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La chronique des arts et de la curiosité — 1908

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Nr. 12 (21 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19765#0117
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ET DE LA

son Buste de M. Pulitzer est saisissante. L'intense '
vie du modelé, l'analyse serrée de l'expression,
l'indication instinctivement choisie des accidents
de vérité qui haussent au type sans dénaturer
l'individu, font do cette œuvre magistrale un
exemple de classicisme bien entendu que ne corro-
bore pas le Sculpteur et sa Musc. La difficulté
vaincue là, en effet, est trop inulile pour faire
valoir l'exceptionnel des moyens qui s'y sont em-
ployés. Moindre en est lo regret que ncus éprou-
vons à quitter le sommet où nous sommes pour
regagner lo Chemin de la Vie, dont M. Lagare
cueille les roses et que parcourent, à son appel, on
balançant une corbeille de fruits, deux jeunes
personnes égrillardes et replètes. Sans doute attein-
dront-elles la Terre promise que M. Lucien Schncgg
représente avec plus de sérieux et où il se montre
plus à son avantage que dans son Aphrodite.
M. Gaston Schnegg, de son côté, se montre moins
virtuose que M. Troubetzkoï, dont la désinvolture
convint mieux à un Lévrier qu'aux figures humai- .
nés sur lesquelles l'œil aimerait à pouvoir se poser
sans être cinglé d'importance.

Mais ne nous attardons pas à des manifestations
de peu de vertu nutritive, quand M. Lobro est là
pour nous initier aux prenants mystères du
silence. Entrons avec lui dans la Cathédrale de
Chartres. L'incandescente joaillerie d'une rosace
nous éblouit d'abord. Puis les replis de l'ombre, que
sculpte une lumière mystique, se découvrent peu
à peu. M. Monet nous a décrit les dehors héroï-
ques du génie médiéval. M. Lobre nous en expli-
que le recueillement farouche, la béatitude concen-
trée. Il apporte à cette tâche la même ardente et
persuasive sympathie, la môme pieuse et persévé-
rante attention qui fit sienne l'atmosphère versail-
laise, ici représentée par Le Buste, délicatement
posé sur une console dont la menuiserie dorée fré-
mit comme un blond visage.

La subtilité de M. Lobre manque à M. Prinet,
autre « intimiste », que la verve plutôt préoccupe.
Il y parvient, d'aillcirs, mais dans des paysages
trop crayeux auxquels lo Salon ronge nous parait
supérieur. Une bonhomie bourgeoise y règne que
nous ne retrouvons pas dans les intérieurs de
M. Gaston La Touche, habités do piquants madri-
gaux où l'artiste déploie, des qualités d'imagination
assez étranges. En tant que fêtes galantes, nous
préférons à ceux-ci les envois do M. Albert Bcs-
nard, baignés do l'élégant éclairage coutumior du
plus fastueux do nos peintres. M. Besnard expose,
en outre, un portrait bien campé de M. X., encore
à l'état do grisaille qui attend le vêtement magique.

Non loin de là songent, alanguios, les figures do
M. Aman-Jean. Leur charme étiolé nous séduirait
moins passagèrement si l'écriture en était plus so-
lide. Que l'on se reporte, en face, au Portrait de
Ladij S., par M. John Sargent. Voilà des yeux, un
nez, une bouche, bref une physionomie, distante
c'est possible, mais à coup sûr imposée à la mé-
moire par la juste précision des traits. Assuré-
ment, l'habileté prend ici trop de place. La con-
trariante répétition du même motif àla main droite
et à la main gauche est imputable à son influence,
ainsi que le fond malheureux, ce qui n'empêche
qu'elle sait obéir à do plus hautes facultés. Pareil-
lement chez M. Jacques Blanche, chantre des
soieries, des porcelaines ou dos cretonnes que des
intérieurs et des natures mortes signalent tout
particulièrement cotte année. La Housse de Chinz,

CURIOSITE 107

d'exécution joliment menée, résume toutes les pro-
priétés distinclives et « distinguées » de l'ensem-
ble. C'est un délicieux petit poème, après lequel il
sied de citer la précieuse Salle à manger et les
Coins de salon, très parlants.

Passons aux bret' nnants que sont MM. Dauchez,
Cottet et Simon. La Bretagne l'incite si peu au
chromatisme, que M. Dauchez doit être tenu pour
un lithographe. Le lointain du Pays de Penmarch
nous semble nreux senti que l'Entrée du port, où
la mer ressemble trop, si l'on ose ainsi parler, à
une plaque de fer-blanc. M. Cottet a fortement
dégagé lo style austère de la coiffe do sa Vieille
femme de l'île de Sein. Il demeure fidèle, clans les
mélancoliques Barques au couchant, à ces pre-
miers succès que ne nous avaient pas fait oublier
ses marines olivâtres, dont son Paysage marin
aspire à se libérer, non sans résultat. La Récolte
des pommes de terre est une des meilleures toiles
que M. Lucien Simon nous ait présenté depuis un
certain temps. Sa peinture, avec un minimum de
polychromie, possède une plénitude que ni les
Tulipes, ni les Courses de Pont-V Abbé n'appro-
chent. Seule une maison blanche, au centre de la
composition, est ingrate pour le regard en déser-
tant l'authenticité générale.

Los blancs sont plus rares, plus vibrants chez
M. Ulmann, que sa noble et douce nature incline
exagérément à la contemplation désarmée. La
rèvtrie est une occupation dissolvante : M. Le
Sidaner le démontre, et lo poison whistlérien met
en danger l'avenir de M. Morrice, de qui le
Paysage aux volumes égaux et cotonneux nous a
déconcerté. M. Henri Martin, également pensif,
ne donne au sentimentalisme qu'une part de soi,
bien suffisante. Pour cette raison, et surtout parce
qu'il ne voit que par les masses, le petit format
est plutôt préjudiciable à son tempérament do
décorateur. Les charmantes Tuileries de M. de la
Gandara s'accommodent à merveille, par contre,
do l'étroitcsso du cadre et nous les goûtons plus
que ses Études pointues. Quant au Portrait de
il/11" de Hornant, il est amusant par son artifice
où de l'italianisme se mêle d'anglo-saxon à la
Mengs. Mentionnons pour finir, et comme nous
ayant intrigué plutôt par la facture que par l'art
émotif, le Cervin de M. René Ménard et les
Natures mortes de M. Zakarian.

EXPOSITIONS
ALEXIS DE HANZEN ET MAURICE HILLECAMP

(Galerie des Artistes modernes)

Un axe dramatique est le pivot de la plupart des
ouvrages de M. de Hanzen. La mer est le thème
favori qu'il développe avec une complaisance où
son affection se révèle. « Je te hais, Océan, tes
bonds et tes tumultes, mon esprit les retrouve en
toi », disait Baudelaire. Où Baudelaire voyait des
motifs de haine, M. de Hanzen trouve des raisons
d'amitié. Ses atavismes Scandinaves et ses habi-
tudes d'esprit russes le portent à considérer l'équi-
libre météorologique comme une accalmie entre
deux tempêtes, en sorte que la mer est le plus
fidèle miroir du lyrisme exalté de son âme. Aussi
l'étudio-t-il d'une manière passionnément soigneuse
et la restitue-t-il en de multiples pages. M. de
Hanzen gagnerait, ce nous semble, à bannir de sa
palette certains tons trop boueux qui l'alourdis-
sent et l'allèrent. 11 est aisé de s'en rendre compte
 
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