ET DE LA
abattant les cloisons modernes, permettront
de la rétablir, dans ses grandes lignes, telle
qu'elle fut du temps de Rembrandt. L'idée de
la commission — idée à laquelle on ne sau-
rait qu'applaudir — est de compléter ces
aménagements et d'organiser dans la maison
une exposition permanente des plus belles
eaux-fortes du maître; on y joindrait des
dessins, des autographes, des documents et
des livres sur Rembrandt et son époque. La
commission fait appel, pour la réalisation de
ce plan, au concours de tous les amis de l'art.
*** Le Musée instrumental du Conserva-
toire de Bruxelles vient d'acquérir une re-
marquable collection, qui porte à prèsde trois
mille le nombre des pièces réunies. Il s'agit
de la collection formée par feu César Snocck,
de Gand, composée d'instruments fabriqués
dans les anciennes provinces belges. Grâce à
la libéralité de M. Louis Cavens, annonce le
Guide Musical, 'le Conservatoire bruxellois
possède désormais 437 pièces d'époques di-
verses, représentant toutes les branches de
la facture instrumentale, clavecins et orgues,
lutherie, instruments à vent, voire des tam-
bours et des sonnailles. La partie la plus ri-
che consiste dans la collection de violons,
d'altos et de violoncelles où se révèlent des
luthiers peu connus : Willems, de Gand;
de Comble, de Tournai; Borbon, Bous su et
Snocck, de Bruxelles; Hofman, d'Anvers.
Les clavecins rassemblent les noms les plus
connus de l'ancienne facture hollandaise :
Ruckers, Grauwels, Britsen, Delin. C'est un
inappréciable service rendu à l'archéologie
musicale que d'avoir empêché l'émigration
ou la dispersion de pièces aussi précieuses.
PETITES EXPOSITIONS
EXPOSITION CHARLES LACOSTE
(Galerie Blot)
Depuis plusieurs années, l'art de M. Ch. Lacoste
est apprécié par les délicats. Cet artiste, compa-
triote du poète Francis Jammes, compose avec un
goût subtil de petits paysages provinciaux. Son
métier est précieux tout en restant fort simple.
Point do tapage dans la couleur ; une agréable
buée enveloppe les champs, les rues et les jardins,
dont il fixe les aspects avec une mesure toute sen-
timentale. Chaque paysage de M. Lacoste est un
petit poème silencieux et tendre; il sait faire rêver.
EXPOSITION TOULOUSE-LAUTREC
(Galerie Bernheim)
C'est déjà de l'histoire. Toulouse-Lautrec assista
à la naissance et à la vogue rapide dos music-halls,
des cafés-concerts et des beuglants. C'est le portrai-
tiste vigoureux et fidèle do Boule-de Suit et de la
Goulue. Les vingt-trois toiles exposées à la galerie
Bernheim inspirent une sécurité déjà «muséenne».
Et assurément Baudelaire l'eùt-il nommé « le peintre
de la vie moderne », de préférence à Constantin
Guys, qui n'avait certes pas cette violence contenue
si expressive et qui imprègne la mémoire.
CURIOSITÉ 335
EXPOSITION
DES ARTISTES RUSSES RÉSIDANT A PARIS
(Galerie des Artistes modernes)
Ce groupe est fort hétérogène. On se croirait, ici,
dans une de ces salles, plus pittoresques que sé-
duisantes, où les peintres indépendants accrochent
leurs œuvres aux Serres du Cours-la-Reine chaque
année, au printemps. C'est à la fois sauvage et
bourgeois, mais jamais original. Voici M. Zak,
dont l'art est tout ensemble volontaire et facile;
voici le terrible M. Louchnikoff, laborieux et exas-
péré ; M. Petroff-Wodkine, qui est la « doublure »
de M. Bonnard ou de M. Manzana-Pisarro. Seul,
M. Tarkhoff semble avoir dos qualités personnelles..
Il peint avec vivacité de nombreuses pochades très
lumineuses où tout est à sa place malgré l'agitation
serpentine du pinceau.
EXPOSITION K.-X. ROUSSEL •
(Galerie Druet)
Avec MM. Bonnard, Vuillard et Vallottcn,
M. Roussel fait partie d'un petit groupe solide et
quia fait ses preuves. Chacun de ces messieurs a
de nombreux élèves, imitateurs rusés et passion-
nés. Le succès persévérant et la petite gloire de
M. K.-X. Roussel sont des faits bien significatifs,
car, s'il est vrai de diie que cet artiste a des dons
délicieux, il ne l'est pas moins d'ajouter que ces
dons ne s'expriment jamais qu'en pochades et es-
quisses légères, qui no cessent pas de n'être que
cela, même lorsque M. Roussel nomme ses œuvres
des tableaux.
On a évoqué avec candeur, à propos de ce
peintre, Poussin et Corot ; ce sont là de bien dan-
gereux hommages et qui ont vite fait d'écraser
les gracieux croquis de cet homme de goût. On
peut craindre qu'il ne reste rien de ces agréables
ouvrages, encore qu'ils soient l'œuvre d'un des
artistes les plus raffinés de notre temps.
EXPOSITION G. D'ESPAGNAT
(Galerie Durand-Rucl)
M. G. d'Espagnat ne s'exprime pas, comme
M. Roussel, sur de petites feuilles de papier gris.
M. d'Espagnat est un décorateur, et son ambition,
si l'on en croit ses œuvres récentes, est de rénover
l'art de la tapisserie. Daus un temps où la plupart
des artistes sont si vite satisfaits par la moindre
impression qu'ils fixent, il faut peut-être avoir de
l'indulgence pour les rares peintres qui poursui-
vent un but plus malaisé et qui sont attirés par ce
que l'on nommait autrefois le « grand art ». La
vraie raison d'être de la peinture est dans ces
grandes décorations qui embellissaient jadis les
palais et les églises et qui enlaidissent si souvent
aujourd'hui nos mairies et nos Universités.
M. d'Espagnat est fort capable d'orner avec bon-
heur un de ces lieux publics. Il a de la gaieté, et
son talent n'est pas timide. Peut-être est-il plus
heureux lorsqu'il s'attache aux paysages et aux na-
tures mortes que lorsqu'il traite les figures, où ij
montre parfois un peu de vulgarité ou de mollesse.
Mais, traduites en laines nuancées, ces scènes
agrestes et familières perdraient sans doute de leur
nonchalance linéaire, et, par leur sujet comme par
leur inspiration, elles sauraient détourner les
cœurs de la mélancolie.
Jean-Louis VAurjOYER.
abattant les cloisons modernes, permettront
de la rétablir, dans ses grandes lignes, telle
qu'elle fut du temps de Rembrandt. L'idée de
la commission — idée à laquelle on ne sau-
rait qu'applaudir — est de compléter ces
aménagements et d'organiser dans la maison
une exposition permanente des plus belles
eaux-fortes du maître; on y joindrait des
dessins, des autographes, des documents et
des livres sur Rembrandt et son époque. La
commission fait appel, pour la réalisation de
ce plan, au concours de tous les amis de l'art.
*** Le Musée instrumental du Conserva-
toire de Bruxelles vient d'acquérir une re-
marquable collection, qui porte à prèsde trois
mille le nombre des pièces réunies. Il s'agit
de la collection formée par feu César Snocck,
de Gand, composée d'instruments fabriqués
dans les anciennes provinces belges. Grâce à
la libéralité de M. Louis Cavens, annonce le
Guide Musical, 'le Conservatoire bruxellois
possède désormais 437 pièces d'époques di-
verses, représentant toutes les branches de
la facture instrumentale, clavecins et orgues,
lutherie, instruments à vent, voire des tam-
bours et des sonnailles. La partie la plus ri-
che consiste dans la collection de violons,
d'altos et de violoncelles où se révèlent des
luthiers peu connus : Willems, de Gand;
de Comble, de Tournai; Borbon, Bous su et
Snocck, de Bruxelles; Hofman, d'Anvers.
Les clavecins rassemblent les noms les plus
connus de l'ancienne facture hollandaise :
Ruckers, Grauwels, Britsen, Delin. C'est un
inappréciable service rendu à l'archéologie
musicale que d'avoir empêché l'émigration
ou la dispersion de pièces aussi précieuses.
PETITES EXPOSITIONS
EXPOSITION CHARLES LACOSTE
(Galerie Blot)
Depuis plusieurs années, l'art de M. Ch. Lacoste
est apprécié par les délicats. Cet artiste, compa-
triote du poète Francis Jammes, compose avec un
goût subtil de petits paysages provinciaux. Son
métier est précieux tout en restant fort simple.
Point do tapage dans la couleur ; une agréable
buée enveloppe les champs, les rues et les jardins,
dont il fixe les aspects avec une mesure toute sen-
timentale. Chaque paysage de M. Lacoste est un
petit poème silencieux et tendre; il sait faire rêver.
EXPOSITION TOULOUSE-LAUTREC
(Galerie Bernheim)
C'est déjà de l'histoire. Toulouse-Lautrec assista
à la naissance et à la vogue rapide dos music-halls,
des cafés-concerts et des beuglants. C'est le portrai-
tiste vigoureux et fidèle do Boule-de Suit et de la
Goulue. Les vingt-trois toiles exposées à la galerie
Bernheim inspirent une sécurité déjà «muséenne».
Et assurément Baudelaire l'eùt-il nommé « le peintre
de la vie moderne », de préférence à Constantin
Guys, qui n'avait certes pas cette violence contenue
si expressive et qui imprègne la mémoire.
CURIOSITÉ 335
EXPOSITION
DES ARTISTES RUSSES RÉSIDANT A PARIS
(Galerie des Artistes modernes)
Ce groupe est fort hétérogène. On se croirait, ici,
dans une de ces salles, plus pittoresques que sé-
duisantes, où les peintres indépendants accrochent
leurs œuvres aux Serres du Cours-la-Reine chaque
année, au printemps. C'est à la fois sauvage et
bourgeois, mais jamais original. Voici M. Zak,
dont l'art est tout ensemble volontaire et facile;
voici le terrible M. Louchnikoff, laborieux et exas-
péré ; M. Petroff-Wodkine, qui est la « doublure »
de M. Bonnard ou de M. Manzana-Pisarro. Seul,
M. Tarkhoff semble avoir dos qualités personnelles..
Il peint avec vivacité de nombreuses pochades très
lumineuses où tout est à sa place malgré l'agitation
serpentine du pinceau.
EXPOSITION K.-X. ROUSSEL •
(Galerie Druet)
Avec MM. Bonnard, Vuillard et Vallottcn,
M. Roussel fait partie d'un petit groupe solide et
quia fait ses preuves. Chacun de ces messieurs a
de nombreux élèves, imitateurs rusés et passion-
nés. Le succès persévérant et la petite gloire de
M. K.-X. Roussel sont des faits bien significatifs,
car, s'il est vrai de diie que cet artiste a des dons
délicieux, il ne l'est pas moins d'ajouter que ces
dons ne s'expriment jamais qu'en pochades et es-
quisses légères, qui no cessent pas de n'être que
cela, même lorsque M. Roussel nomme ses œuvres
des tableaux.
On a évoqué avec candeur, à propos de ce
peintre, Poussin et Corot ; ce sont là de bien dan-
gereux hommages et qui ont vite fait d'écraser
les gracieux croquis de cet homme de goût. On
peut craindre qu'il ne reste rien de ces agréables
ouvrages, encore qu'ils soient l'œuvre d'un des
artistes les plus raffinés de notre temps.
EXPOSITION G. D'ESPAGNAT
(Galerie Durand-Rucl)
M. G. d'Espagnat ne s'exprime pas, comme
M. Roussel, sur de petites feuilles de papier gris.
M. d'Espagnat est un décorateur, et son ambition,
si l'on en croit ses œuvres récentes, est de rénover
l'art de la tapisserie. Daus un temps où la plupart
des artistes sont si vite satisfaits par la moindre
impression qu'ils fixent, il faut peut-être avoir de
l'indulgence pour les rares peintres qui poursui-
vent un but plus malaisé et qui sont attirés par ce
que l'on nommait autrefois le « grand art ». La
vraie raison d'être de la peinture est dans ces
grandes décorations qui embellissaient jadis les
palais et les églises et qui enlaidissent si souvent
aujourd'hui nos mairies et nos Universités.
M. d'Espagnat est fort capable d'orner avec bon-
heur un de ces lieux publics. Il a de la gaieté, et
son talent n'est pas timide. Peut-être est-il plus
heureux lorsqu'il s'attache aux paysages et aux na-
tures mortes que lorsqu'il traite les figures, où ij
montre parfois un peu de vulgarité ou de mollesse.
Mais, traduites en laines nuancées, ces scènes
agrestes et familières perdraient sans doute de leur
nonchalance linéaire, et, par leur sujet comme par
leur inspiration, elles sauraient détourner les
cœurs de la mélancolie.
Jean-Louis VAurjOYER.