à un dessin qui pourrait être
plus intéressant ot moins tout d'une pièce. Il en va
do mémo du dessin do M. Manzana-Pissarro. Son
manque de style est mis en relief par un luxe do
vêtement qui écrase son corps débile. Le souffle
de Gauguin ne s'acquiert pas en feuilletant les
Mille et une Nuits cl il no suffit pas de dessiner
une négresse pour être promu grand décorateur.
Au reste, M. Manzana-Pissarro ne relève pas du
domaine do la peinture, mais plutôt do celui do la
ciselure sur cuir ou du papier do tenture. Ses
Poules et coq, soudés bout à bout, composeraient,
à ce titre, une fort jolie frise gallinacée.