N° 40. - 1908. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e) 19 Décembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT ii SAMEDI MATIN
Les abonnis à la Gazette des Eeaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
La Numéro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
)othe temps, fécond en projets bi-
zarres, vient d'en voir naître un
nouveau. On projette d'élever un
kiosque orné de bas-reliefs sur
l'emplacement de la « Lanterne de Diogéne ».
Tous les Parisiens connaissent la terrasse
supérieure du parc de Saint-Cloud où restent
les blocs de pierre de l'édifice détruit en 1871,
et nul n'avait encore'songé qu'il fût néces-
saire de le remplacer.
L'édifice même qui de 1801 à 1871 a dominé
la terrasse n'était que le pastiche d'un monu-
ment antique, dont la tradition a défiguré
jusqu'au nom. Le reconstruire serait super-
flu. Mais lui substituer un kiosque tout neuf
est plus qu'inutile. Ce serait sans raison et
non d'ailleurs sans dépenses, élever une ar-
chitecture moderne dans un site qui a son
caractère et son histoire. Les blocs do pierre
qui demeurent sur la prairie démodée, ne
sont pas sans éloquence, et l'on ne voit pas à
l'heure présente quelle nouveauté aurait la
valeur de ce souvenir.
Surtout, il y a de cette terrasse une admi-
rable vue sur le Bois de Boulogne et sur
Paris : elle est l'essentiel du paysage, et il
faut se garder de la diminuer ou de la trou-
bler. Sans doute, cette conservation trop
absolue du passé peut avoir ses inconvé-
nients, et beaucoup de villes modernes se
trouvent prises entre deux problème diffi-
ciles, obligées qu'elles sont de vivre en se
renouvelant, et de garder leurs monuments.
Mais s'il y a des cas où il est permis d'hé-
siter, il en est d'autres où la manie de cons-
truire est une pure barbarie, et où l'initiative
des modernes bâtisseurs doit être résolument
écartée. C'est ce qui doit arriver à la terrasse
de Saint-Cloud : il n'y a aucune raison d'y
mettre un kiosque ; il y a toutes les raisons
de n'en pas mettre et de maintenir à la ter-
rasse son aspect et sa beauté.
11 vient dose former en Belgique un comité
international destiné à appeler l'attention du
monde civilisé sur les richesses artistiques
du Louvre et à insister sur les mesures né-
cessaires à leur sécurité. A vrai, dire, nous
n'avions besoin de cette invitation ni pour
admirer le Louvre, ni pour savoir combien il
est utile de le protéger. Mais du comité nou-
veau il ne faut retenir que l'hommage rendu
à notre grande galerie nationale et la sollici-
tude qu'elle inspire. L'administration de notre
pays ne voudra pas se montrer moins bien
intentionnée, et .ce sera là pour elle occasion
de se rappeler que le déménagement du mi-
nistère des Colonies est inscrit dans la loi
depuis 1902. « Tout le Louvre aux musées
nationaux » : voilà la formule que tous les
amis du Louvre ne cesseront de répéter, et il
n'est pas étonnant qu'à force d'être proclamée
en France elle ait un écho un peu partout.
NOUVELLES
*** On a apposé dimanche dernier, à Mont-
martre, une plaque commémorative sur la
maison que Berlioz habita, en 1834 après
son mariage avec Harriett Smithson' ruelle
Saint-Denis, aujourd'hui rue du Mont-Cenis,
_*** Le conseil d'administration de la So
ciete des Amis de Versailles s'est réuni la
semaine dernière, pour élire un président en
remplacement de M. Victorien Sarclou
M. Détaille, vice-président de la Société a été
élu président et son siège de vice-président a
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)othe temps, fécond en projets bi-
zarres, vient d'en voir naître un
nouveau. On projette d'élever un
kiosque orné de bas-reliefs sur
l'emplacement de la « Lanterne de Diogéne ».
Tous les Parisiens connaissent la terrasse
supérieure du parc de Saint-Cloud où restent
les blocs de pierre de l'édifice détruit en 1871,
et nul n'avait encore'songé qu'il fût néces-
saire de le remplacer.
L'édifice même qui de 1801 à 1871 a dominé
la terrasse n'était que le pastiche d'un monu-
ment antique, dont la tradition a défiguré
jusqu'au nom. Le reconstruire serait super-
flu. Mais lui substituer un kiosque tout neuf
est plus qu'inutile. Ce serait sans raison et
non d'ailleurs sans dépenses, élever une ar-
chitecture moderne dans un site qui a son
caractère et son histoire. Les blocs do pierre
qui demeurent sur la prairie démodée, ne
sont pas sans éloquence, et l'on ne voit pas à
l'heure présente quelle nouveauté aurait la
valeur de ce souvenir.
Surtout, il y a de cette terrasse une admi-
rable vue sur le Bois de Boulogne et sur
Paris : elle est l'essentiel du paysage, et il
faut se garder de la diminuer ou de la trou-
bler. Sans doute, cette conservation trop
absolue du passé peut avoir ses inconvé-
nients, et beaucoup de villes modernes se
trouvent prises entre deux problème diffi-
ciles, obligées qu'elles sont de vivre en se
renouvelant, et de garder leurs monuments.
Mais s'il y a des cas où il est permis d'hé-
siter, il en est d'autres où la manie de cons-
truire est une pure barbarie, et où l'initiative
des modernes bâtisseurs doit être résolument
écartée. C'est ce qui doit arriver à la terrasse
de Saint-Cloud : il n'y a aucune raison d'y
mettre un kiosque ; il y a toutes les raisons
de n'en pas mettre et de maintenir à la ter-
rasse son aspect et sa beauté.
11 vient dose former en Belgique un comité
international destiné à appeler l'attention du
monde civilisé sur les richesses artistiques
du Louvre et à insister sur les mesures né-
cessaires à leur sécurité. A vrai, dire, nous
n'avions besoin de cette invitation ni pour
admirer le Louvre, ni pour savoir combien il
est utile de le protéger. Mais du comité nou-
veau il ne faut retenir que l'hommage rendu
à notre grande galerie nationale et la sollici-
tude qu'elle inspire. L'administration de notre
pays ne voudra pas se montrer moins bien
intentionnée, et .ce sera là pour elle occasion
de se rappeler que le déménagement du mi-
nistère des Colonies est inscrit dans la loi
depuis 1902. « Tout le Louvre aux musées
nationaux » : voilà la formule que tous les
amis du Louvre ne cesseront de répéter, et il
n'est pas étonnant qu'à force d'être proclamée
en France elle ait un écho un peu partout.
NOUVELLES
*** On a apposé dimanche dernier, à Mont-
martre, une plaque commémorative sur la
maison que Berlioz habita, en 1834 après
son mariage avec Harriett Smithson' ruelle
Saint-Denis, aujourd'hui rue du Mont-Cenis,
_*** Le conseil d'administration de la So
ciete des Amis de Versailles s'est réuni la
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remplacement de M. Victorien Sarclou
M. Détaille, vice-président de la Société a été
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