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La chronique des arts et de la curiosité — 1908

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Nr. 9 (29 Février)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19765#0085
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ET DE LA CURIOSITE

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et le Vieux Cimetière de Saint-Cast promettent
plus de repos par l'aimable intermédiaire de M""
Carpentier, qui s'en tient peut-être trop à une
vision d'écorce, mais dont la franche sensibilité
nous repose après l'affectation do délicatesse de
M. Henri Duhem et de M. Gaston Le Mains. Ce
n'est pa;; la sensibilité qu affec'ionnc M. Luigi
Lot; c'est l'œil « tachiste », qu'il ne reçut pas plus
au berceau que M. Guirand de Scévola. Pourquoi
donc ne pas accepter son tempérament naturel?
Le calcul est malavisé. M. Rossert ne fait pas
tant de façons.Il est loyal, d'accord avec lui même,
et trouve sans peine le chemin de noire estime. Il
y rencontre M. Pierre Vignal, de qui la Porte à
Venise atteste surtout le mérite. Sûr de son mé-
tier, adroit au dispositif, M. Henri Zuber nous
touche par le sentiment qu'ignore M. Sa:n'-Ger-
mier, toujours lidèlo à Longhi et à Guardi, ses
modèles, auxquels il n'a pas encore ravi leur se-
cret. Nous préférons le Printemps do M. Maxence
à ses allégories sans stylo, quoiqu'elles nous
agréent relativement mieux que les Éléments de
M. Moreau-Néret. Plus chaud dans la couleur que
M. Gagliardini, M. Paillard nous montre après lui
L'Eglise de Martirjues, sous un mielleux soleil,
tel que n'en connaît pas le Mont VaUrien, en
face duquel M. Joanniot fut plus heureux que de-
vant sa Gitane. D'une ample moisson do fleurs et
de fruits, nous distinguerons Les Roses jaunes et
Les Grenades de M. Filliard, avant de nous reti-
rer en je'ant un regard sur la grisâtre Tamise de
M. Henri Jourdain et sur Les Rencontres de M.
de Brèot de M. Maurice Ray, qui n'apporte pas à
son travail d'érudit autant de distinction libertine
que l'auteur dont il illustre l'ouvrage.

IMPOSITION DE PEINTURE, SCULPTURE
ET ARTS PRÉCIEUX

(Automobile-Club de France)



On su méprendrait en croyant que I'Automobile-
Club, né d'un besoin tout moderne, n'accueille à
son exposition annuelle que des œuvres d'art où
» l'esprit nouveau » se fait jour. Il semble, au
contraire, rendre hommage à des mœurs patriar-
cales que détrônent à mesure celles qu'il repré-
sente. Ni les portraits de M. 1< riant, ni les sujets
de M. Edouard Zier, ni les rêveries de M. Henri
Foreau n'illustrent en effet nos modifications mo-
rales, et les natures mortes de M. Kroyder procè-
dent en droilo ligne de l'ancien régime. M. Danger
songe à Prud'hon, de même que M. Zwil'ei'. Nulle
soif d'inédit ne haute M. Maillart, de qui les Bords
île l'Oise sont préférables aux ligims, figées par
un dessin scolaire Les intimités uniformes de
M. Lecomte, les griffonnages de M. Guillemet, le
Plateau de Lardenne de M. Delacroix, la Salle
du Sénat de M. Laugée n'apportent ici aucun élé-
ment subversif, et l'éblouissante Balise de M. Ga-
gliardini est, en tant qu'audace, dépassée depuis
aussi longtemps que les riantes études de M. Bour-
gonnicr. A la sculpture la Diane surprise de
M. Gréber, supérieure, par l'aimable mouvement
dorsal, au Coureur antique du même artiste, l'égale
en misonéisme, et les marbres froidement polis,
fièrement corrects de M. Gardet sont respectueux
des conventions académiques. Détournons-nous des
pesantes montures d'argent de M. Aucoc en exa-
minant enfin les pâtes de verre de M. Dammousect
l'amusante vitrine de M. Vever.

EXPOSITION VUILLARD

(Galerie Bernheim)
C'est une rude entreprise que de rompre avec
ses habitudes et, quand ces habitudes vous ont
assuré le succès, on donne un édifiant exemple en
cherchant à se soustraire à leur empire. Ainsi ro-
vèle-t-on la supériorité de son idéal et le cas que
l'on fait des médiocres avantages où le commun
situe le terme de ses vœux. Pour un artiste de la
trempe de M. Vuillard, les satisfactions intimes
ont seules quelque prix et leur désir excite à un
perfectionnement continu. Ayant atteint en pro-
fondeur toute la perfection dont il s'estime ca-
pable, M. Vuillard convoite à présent l'étendue,
dans son acception représentative et dans son
acception concrète. Il veut s'affranchir en un mot
du compromis tapissier et du japonisme à bout do
rôle et, tout en grandissant son format, aérer son
champ visuel. Voilà qui réclame un immense
effort de la part d'un peintre accoutumé à resser-
rer dans un infime espace la somme de ses inten-
tions Il s'agit de transmuer en formules ce qui
n'était auparavant qu'indications fugitives et, du
jour au lendemain, de se forger une rhétorique.
Doux ouvrages surtout portent ici la marque des
récentes préoccupations de M. Vuillard. Ce sont
le panneau intitulé La Meule et l'intérieur men-
tonné L'Échafaudage au catalogue. L'aboutisse-
ment est plus complet dans ce dernier que dans
la Meule, bien que les murs do l'appartement
n'offrent pas à l'exquise lumière une résis'ance
assez tranchée. D'importante dimension, la Meule
posait le problème d'une manière autrement grave,
aussi ne s'étonnera-t-on pas que la solution don-
née ne soit pas du premier coup entièrement sa-
tisfaisante. L'accord des parties n'étant pas irré-
prochable, après avoir admiri le charme précieux
du détail, la qualité savoureuse des tons, la
vérité sincère de l'observation, l'on constate, en
prenant du recul, que tous les éléments chromali-
ques no se prêtent pas également l'appui mutuel
indispensable à l'équilibre décoratif. Que l'on
compare, à preuve, le ciel à la meule, la jolie
meule à la belle ombre du personnage central.
Mais c'est trop chicaner! Il est si réconfortant
d'avoir affaire à quelqu'un qui ne s'alimente pas
de ce que récoltèrent les autres! M.. Vuillard
est de l'espèce d'artistes qui se raréfie do plus en
plus, à savoir ceux qui ne versent pas dans l'ha-
bileté, ceux à qui le méti r ne fait pas oublier
l'art. Probe et modeste, une série de menus pas-
tels, fournie on petits chefs-d'œuvre, est là pour
enchanter la vue. En face, la rêverie Dans les
champs est un délicieux poème du loisir. Plus
loin, la Pa-tie de dames est empreinte d'un hu-
mour plein de linesse où survivent les charmes
qui signalèrent M. Vuillard à ses débuts. Où que
ce. soit, la perception est d'un colorislc exception-
nel, la mise en œuvre d'un délicat qui joint à
l'honnêteté des sentiments une ironie subfile et
attendrie. Quant à l'exécution, elle est d'un con-
vaincu qui, quoique impressionnable, est préservé
par son caractère contre la mauvaise influence des
approbations complaisantes.

EXPOSITIONS J.-F. BOUCHOR ET GASTON-GÉRARD

(Galerie Saint-Honoré. — Office Artistique) '
La rêverie prend, chez M. J.-F. Bouchor, une
l'orme plutôt évanescente qu'active.. Elle a pour
 
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